Rencontre avec Cézaire, boss du label Roche Musique : “On évolue vers la scène”
Alors que Roche Musique fêtera ses dix ans l’année prochaine, Inside The Wave est déjà parti à la rencontre de Cézaire et toute sa clique en les réunissant dans 90 minutes de rêves à réaliser, d’artistes à lancer, d’amitiés sincères et surtout...
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Alors que Roche Musique fêtera ses dix ans l’année prochaine, Inside The Wave est déjà parti à la rencontre de Cézaire et toute sa clique en les réunissant dans 90 minutes de rêves à réaliser, d’artistes à lancer, d’amitiés sincères et surtout de grosses teufs et de créations électroniques. Le film est disponible gratuitement sur YouTube. Et pour parfaire la (re)découverte de Roche, nous avons appelé son boss pour discuter anniversaire, French Touch, culture club et projets en cours.
Comment se porte le label en ces temps de pandémie ?
Cezaire : Ça va, ça va. Il y a des hauts et des bas. On approche des dix ans donc on entame un nouvelle histoire. Le documentaire permet de voir le chemin parcouru. Et on a bien envie de continuer !
Qu’as-tu ressenti en regardant Inside The Wave, le documentaire qui retrace toute l’histoire de Roche ?
C’est… bizarre. Depuis neuf ans, on est dans une évolution constante donc on ne regarde pas en arrière. C’est ce documentaire qui nous fait réaliser plein de choses : ce qu’on a pu faire, où on est allé, les gens qui nous suivent, qui aiment le label, et même ceux que l’on a influencés.
Ce documentaire, c’est un rêve réalisé. Tu tombes un peu de haut parce qu’il montre le chemin parcouru pour arriver à ce rêve et, une fois réalisé, il faut que tu en crées des nouveaux. C’est assez dur sur le moment. Mais ce qui est bien avec le documentaire, c’est que tu vois concrètement pourquoi tu as travaillé. Donc ça te motive à aller encore plus loin.
C’est un peu un moyen de faire un bilan et de relancer la machine. D’ailleurs, pourrais-tu revenir sur la création de Roche Musique ?
Au lycée, j’avais un blog de musique. Avec ces gars-là, on a monté un label qui s’appelait BAF Musique. Et je me suis vu vivre de ça. On était une dizaine, mais comme on était tous étudiant, ça n’a pas duré longtemps. En 2012, j’ai créé Roche Musique. Un peu à l’arrache parce que je ne savais pas monter une boîte. Il fallait que j’ai minimum de quoi payer mon loyer et manger. Le reste, on verrait.
Parle-nous un peu des artistes qui ont rejoint le label dès ses débuts.
J’ai rencontré Kartell à Tours. Comme moi, il s’ennuyait complètement dans cette ville et il voulait faire des trucs dans la musique comme mixer en soirée. On avait vraiment les mêmes envies. Ensuite, il y a eu d’autres signatures comme FKJ – qui était dans mon lycée, d’ailleurs. Ça a tout de suite collé. On était donc trois à faire du son, à vouloir aller plus loin et voyager. Et là, ça a pris. Tournée en Asie avec FKJ, tournée au Mexique avec Kartell.
Peu à peu, les artistes nous ont rejoints. Darius, Zimmer, Dabeull, Crayon, Duñe. Ce sont des gens que j’ai rencontré sur notre trajet. Je ne suis pas allé les chercher très loin et je n’ai pas cherché à créer un truc trop différent de ce que je vivais.
A l’époque, vous étiez un peu considérés comme la relève de la French Touch. Est-ce ainsi que tu percevais le label ?
Au début, on n’y pensait pas. Mais on était influencé à fond par la French Touch ! Quand j’étais gamin, j’écoutais les compils de St Germain et Daft Punk. Je matais tous les clips à la télé, comme Stardust ou The Supermen Lovers. Quand on a lancé le label, on était dans une période de revival de la French House donc on était carrément dans cette mouvance.
Au Social Club, on a eu l’opportunité de jouer avec DJ Falcon et Alan Braxe. Plus tard, on s’est retrouvé à Hong Kong dans une soirée avec Sébastien Tellier et Kavinsky. Les gens nous mélangeaient avec eux. Un jour, un média a parlé de nous en disant qu’on était la French Touch 3.0 et ça fait sens. On l’a un peu cherché, faut pas se mentir !
>> A lire aussi : Label à suivre : Roche Musique, la relève de la French Touch ?
En neuf ans d’existence, comment a évolué Roche musicalement ?
On a commencé par la “house filtrée”. C’est ce qui nous a permis d’apprendre la musique. Le sampling, c’est une bonne école, car tu as tout de suite une idée des instruments et des suites d’accords que tu cherches. Tu as tout à portée de main et tu l’agences pour obtenir ce que tu souhaites.
Mais comme on bossait avec FKJ, qui est musicien, on a vu tous ses instruments et on s’est motivé à devenir nous aussi musiciens, en faisant nos propres synthés par exemple. Maintenant, chacun a sa patte. Tu écoutes Zimmer ou Dabeull, ça n’a rien à voir.
Justement, Roche s’ouvre sur différents horizons musicaux. Dabeull débraille sa funk ensoleillée tandis que Katuchat concocte un univers intimiste ou que Kartell déballe une house plus chill. Tu as donné une chance à de nombreux projets émergents. C’est ce qui fait la force du label selon toi ?
Ça paraissait logique de commencer par des artistes en devenir. On a tout appris sur le tas, petit à petit. On a évolué ensemble. Donc oui, les artistes émergents, c’est la base du label. Aujourd’hui, c’est plus compliqué de prendre des artistes qui n’ont pas de background parce qu’il faut tout leur apprendre de A à Z alors que nous, on a déjà engrangé huit ans de travail. C’est ce que montre Inside The Wave. Il faut de la patience.
Dans le documentaire, tu affirmes qu’en France, peu de labels laissent les jeunes artistes s’exprimer selon leurs propres envies. Est-ce l’une des raisons pour lesquelles tu as créé Roche ?
On avait surtout envie de faire confiance aux gens et de leur faire savoir qu’ils pouvaient être bons. Je pense qu’il faut donner les moyens à l’artiste d’aller là où il veut. Tu veux monter ? On te donne l’échelle. C’est plus intéressant que de faire rentrer les artistes dans un moule qui ne leur correspond pas. Là, ils créent un style à eux, que personne ne peut copier et qui leur permet de perdurer.
Roche compte désormais quelques artistes étrangers comme votre dernière recrue, la Coréenne Didi Han. Qu’apporte cette ouverture à l’international au label ?
Le 1er, c’était Karma Kid, un Anglais qui devait avoir 15 ou 16 ans à l’époque. Il était tout jeune ! Et très bon. Grâce à lui, on a commencé à bosser avec des attaché·es de presse britanniques et à mettre l’accent sur un travail international. Ont donc suivi la Polonaise Chloé Martini, les Hollandais de Wantigga et Maydien, et récemment Didi Han. On a une accroche forte avec Séoul où on joue régulièrement.
Ces artistes internationaux nous ont ouvert les portes sur des scènes incroyables. Londres et Amsterdam pour la musique électronique et les nouvelles mouvances, je trouve que ce sont les meilleurs endroits. Je voulais m’y connecter et apprendre d’autres façons de travailler. En plus, quand tu voyages, tu vois les artistes, tu les invites en France. C’est un peu la classe verte, quoi !
Comment êtes-vous parvenus à obtenir “le son Roche”, cette signature, avec un bouillonnement d’artistes aussi divers ?
Je pense que c’était le fait d’être tout le temps ensemble. A l’époque, à Paris, il y avait peu de clubs. Je me rappelle surtout du Wanderlust, du Social Club, du Dandy. C’était un peu la pénurie ! Mais les scènes étaient très rapprochées. On se connaissait tous et on écoutait la même musique. On s’influençait beaucoup. Aujourd’hui, il y a moins cette communauté. Il reste un petit fond mais les artistes ont trouvé leur style, leur équipe de musiciens donc je trouve qu’on a un peu perdu ce côté ingénue.
Dans Inside The Wave, on vous voit jouer dans des clubs. Puis, vous partez en tournée à travers des salles de concerts et des festivals jusqu’au fameux Coachella aux Etats-Unis. As-tu la sensation d’être passé du club à la scène ?
Carrément. J’affectionne particulièrement les clubs, je m’y sens bien. Mieux que sur la scène, qui est moins intimiste. T’es en hauteur, sur une estrade, alors qu’en club t’es dans la foule et tu fais partie de la danse. Mais avec Roche on évolue vers la scène. Même en studio, on s’entoure davantage de musiciens. La scène commence à arriver avec notre âge, nos ambitions. C’est un renouveau.
Cette culture du club, tu l’as découverte en arrivant à Paris ?
Ouais, Paris c’est n’importe quoi. Quand je suis arrivé, vers 2009 ou 2010, c’était un peu mort. Il y avait même une pétition qui disait “Pour que la nuit ne meurt pas à Paris”, c’est pour dire ! Puis, ça a explosé. Un regain d’énergie dans la nuit. Tu débarques de province et c’est la teuf. Le monde de la nuit devient un mode de vie. C’était fou ! La fête a façonné l’esprit du label.
La musique de club nous a fortement influencés. Kartell et moi écoutons beaucoup de sons venus d’Angleterre, de la house de Chicago et même la Baile funk du Brésil. Ce sont des musiques que tu n’entends ni en concert, ni à la radio. Seulement en club.
Comment vois-tu l’avenir de Roche ?
On vient de signer Didi Han et Wayne Snow donc il y a un renouveau parmi les artistes qui nous entourent. On a monté sourceradio, une radio en ligne qui cartonne et nous permet de toucher plus d’artistes et un public plus large. On a aussi créé Mineral Records, un sous-label lo-fi, house et jazzy. Et il y a toujours cette envie de rester dans le monde de la nuit donc on va continuer les dates et les tournées. Dernièrement, on se voyait bien monter des studios en province. Pas trop loin de Paris, pour inviter des artistes durant une semaine. Ça serait chant-mé !
Propos recueillis par Juliette Poulain