Romain Duris, à propos de Belmondo : “Son sourire avait gardé cette force intacte de rayonnement ”
Romain Duris – Jean-Paul Belmondo a été important pour moi à différents moments de ma vie et de ma cinéphilie. D’abord dans l’enfance. Quand j’étais petit, il incarnait le héros français, dans des films d’aventure ou d’action, ce qui n’était...
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Romain Duris – Jean-Paul Belmondo a été important pour moi à différents moments de ma vie et de ma cinéphilie. D’abord dans l’enfance. Quand j’étais petit, il incarnait le héros français, dans des films d’aventure ou d’action, ce qui n’était pas si courant dans le cinéma hexagonal. Ses films étaient hyper divertissants et propices à faire rêver un petit garçon. J’adorais sa prestance physique, son talent pour les cascades, sa façon de courir ou de se bagarrer. Il n’incarnait pas seulement la force, mais aussi l’humour. Voir et revoir L’as des as ou Les Morfalous, et plein d’autres encore, me réjouissait.
À l’adolescence, j’ai commencé à m’intéresser à la Nouvelle Vague et j’ai découvert un autre Belmondo. Tout à coup, il était au centre de films qui me faisaient vraiment beaucoup d’effets. Il était toujours un héros, mais un héros différent, imprévisible et insolent dans À bout de souffle, un peu cinglé et suicidaire dans Pierrot le fou. Je l’ai à nouveau adoré.
>> À lire aussi : Belmondo et la Nouvelle Vague en 7 rôles clésPlus tard encore, adulte, j’ai découvert certains de ses films des années 1960 comme Un singe en hiver, et c’est encore une autre facette qui m’est apparue. Je l’ai aimé dans toutes les formes dans lesquelles il m’est apparu. Il était pour moi un modèle de masculinité. À la fois la puissance et la décontraction, la force physique et la nonchalance. Et surtout la gaieté. J’ai l’impression qu’il avait choisi de rester gai tout le temps, même lorsque dans la dernière ligne de sa vie, il a dû faire face à des choses très dures. Son sourire avait gardé cette force intacte de rayonnement.
La rencontre
Notre rencontre sur le tournage de Peut-être de Cédric Klapisch (1999) était un peu folle. Dans ce film de science-fiction fondé sur un paradoxe temporel, je devais jouer son père. Déjà dans la force de l’âge, il devait convaincre le jeune homme que j’étais de faire un enfant avec son amoureuse pour qu’il puisse exister dans le futur. Étrangement, jouer son père m’impressionnait moins que si j’avais dû jouer son fils. C’était absurde, donc plus léger. Il fallait utiliser l’imagination.
La 1ère scène que j’avais avec lui consistait à lui mettre une baffe. On s’était vus trois fois avant le tournage, je l’avais vu distribuer des coups durant toute mon enfance et je devais le gifler ! C’était un peu intimidant. Mais il m’a encouragé à y aller vraiment. Il m’a dit qu’il avait reçu plein de coups de poing au cinéma, mais jamais de gifle !
Plus tard, nous avons tourné une scène où nous survolions le désert tunisien dans une machine volante créée pour le film, suspendus à un fil. Je me souviens m’être dit que la vie ménageait des surprises incroyables. J’avais 24 ans. Quelques années plus tôt, j’étais lycéen, et là je me retrouvais suspendu à un fil dans le désert, à 20 mètres du sol, avec Jean-Paul Belmondo !
>> À lire aussi : Jean-Paul Belmondo : ses 5 meilleurs polarsJ’étais fou de joie de le rencontrer, mais pas seulement pour l’acteur qu’il était, également pour le caractère que j’imaginais. J’aimais ce qu’il dégageait et je n’ai pas été déçu. Il était tout ce dont j’avais pu rêver : déconneur, décontracté, hyper direct, disponible, simple, très investi dans le moment présent. Il était tellement dans le présent que je n’ai même pas eu envie de lui faire expliquer ses souvenirs glorieux : Godard, Jean Seberg, la Nouvelle Vague… Ça m’aurait paru impudique, même si je pense qu’il l’aurait fait volontiers. Je préférais favoriser le moment que je partageais avec lui.
Je ne l’ai quasiment pas revu après le tournage, même si nous avions dîné au restaurant peu de temps après. Là aussi, beaucoup de pudeur de ma part. Mais ce qu’il a tracé dans le cinéma et ce que j’ai partagé avec lui dans la vie comptent vraiment pour moi. J’adore sa façon d’avoir été absolument moderne et dans son époque.
Propos recueillis par Jean-Marc Lalanne