Rencontre en 2001 avec Daft Punk pour “Discovery” : “Un retour à l’enfance”

Vous avez terminé votre deuxième album après des années de chantier. Etes-vous soulagés d’avoir vaincu l’épreuve ou anxieux d’être désormais incapables de retoucher Discovery ? Thomas Bangalter – Toute la pression que nous avons ressentie en...

Rencontre en 2001 avec Daft Punk pour “Discovery” : “Un retour à l’enfance”

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Vous avez terminé votre deuxième album après des années de chantier. Etes-vous soulagés d’avoir vaincu l’épreuve ou anxieux d’être désormais incapables de retoucher Discovery ?

Thomas Bangalter – Toute la pression que nous avons ressentie en faisant ce disque ne venait que de deux personnes : nous. C’est nous qui avions fixé les règles, les exigences. C’est pour ça que cet album a pris du temps et que nous sommes forcément satisfaits et heureux de l’avoir fini.

Y a-t-il des choses que vous aimeriez déjà corriger sur Homework ?

Thomas – Je n’ai jamais considéré que les choses devaient être parfaites, ça ne serait pas humain : c’est vrai que nous avons passé beaucoup de temps sur Discovery et que peu de choses ont été laissées au hasard. Mais Homework a été fait dans un contexte totalement différent, notre état d’esprit n’était pas le même – ce qui ne veut pas dire qu’il est contradictoire avec celui qui nous anime aujourd’hui. Discovery s’est fait un peu en réaction au premier, à l’importance que ce disque avait fini par prendre, à la peur de faire la même chose, à l’envie de continuer d’avancer.

On a commencé la musique en jouant du rock, en écoutant passionnément cette musique. Et, à 17 ans, on a découvert les clubs, les raves, la musique électronique, on a immédiatement été séduits par l’ouverture d’esprit des gens par rapport au système un peu rigide né de trente années de domination du rock. Cette volonté d’innover, d’expérimenter, de changer les règles de l’industrie nous a séduits et a conditionné le premier album. Et avec ce disque, nous avons réussi à nous faire accepter par le grand public, à travailler avec une multinationale : c’était inimaginable à une période où existait encore une différence entre underground et musiques populaires.

Aujourd’hui, il n’y a plus d’underground, la musique électronique est partout et il ne faudrait pas que l’ensemble des règles rigides détruites par cette génération devienne à son tour une norme. Le danger, c’est de perdre cette ouverture d’esprit, de voir le retour des puristes, de gens qui assènent : “Voilà, la musique électronique, on la fait comme ça.” Il faut être vigilant, ne pas laisser la musique électronique devenir en cinq ans ce que le rock était devenu en trente ans.

Ce qui sidère sur Discovery, c’est à la fois l’abondance des idées et la simplicité de leur traitement.

Thomas – Ce disque-là n’aurait jamais pu être fait sans l’héritage de la house, sans tout ce que cette musique nous a apporté en termes de production, de démarche de création – le home studio, principalement. Dans une structure normale d’enregistrement, dans un vrai studio, ce disque n’aurait jamais vu le jour – à moins d’avoir un budget gigantesque, avec un studio à disposition pendant trois ans. Ce qui est intéressant avec le home studio, c’est l’abolition du facteur temps – on n’est pas obligés d’avoir fini en deux mois – et en même temps, la présence très forte de limites, surtout matérielles.

“L’avantage de travailler à la maison, c’est qu’il n’y a personne pour te dire : 'Tu es dans le rouge, il faut recommencer'.” Thomas

Il n’y a pas de deadline, mais des frontières : on prend donc le temps, mais dans un certain cadre. Dans un grand studio, on n’aurait sans doute jamais achevé ce disque, on se serait perdus dans la technologie. Les machines avec lesquelles nous travaillons ne limitent pas l’imagination mais la maniaquerie.

Et puis, l’avantage de travailler à la maison, c’est qu’il n’y a personne pour te dire : “Tu es dans le rouge, il faut recommencer.” Nous pouvons être totalement hors des normes professionnelles. Pour nous, un morceau parfait l’est dans les limites de ce qu’on est capables de faire, il faut que ça reste humain, avec des fautes, des erreurs. Dès qu’il y a un peu d’émotion, 1 % de magie, ça suffit.