Réunion de la gauche: trois raisons qui montrent que ça part mal
POLITIQUE - Rendez-vous est pris. À l’initiative de Yannick Jadot, tous les responsables de la gauche se présenteront à 10h ce samedi 17 avril au 68 quai de la Seine, dans le 19e arrondissement de Paris, pour une réunion en vue d’une hypothétique...
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POLITIQUE - Rendez-vous est pris. À l’initiative de Yannick Jadot, tous les responsables de la gauche se présenteront à 10h ce samedi 17 avril au 68 quai de la Seine, dans le 19e arrondissement de Paris, pour une réunion en vue d’une hypothétique union de la gauche qui devrait durer jusqu’à la mi-journée.
Anne Hidalgo, Raphaël Glucksmann, Olivier Faure, Eric Piolle, Sandrine Rousseau, Benoît Hamon... Ils ont tous là. Enfin presque. Jean-Luc Mélenchon n’y sera pas, pour cause de voyage en Amérique latine, ce qui n’a pas manqué d’interpeller l’état-major insoumis, qui se demande pourquoi l’eurodéputé a choisi cette date tout en ayant connaissance du déplacement.
Un signal pour le moins révélateur des très nombreuses difficultés qu’il y aura à surmonter avant de convertir ce tour de table en un projet politique pour l’élection présidentielle de 2022. Le point sur ces raisons qui peuvent faire échouer cette tentative à laquelle, pour le moment, personne ne croit vraiment.
1. Les insoumis très réticents
Premier obstacle à lever: la réticence des insoumis. Car du côté de Jean-Luc Mélenchon et de ses camarades politiques, on ne fait même plus semblant d’y croire. “Laisser croire qu’on va pouvoir s’arranger autour d’une table entre candidats, ce n’est pas crédible… Pour l’instant, il y a de vraies différences de fond qui existent entre les différents mouvements”, lâche dans Le Figaro le député insoumis de Seine-Saint-Denis Éric Coquerel, qui représentera le mouvement ce samedi. Plutôt que travailler à un projet commun, les insoumis proposent plutôt de sceller un pacte de non-agression entre les différentes formations autour de la table. Autre proposition des insoumis, l’organisation “commune” d’une “marche des Libertés” pour s’opposer au pouvoir en place.
Mais pas question d’aller plus loin. Car pour les insoumis, nul besoin de se chercher une tête d’affiche commune, puisqu’elle est déjà là. Une idée que les récents sondages faisant du député des Bouches-du-Rhône le mieux placé à gauche au 1er tour ne font que conforter. “Malgré cette faiblesse de la gauche, il y a une candidature qui résiste bien, qui est un point d’appui dans ce paysage, c’est Jean-Luc Mélenchon qui est loin devant les autres”, a observé Adrien Quatennens sur France inter, rappelant que l’intéressé avait déclaré sur cette même antenne qu’il se sentait “une vocation de candidat commun”.
2. Les écolos très méfiants
Admettons que l’obstacle insoumis soit surmonté, Yannick Jadot se trouverait alors face à un autre mur, érigé cette fois par sa propre famille politique: la primaire EELV. Car le parti de Julien Bayou n’a aucunement donné mandat à l’eurodéputé pour jouer les entremetteurs en vue de 2022, puisque selon ses statuts, il doit justement désigner son propre candidat. Ce qui lui a été rappelé ”à toutes fins utiles” par le patron des écolos. Même méfiance du côté des autres prétendants EELV à la présidentielle qui, à l’instar d’Éric Piolle, alertent sur le risque d’un “hold-up” sur l’union. Auprès de l’AFP, son entourage tacle plus ouvertement le format de cette réunion: “la gauche se meurt de ne pas discuter avec la société civile”, or “ce côté collectif est totalement absent de l’initiative de Jadot”.
Si ces critiques sont si présentes en amont de la réunion, c’est parce que son organisateur est soupçonné en interne de suivre son agenda personnel, et de vouloir enjamber une primaire qui lui serait défavorable, le parti écolo s’étant fait une spécialité d’écarter les prétendants les plus en vue médiatiquement. Un écueil que Yannick Jadot cherche justement à éviter, lui qui dit se méfier des “primaires identitaires” qui consistent ”à essayer de définir ce qu’est un mouvement avant de gagner”. Unir la gauche avant d’unir les écolos, tel est le chemin escarpé qu’a décidé d’emprunter Yannick Jadot.
3. Des divergences très profondes
Imaginons: les leaders de la gauche se mettent d’accord sur le principe et topent pour partir sous la même bannière pour éviter la réédition du duel Macron/Le Pen. Le plus dur resterait à faire. Car si Julien Bayou ou encore Olivier Faure plaident pour qu’aboutisse un “contrat de gouvernement” entre les différentes formations de gauche en amont de 2022, les difficultés pour y parvenir semblent, à ce stade, difficilement surmontables. Qui imagine Jean-Luc Mélenchon abandonner son ambition de renégocier les traités européens, face à des formations politiques pas forcément enclines à prendre le risque de sacrifier des décennies de construction en reversant la table libérale? Comment imaginer, à ce stade, et après les noms d’oiseaux échangés sur la laïcité et la République, qu’une ligne commune puisse être trouvée sur ces thèmes?
Des divergences parmi d’autres, qui ne laissent que peu d’espoir de voir cette initiative déboucher sur du concret. “Il n’y a rien à en attendre, chacun va rester sur ses positions”, cingle d’avance un responsable socialiste cité par l’AFP. Pour autant, certains veulent croire qu’un chemin commun est possible. Dans une tribune publiée par Le Monde, Benoît Hamon appelle à se focaliser sur l’essentiel: “mettons-nous d’accord sur nos désaccords et agrégeons ce qui nous réunit. Abandonnons l’acrimonie et le ressentiment à nos adversaires communs”. Reste à savoir si, au regard de toutes les difficultés précitées, il sera entendu ce samedi.
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