Retour vers le futur : notre playlist de 1991
Outre le mur de bruit blanc érigé par Kevin Shields et jamais surpassé depuis, 1991 a été richissime en terme de production musicale. A titre d’exemple, on retient les 23 et 24 septembre où ont été publiés, le lundi, Screamadelica de Primal...
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Outre le mur de bruit blanc érigé par Kevin Shields et jamais surpassé depuis, 1991 a été richissime en terme de production musicale. A titre d’exemple, on retient les 23 et 24 septembre où ont été publiés, le lundi, Screamadelica de Primal Scream et Trompe le Monde des Pixies et, le lendemain Blood Sugar Sex Magik des Red Hot Chili Peppers, The Low End Theory de A Tribe Called Quest et Nevermind de Nirvana.
De l’émergence d’une certaine scène de Bristol qui se cristallise autour de Massive Attack aux adieux vaporeux de Talk Talk en passant par des groupes de types qui regardent le sol où gisent leurs pédales d’effets (genre Slowdive), le Royaume-Uni n’est pas en reste tandis qu’en France (ou, pour être tout à fait exact, dans un studio new-yorkais) Etienne Daho concocte son magnifique Paris ailleurs. Alors, bienvenue dans notre DeLorean musicale.
NB : La playlist complète est à retrouver à la fin de l’article.
Nirvana – Smells Like Teen Spirit
Smells Like Teen Spirit est pour l’heure le single de l’année mais se présente déjà comme un sérieux candidat pour devenir celui de la décennie. Trente ans plus tard, sa rage et son intensité restent intactes.
Garland Jeffreys – Hail Hail Rock’n’Roll
On l’aura compris juste avant : 1991 sera rock’n’roll même si on la débute tout en douceur avec un hommage laid back aux grands pionniers du genre, tels que Chuck Berry, Little Richard ou Bo Diddley.
Massive Attack – Unfinished Sympathy
1991 est aussi l’année de la 1ère guerre du Golfe, qui oblige le collectif de Bristol à se renommer Massive.
Naughty by Nature – O.P.P.
Naughty by Nature, précurseur du mélange des genres ? Rien n’est moins sûr, mais le fait est que O.P.P. désigne indifféremment “Other people’s penis” ou “Other people’s pussy” sur un sample d’ABC : le b.a-ba…
Public Enemy – Shut’em Down
De ce Shut’em Down déjà bien vénère, on peut se souvenir de la version bootleg avec le Stand Up de The Prodigy par Pony Sixfinger.
N.W.A. – Appetite for Destruction
Cette année-là, les pionniers du gansta rap venus tout droit de Compton ont repris le titre d’un album des Guns N’ Roses sur un deuxième disque qui sera aussi leur dernier.
Cypress – Hill Pigs
Autre véhément du rap californien, Cypress Hill émerge en 1991, transformant les flics en cochons et imposant un son nouveau qui rehausse le hip-hop avec des touches latines.
De La Soul – Ring Ring Ring (Ha Ha Hey)
Sur l’autre côte américaine, celle qui abrite plus précisément Long Island, De La Soul s’offre un carton interplanétaire avec un beau numéro d’équilibriste entre funk et hip-pop.
Red Hot Chili Peppers – Give It Away
Après le succès massif de Mother’s Milk en 1989, ceux qu’on n’appelle plus que les Red Hot s’attachent au sorcier Rick Rubin pour fomenter des morceaux de funk-metal-hip-hop-etc. dont l’emblématique Give It Away.
Mudhoney – Let It Slide
On l’aura compris dès le début de cette playlist, 1991 est l’année où le grunge est rentré dans le mainstream. En témoigne également l’un de ses hymnes les plus électriques, le flamboyant Let It Slide de Mudhoney.
Pearl Jam – Alive
Et un autre classique grunge, l’écorché Alive de Pearl Jam.
Dinosaur Jr. – The Wagon
Comme son nom l’indique, Dinosaur Jr. n’est pas né de la dernière pluie de météorites quand il déboule dans le jeu de quilles grunge avec son album Green Mind qui confirme qu’il avait déjà quelques trains d’avance.
Sebadoh – The Freed Pig
Autre preuve de l’ancienneté de Dinosaur Jr., cette année-là le groupe a déjà perdu un de ses membres majeurs, Lou Barlow, parti fonder Sebadoh qui en est déjà à son troisième album quand il règle ses comptes avec le toujours Dinosaur Jr. J Mascis dans The Freed Pig.
Teenage Fanclub – Star Sign
Bandwagonesque reste l’album le plus populaire de Teenage Fanclub et le single Star Sign, précipité de rock alternatif catchy, permet même aux Ecossais de réussir leur export aux Etats-Unis.
Blur – There’s No Other Way
Avec sa franchise coutumière, Damon Albarn a déclaré que l’affreux (“awful” en VO) 1er album de Blur était l’un des plus mauvais qu’il a enregistré (devançant de peu The Great Escape, toujours selon ses dires).
The Wedding Present – Lovenest
Comme son prédécesseur Bizarro, Seamonsters est produit par Steve Albini pour aboutir à une poignée de chansons asséchées que The Wedding Present innerve d’une énergie renouvelée.
My Bloody Valentine – When You Sleep
La discographie de My Bloody Valentine est aussi courte (trois albums en vingt-cinq ans) que son influence est grande, atteignant des sommets noisy sur leur deuxième LP Loveless qui laissera des traces durables sur vos synapses et acouphènes.
Spacemen 3 – Hypnotized
Dans la catégorie groupe à la production étique (quatre albums entre 1986 et 1991, et puis s’en va) et à l’influence durable, Spacemen 3 se pose aussi en sérieux candidat comme en témoigne cet Hypnotized, extrait du dernier essai réussi du groupe de Rugby, Recurring.
Slowdive – Spanish Air
Dès Just for a Day, Slowdive se voit affublé de la commode étiquette shoegaze (voir les deux groupes précédents) en vogue en ce début de décennie mais qui peine à résumer le spectre musical de ces créateurs d’atmosphères funéraires “à la joydiv”, comme on disait dix ans plus tôt.
Talk Talk – After the Flood
On pensait le chef-d’œuvre Spirit of Eden, publié trois ans auparavant, inégalable. La stupéfaction est d’autant plus grande lorsqu’advient Laughing Stock, faux jumeau sur lequel Mark Hollis tend plus encore à l’épure et ménage des plages de silence inouïes à ses compositions foisonnantes.
Etienne Daho – Les Voyages immobiles
C’est au cours d’un exil estival à New York qu’Etienne Daho peaufine son Paris ailleurs avec une moitié des Valentins (Edith Fambuena) pour une sortie au cœur de l’hiver prolongée par une flopée de singles, dont ces Voyages immobiles témoignent.
Alain Bashung – Madame rêve
En 1991, Alain Bashung rêve d’Amérique, fantasme l’arrière des berlines, reprend certains de ses maîtres (Bob Dylan, Buddy Holly) et nous envoie au septième ciel avec ce Madame rêve lors de nuits dans le satin blanc. Maudits blues…
Jean-Louis Murat – Col de la Croix-Morand
Après avoir atteint les sommets du Top 50 par la grâce d’un duo avec Mylène Farmer (Regrets), Murat revient à ses racines, et donc à l’Auvergne, avec l’album Le Manteau de pluie dont l’ascension est soutenue par ce Col de la Croix-Morand.
Primal Scream – Higher Than the Sun
C’est chargé à bloc et rescapé d’un second Summer of Love, dont le cluster se trouvait à Madchester, que les Ecossais publient le monumental Screamadelica, la veille du Nevermind de Nirvana. Stupéfiant !
Electronic – Get The Message
Getting Away with It d’Electronic, duo constitué d’un Smiths (Johnny Marr) et d’un New Order (Bernard Sumner) associé à la voix des Pet Shop Boys (Neil Tennant) avait agité la fin de l’année 1989. Deux ans plus tard, l’album tient les promesses du single initial.
The Orb – Perpetual Dawn (Solar Youth Mix)
Avec ce mix solaire, The Orb confirme que 1991 n’est pas seulement une année grunge en dubbisant, à l’instar de Massive (momentanément plus Attack), l’electro.
LFO – LFO
La scène électronique britannique est alors toujours vivace et fait encore raver une partie de sa population placée sous X, comme sur ce LFO de LFO qui joue les prolongations du fameux second Summer of Love précédemment mentionné.
808 State (feat. Björk) – Qmart
Après son carton avec Pacific State deux ans plus tôt, les adorateurs de la boîte à rythmes Roland TR-808 reviennent avec Ex:el qui sera leur meilleure vente grâce, entre autres, à ce Qmart à invitée prestigieuse.
Pet Shop Boys – Where the Streets Have No Name (I Can’t Take My Eyes Off You)
Le duo electro-pop mélange du U2 et la vieille scie de Frankie Valli, et donne ainsi naissance au monstrueux supergroupe Pet Shop Boys Town Gang.
Julian Cope – East Easy Rider
Il semble désormais bien loin le temps des Teardrop Explodes que Julian Cope co-fonde en 1978, ce qui n’empêche pas le Liverpuldien de continuer à tracer son (micro)sillon pop-punk avec Peggy’s Suicide.
Slint – Nosferatu Man
Rangés parmi les géniteurs du post-rock, les Américains de Slint jettent leurs derniers feux sur Spiderland, album illustré par une photo prise par un autre originaire de Louisville (Kentucky), un certain Will Oldham.
Melvins – Zodiac
Groupe grunge d’avant le grunge (leur batteur a été brièvement celui de Nirvana, leur 1er bassiste les a quittés pour former Mudhoney), les Melvins comptent parmi les plus grandes influences ce qui est devenu entretemps “la scène de Seattle”.
Therapy? – Metal Abstract
Les Nord-Irlandais de Therapy? annoncent la couleur dès leur 1er mini-album, Babyteeth : des dents de lait qui ne manquent pas de mordant, ce qui leur permett de triompher l’année suivante en tirant sur le fil dentaire grâce à Teethgrinder.
Pixies – The Sad Punk
Et si c’était les Pixies, farouchement en marge de tout mouvement, qui avaient trouvé la meilleure définition de ce qu’est le grunge sur un des nombreux morceaux majeurs de Trompe le Monde : The Sad Punk ?
Hole – Teenage Whore
Nous ne sommes qu’en 1991 et Courtney Love n’est pas encore la Yoko Ono qui va enterrer le grunge. Ici, elle se qualifie plus jeune de “salope adolescente”, mais comme c’est elle qui le hurle, elle sera comptée, à juste titre, parmi la nouvelle génération des riot grrrl.
Queen Lafifah – Nuff’ of the Ruff’ Stuff‘
Il est, en ces temps anciens, un autre monde que celui du rock où il est difficile de s’imposer quand on est femme sauf si on a l’arrogance se proclamer reine et de balancer un flow aussi puissant que véloce.
Salt-N-Pepa – Let’s Talk About Sex
Les femmes du rap s’avancent aussi cette année-là, en trio comme ne l’indique pas leur nom auquel il manque un ingrédient.
A Tribe Called Quest – Check the Rhime
Bien qu’essoré par son tube Can I Kick It? qui lui avait valu quelques désagréments de la part du réputé atrabilaire Lou Reed, A Tribe Called Quest s’offre une renaissance jazzy avec The Low End Theory d’où est extrait l’impeccable Check the Rhime.
Gang Starr – Who’s Gonna Take the Weight?
Who’s Gonna Take the Weight? (Qui va porter le poids, en français) D’accord , mais de quoi ? “The Weight of the world” (« Le poids du monde »), répond Gang Starr. Et trente ans après, toujours aucune réponse à cette question posée depuis des millénaires.
2Pac – Trapped
Autre jalon rap de l’année 1991, la parution du 1er album de Tupac Shakur, 2Pacalypse Now avec le joyau Trapped où il se décrit en butte avec les autorités policières et dévoile déjà une présence vocale et physique qui deviendra phénoménale.
Del tha Funkee Homosapiens – Mistadobalina
Curieusement en ces années-là, le Royaume-Uni peine à se lancer à son tour dans le rap game. Grâce soit donc rendue à l’un de ses plus puissants représentants du moment tout empreint de soul.
IAM – Attentat
Pendant ce temps, tout en bas de l’Hexagone, sur la planète Mars, un combo de types aux noms égyptiens quitte le monde underground des cassettes qui s’échangent sous le manteau des Quartiers Nord pour se faire connaître dans l’ensemble du territoire.
MC Solaar – Victime de la mode
Mais c’est via un jeune homme de Villeneuve-Saint-Georges que le hip-hop déboule dans les hits machines et autres top 50 de notre belle France même si, ici aussi, le débat fait rage : est-ce que MC Solaar, c’est vraiment du rap ?
NTM – L’argent pourrit les gens
La réponse vient du neuf-trois et de Suprême NTM, le rap, l’authentik, il vient de là et il chamboule tout grâce à un duo charismatique déjà en passe de devenir mythik via des performances live qui retourneront bien, et bientôt, des Zénith.
Mano Negra – Out of Time Man
Le hip-hop français émerge, une scène s’efface. Dernier album et fin de l’aventure Mano Negra et, avec elle, une certaine idée de ce qu’on appelait alors chez nous le rock alternatif. Car, oui, le temps est passé.
Prince – Cream
Après une décennie eighties hallucinante de créativité foisonnante, Prince peine à se remettre le pied à l’étrier sur la longueur d’un album mais se montre toujours capable de claquer des singles imparables comme ce Cream voluptueux et redoutablement velouté.
Meat Puppets – That’s How It Goes
Formé en 1980, le groupe atteindra une renommée internationale en 1993 grâce à l’invitation qui leur est faite par Nirvana de participer à leur MTV Unplugged où ils joueront trois titres.
R.E.M. – Losing My Religion
Le débat fait rage comme rarement depuis le In Between Days de The Cure, divisant les fans de la 1ère heure estimant qu’avec ce single, leur groupe chéri est devenu trop commercial, et les nouveaux qui le trouvent génial. A vous de vous faire votre religion, donc…
U2 – One
C’est au mythique Hansa Tonstudio (qui vit naître Heroes de Bowie, The Idiot d’Iggy Pop ou Bossanova des Pixies) qu’un U2 sous pression enregistre son album berlinois, Achtung Baby, qui recèle, entre autres, ce One miraculeux que Johnny Cash sublimera.
Ricky Lee Jones – Up from the Skies
On finira l’année tout en douceur avec un extrait de Pop Pop sur lequel Ricky Lee Jones ajoute à son répertoire un certain nombre de standards de jazz ou, comme ici, un morceau de Jimi Hendrix qu’elle fait bénéficier de sa revisite gracieuse.