Réunions non mixtes: L'Unef répond aux critiques et défend sa "légalité"

POLITIQUE - Une pente “fasciste”, pour Jean-Michel Blanquer, une “dérive” pour le Parti socialiste, une demande de “dissolution” de la part d’Éric Ciotti chez LR ou encore une demande de suppression de leurs financements publics par Xavier...

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Le syndicat étudiant Unef dans le cortège de la manifestation contre la précarité étudiante, le 16 mars 2021.

POLITIQUE - Une pente “fasciste”, pour Jean-Michel Blanquer, une “dérive” pour le Parti socialiste, une demande de “dissolution” de la part d’Éric Ciotti chez LR ou encore une demande de suppression de leurs financements publics par Xavier Bertrand ce dimanche 28 mars.

Le syndicat étudiant classé à gauche Unef, déjà sous le feu des critiques dans l’affaire des professeurs de l’IEP de Grenoble affichés pour “islamophobie”, est désormais vilipendé à cause des réunions non mixtes qu’il organise afin, selon ses dirigeants, de “lutter contre les discriminations”.

Ce week-end, Carole Delga, présidente socialiste de la région Occitanie, les a critiqués après l’intrusion de son conseil régional par l’Action française pendant qu’Audrey Pulvar, candidate à la région Île-de-France, soutenue par le PS, a défendu sur BFMTV le droit de “demander à des personnes blanches de se taire”, lorsqu’elles participent à ces ateliers. Une polémique qui dure et s’envenime et à laquelle le vice-président du syndicat, Adrien Liénard, répond, ce dimanche 28 mars dans les colonnes du HuffPost.

On continue à propager de fausses informations sur l'Unef. On ne fait rien d'illégal

 

Le HuffPost: Comment réagissez-vous à cette polémique qui dure depuis une dizaine de jours autour des réunions non mixtes que vous organisez?

Adrien Liénard: On a déjà expliqué les choses. Ce sont des groupes de parole, pas des cadres décisionnels, l’idée c’est simplement de libérer la parole. On continue à propager de fausses informations sur l’Unef, que ce soit de la part des dirigeants d’extrême droite, de membres du gouvernement ou de responsables du parti socialiste.

Il y a une volonté de ne pas comprendre. Beaucoup de féministes engagées au MLF dans les années 1970 ont expliqué qu’elles faisaient la même chose avec les femmes à l’époque et il n’y a pas eu autant de réactions.

Carole Delga vous a nommément cité après l’intrusion de l’Action française dans son conseil régional. La présidente d’Occitanie vous conseille de “rassembler les Français sur le droit et les valeurs de la République”. Que lui répondez-vous?

Pour une certaine partie de la classe politique, il y aurait les racistes et les antiracistes qui feraient du racisme. Nous sommes en désaccord. La République est une construction collective, à laquelle on participe. La République n’est pas figée dans le temps. 

Carole Delga nous compare à un groupe d’extrême droite qui est contre la République et qui souhaite le rétablissement de la monarchie. C’est dangereux. Nous, on considère que l’universalisme est un objectif politique et qu’il faut reconnaître qu’il existe des discriminations. Il faut nommer ces discriminations pour pouvoir les combattre.

L’universalisme, ce n’est pas seulement dire “tout le monde est égaux”, il faut aussi regarder les faits. Ce n’est pas parce que la loi dit qu’on est égaux qu’on l’est: c’est vrai pour l’égalité salariale entre les hommes et les femmes et pour le racisme. Les deux sont interdits par la loi, mais ce n’est pour ça que ça que ça n’existe pas.

L’universalisme, ce n’est pas seulement dire “tout le monde est égaux”, il faut aussi regarder les faits.

 

Audrey Pulvar a déclaré samedi sur BFMTV qu’“on peut demander à une personne blanche de se taire” au cours d’ateliers de lutte contre les discriminations. Cela vous a-t-il choqué?

Non. Cela ne nous choque pas. Ce qu’on met en place à l’Unef ce sont des groupes de parole pour que les personnes discriminées puissent causer entre elles. Pour les femmes, par exemple, elles ne veulent pas que des hommes viennent relativiser ce qu’elles vivent et souhaitent éviter que leur parole soit remise en question.

C’est la même chose sur le racisme, même si c’est moins bien accepté dans la société. On soutient Audrey Pulvar qui est harcelée sur les réseaux sociaux, comme Mélanie Luce avant elle. Elles n’ont pas à se faire harceler sur ces questions. 

Certains vous reprochent de trier les gens en fonction de leur couleur de peau dans ces réunions. Que répondez-vous?

Comment se passent ces groupes de parole: chaque personne qui estime subir une discrimination peut y venir. L’antisémitisme aussi est un racisme. On ne fait pas de tri, ça marche sur le volontariat pour les personnes qui s’estiment discriminées. 

Craignez-vous une dissolution? 

Non. C’est une question posée par des élus de droite. On ne fait rien d’illégal. C’est un outil militant privé et interne à notre organisation qui sert à combattre les discriminations. On nous instrumentalise pour combattre la liberté syndicale et la liberté d’organisation politique. Nous pointer du doigt permet d’éviter de causer de nos autres combats, la précarité étudiante et le financement de l’enseignement supérieur public qui est sous-financé.

Les combats de la jeunesse ont changé. Les étudiants sont conscients des problèmes de discrimination

 

Une note ministérielle dévoilée par Europe 1 décrit votre association comme étant proche du mouvement des Étudiants musulmans de France “considéré comme radical”, d’après nos confrères. Qu’en dites-vous?

Il y a quelques mois, à Lyon, une liste commune a été faite avec les Étudiants musulmans de France, mais il n’y a pas d’accord national avec eux. Localement, on travaille ensemble sur les distributions alimentaires. On essaie de nous catégoriser comme “islamistes”. On fait des distributions avec le Secours catholique personne ne nous a jamais rien dit! On a déjà été sur des listes avec l’Union des étudiants juifs de France (UEJF). On applique la laïcité, mais on ne refuse pas de travailler avec des associations confessionnelles à partir du moment où elles ne font pas de prosélytisme.

Vous avez été un syndicat proche du PS dont certains dirigeants actuels vous critiquent. Comment l’expliquez-vous?

Quand je vois Jean-Christophe Cambadélis, ancien président de l’Unef qui demande la dissolution de la direction, ça nous fait rire jaune alors qu’il a justement perdu un congrès sur la question de l’indépendance de l’Unef face au parti socialiste, à laquelle il s’opposait. Ceux qui étaient à l’Unef dans les années 1990 ou 2000 disent que ce n’est pas leur combat, mais c’est parce que les combats de la jeunesse et des étudiants ont changé.

Nous sommes une organisation de jeunesse, le renouvellement est très rapide. On est en phase avec notre génération. Les étudiants sont conscients des problèmes de discrimination. On peut comprendre le désaccord sur les groupes de paroles, mais de là à hurler avec les loups ou à adopter des positions caricaturales, ce n’est pas raisonnable.

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