Restaurants clandestins: Brice Hortefeux explique à Mediapart son expérience chez Leroy
POLITIQUE - Un ancien ministre de l’Intérieur, aujourd’hui eurodéputé, qui s’affranchit (à son insu) des règles sanitaires en vigueur, c’est possible. C’est en tout cas de cette façon que Brice Hortefeux a justifié ce samedi 10 avril auprès...
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POLITIQUE - Un ancien ministre de l’Intérieur, aujourd’hui eurodéputé, qui s’affranchit (à son insu) des règles sanitaires en vigueur, c’est possible. C’est en tout cas de cette façon que Brice Hortefeux a justifié ce samedi 10 avril auprès de Mediapart sa présence à la table du chef Christophe Leroy à la fin du mois de mars. Le site d’investigation s’est effectivement penché sur le phénomène qui a agité le monde politico-médiatique tout au long de la semaine: les restaurants clandestins.
Durant cette enquête, le journal en ligne a pu établir que Brice Hortefeux avait déjeuné le 30 mars “dans un appartement reconverti en restaurant clandestin” en compagnie de l’éditorialiste politique Alain Duhamel. Un déjeuner de travail initialement prévu au siège des Républicains qu’aucun des deux ne conteste, et sur lequel ils reviennent en détail pour souligner comment ils se sont retrouvés dans cette situation, dont le journaliste est ressorti “troublé”.
Brice Hortefeux, ex-ministre de l’intérieur, a déjeuné fin mars avec l’éditorialiste Alain Duhamel dans un appartement reconverti en restaurant clandestin par le chef Leroy, placé en garde à vue dans l’affaire du palais Vivienne avec Pierre-Jean Chalençon https://t.co/7A6leASFYU
— David Perrotin (@davidperrotin) April 10, 2021
L’ami intime de Nicolas Sarkozy explique que l’une de ses connaissances lui a glissé au cours d’une conversation qu’il était membre d’un club, et qu’à ce titre, il pouvait lui organiser des déjeuners et dîners. Brice Hortefeux affirme avoir interrogé en réponse la légalité de la proposition. “La personne me répond : ‘Oui’. D’ailleurs, pour me montrer que c’est légal, elle me fait passer des documents internet, en précisant que tous les jours, c’est publié sur les réseaux sociaux. Elle m’adresse aussi un article de Ouest-France du 7 mars vantant le truc”, poursuit l’ancien ministre.
“Je me suis excusé auprès d’Alain Duhamel”
Au regard de la description faite par sa connaissance de ces déjeuners auxquels participent “des entreprises” et “des élus”, l’eurodéputé estime alors être “dans les clous”. La veille du rendez-vous, Alain Duhamel est informé du changement de l’adresse. “Je croyais que ce serait soit chez lui, soit chez un de ses amis, et puis je suis monté dans ce truc-là. (...) Et puis je me suis aperçu qu’il y avait des gens qui déjeunaient. On m’a emmené tout de suite dans une petite salle à manger au fond, où nous étions trois”, explique l’éditorialiste.
Brice Hortefeux insiste: “Tout paraissait légal”. La possibilité de payer par carte bancaire et non uniquement en espèces a renforcé cette impression. Alain Duhamel indique de son côté avoir eu une étrange impression en quittant les lieux, au point d’être monté dans le mauvais VTC. Ce ne serait qu’au moment où le reportage de M6 est sorti que l’ancien ministre de l’Intérieur aurait réalisé, prévenu par l’un de ses collaborateurs.
“Cela vous tombe dessus comme un coup de massue. Je ne savais rien et, honnêtement, c’est très pénible. Je ne le vis pas très bien, je me suis excusé auprès d’Alain Duhamel, j’étais très gêné vis-à-vis de lui”, assure Brice Hortefeux, alors que l’éditorialiste a le sentiment d’avoir été “un peu piégé” dans cette histoire. L’ancien ministre de l’Intérieur assure encore que s’il avait su ce qui se tramait, il n’aurait “jamais mis les pieds” dans cet endroit.
Vendredi, Pierre-Jean Chalençon et le cuisinier Christophe Leroy ont été placés en garde à vue, avant d’être libérés en fin de journée. À la suite du reportage diffusé par M6, une enquête a été ouverte par le parquet de Paris pour “mise en danger de la vie d’autrui” et “travail dissimulé”. Alors que la présence de ministres à ces agapes était évoquée dans le reportage, le gouvernement a démenti à plusieurs reprises et le parquet affirme “qu’aucun élément ne permet de mettre au jour la participation d’un membre du gouvernement”.
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