Robert Zemeckis a-t-il réussi son adaptation de “Pinocchio” ?
L’interminable chantier des remakes live de Disney continue son ouvrage, suivant un cap de moins en moins clair : les projets qui s’enchaînent varient aussi bien en termes de format de diffusion (streaming ici, comme pour le prochain Peter...
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L’interminable chantier des remakes live de Disney continue son ouvrage, suivant un cap de moins en moins clair : les projets qui s’enchaînent varient aussi bien en termes de format de diffusion (streaming ici, comme pour le prochain Peter Pan et Wendy de David Lowery) que, surtout, de rapport aux œuvres originales. Ces derniers mois, et ce malgré les fortes personnalités associées au projet, on avait plutôt identifié ce Pinocchio comme un Disney humble et orthodoxe, respectueusement fidèle à un modèle d’animation 2D qu’il se contenterait de “gonfler”, loin des projets plus autonomes et réformateurs qu’avaient été récemment Cruella ou Mulan.
Signé Robert Zemeckis (qui a parfois l’air d’autoremaker son Seul au monde quand Geppetto-Tom Hanks s’aventure seul en mer et échoue sur une plage), le film est en effet très cadré par son prédécesseur de 1940, dont il faut rappeler qu’il est sans doute l’œuvre la plus traumatique et la plus terrifiante de l’histoire de Disney.
Mais c’est sur quelques points de détails secrètement cruciaux que cette version 2022 tranche radicalement avec certains principes de son modèle, au 1er desquels l’idée que Geppetto ne souhaiterait plus que Pinocchio prenne vie pour lui-même, mais pour guérir du deuil d’un enfant perdu. Le geste s’explique sans doute par la crainte du vague malaise que pourrait aujourd’hui produire l’image d’un vieux célibataire désirant follement un enfant pour lui seul (revoyez l’original, il y a hélas de ça). La modification néanmoins aurait sans doute brisé le cœur de Walt Disney tant Geppetto était sans doute son personnage le plus personnel, bien plus que Mickey. L’artisan qui rêve de voir la vie s’emparer d’une matière sculptée par ses soins, c’est évidemment lui.
La faute au photoréalisme
Quelques intuitions fécondes parsèment ce Pinocchio nouveau, certaines plutôt amusantes, notamment l’idée que le pantin se méfie de tout ce qui est humain, ce qu’une gentille artiste décide d’accepter en ne lui parlant que par sa marionnette. Elles sont néanmoins condamnées à s’enliser dans une forme qui hélas ne veut pas prendre. Car le film bute sur sa propre matière, comme la plupart des Disney live : tous les charmes du conte s’y évanouissent sous l’effet d’une espèce de photoréalisme désenchanté par la dureté.
Pinocchio lui-même semble avoir posé un gros problème à Zemeckis : sans possibilité de le “couler” dans le même régime de figuration que ses camarades, le film peine à le faire exister, et s’y prend au forceps pour convertir en bois massif un original en ligne claire. Ce qui est tout de même ironique : ne pas arriver à donner vie à l’inerte, est-ce bien digne de la Fée bleue ? L’apparition, dans la fameuse scène des coucous transformée ici en galerie de caméos autopromotionnels (un coucou Donald, un coucou Maléfique…), du Woody de Toy Story résonne assez cruellement sur le film : clairement il échoue là où Pixar a triomphé.
Pinocchio de Robert Zemeckis, avec Tom Hanks, le 8 septembre 2022 sur Disney +