Retourner chez mes parents à cause de la pandémie a ruiné ma vie sexuelle - BLOG

SEXUALITÉ - J’entends la clé tourner dans la serrure et je me fige. Quand ma mère nous dit bonjour du bas de l’escalier, nous nous écartons l’un de l’autre et nous jetons sur nos sous-vêtements, qui traînent par terre.Tel un couple de cerfs...

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Alors, puisque nous ne pouvons pas nous abandonner totalement, nous nous cantonnons à des pratiques “discrètes”. Mais être en permanence à l’écoute de la clé dans la porte, à l’affût du moindre halètement tempère quelque peu les ardeurs. La dernière chose dont j’ai envie dans ces moments-là, c’est de l’image de mes parents qui surgit dans mon esprit telle une police du sexe venue du subconscient. (photo d'illustration)

SEXUALITÉ - J’entends la clé tourner dans la serrure et je me fige. Quand ma mère nous dit bonjour du bas de l’escalier, nous nous écartons l’un de l’autre et nous jetons sur nos sous-vêtements, qui traînent par terre.

Tel un couple de cerfs en rut, nous venons de nous faire pincer au beau milieu d’une étreinte improvisée. La pandémie nous ayant obligés à retourner chez ma mère, ce n’est pas la première fois que nous pratiquons cette manœuvre de désemboîtement hâtive.

Quand on se réinstalle dans la demeure familiale, on change rapidement ses habitudes. Descendre en trébuchant après un énième anniversaire bien arrosé sur Zoom n’est pas conseillé quand on essaie de rester digne, ni le fait d’être prise au dépourvu quand on est interrogée sur ses projets d’avenir (aucun). Mais le changement le plus manifeste et le plus important, c’est de ne plus être libre d’avoir des rapports sexuels torrides et bruyants quand l’envie m’en prend.

Le sexe fait partie des sujets que l’on cache à ses parents

Tous les adultes ont des choses qu’ils dissimulent à leurs parents: l’horrible gueule de bois lors du déjeuner dominical ou le véritable prix de ce pantalon disco à paillettes. Le sexe fait partie des sujets que l’on cache à ses parents, dont on ne parle qu’à celui (ou ceux) avec qui on le pratique, et peut-être à quelques très bon·ne·s ami·e·s.

Vous avez envie de raconter votre histoire? Un événement de votre vie vous a fait voir les choses différemment? Vous voulez briser un tabou? Vous pouvez envoyer votre témoignage à temoignage@huffingtonpost.fr et consulter tous lestémoignages que nous avons publiés. Pour savoir comment proposer votre témoignage, suivez ce guide!

Je ne veux pas que mes parents sachent ce que je fais sous les draps, et encore moins qu’ils m’entendent le faire. Quand votre mère vous entend faire l’amour, c’est n’est pas comme le voisin qui cogne au mur pour vous dire de faire moins de bruit pour qu’il puisse dormir. L’idée que mes parents perçoivent ne serait-ce qu’un faible gémissement est profondément déplaisante.

Être obligée d’étouffer le bruit de mon vibromasseur à l’aide d’une chaussette n’est pas le moment sensuel dont je rêvais à ce stade de ma vie.

Or il n’est pas facile de faire l’amour sans bruit. Nous sommes constamment trahis par mon lit, celui dans lequel j’ai perdu ma virginité, qui grince au moindre hoquet. Quant à nos corps, il faut faire une croix sur les gémissements de peur qu’ils traversent la fine cloison qui nous sépare de la chambre de ma mère (malheureusement située juste à côté de la mienne). Être obligée d’étouffer le bruit de mon vibromasseur à l’aide d’une chaussette n’est pas le moment sensuel dont je rêvais à ce stade de ma vie.

Des pratiques discrètes

Alors, puisque nous ne pouvons pas nous abandonner totalement, nous nous cantonnons à des pratiques “discrètes”. Mais être en permanence à l’écoute de la clé dans la porte, à l’affût du moindre halètement tempère quelque peu les ardeurs. La dernière chose dont j’ai envie dans ces moments-là, c’est de l’image de mes parents qui surgit dans mon esprit telle une police du sexe venue du subconscient.

Sans parler du lubrifiant et autres accessoires suspects que nous avons si bien cachés que nous ne les retrouvons plus dans le feu de l’action, ni de l’angoisse d’être pris sur le fait chaque fois que nous vidons discrètement la poubelle pleine de préservatifs.

Quand nous nous sommes installés chez moi, j’ai su que nous allions devoir changer certaines de nos habitudes. Je ne demande pas à ce qu’on nous laisse nous arracher les vêtements au beau milieu du dîner si l’envie nous en prend, mais je ne m’attendais pas à ce que cela ait une telle répercussion sur la façon dont je vois ma vie.

S’envoyer en l’air sous le regard attentif de Pete Doherty est beaucoup moins affriolant 14 ans plus tard.

La frustration sexuelle que j’éprouve reflète le stade auquel j’en suis dans ma vie. Elle cache un sentiment d’insatisfaction plus profond à l’égard des circonstances incontrôlables qui m’ont menée là. Je n’ai jamais su avec certitude où j’en serais à l’approche de la trentaine, mais je pensais que j’aurais au moins quitté le domicile familial.

Frustration

Revenir chez mes parents, c’est ne plus avoir la liberté de dîner quand je veux (c’est maintenant une affaire de famille), regarder ce que je veux à la télé (les scènes torrides de Bridgerton, c’est moins sympa avec sa mère). En y ajoutant les restrictions qui s’imposent désormais à ma relation, j’ai l’impression d’avoir plus en commun avec celle que j’étais à 17 ans qu’avec les gens de mon âge.

Même ma chambre d’enfant me rappelle constamment que j’essaie d’entretenir une relation adulte dans un environnement qui ne l’est pas. Encore récemment, les affiches des Libertines et des Kooks, punaisées avec amour à l’adolescence, ornaient encore mes murs.

Jouir d’une vie sexuelle libre et épanouie est l’un des marqueurs d’indépendance auxquels on s’habitue en grandissant, comme le fait d’être majeur·e ou de pouvoir acheter de l’alcool: le monde s’ouvre à nous. Le sexe nous démarque des adolescents que nous étions, nous autorise à dire qu’on peut faire ce qu’on veut et inviter qui on veut dans ce lit qu’on est assez grand·e pour s’acheter tout·e seul·e.

Je sais que j’ai de la chance d’avoir ce filet de sécurité que représente le retour chez mes parents, mais j’ai hâte que nous puissions de nouveau faire trembler les murs.

Ce blog, publié sur le HuffPost britannique, a été traduit par Catherine Biros pour Fast ForWord.

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