Rover excelle avec “Eiskeller”, baume au cœur pop contre la solitude
Derrière l’évidente douceur de ses mélodies, rassurantes, chaleureuses, comme arrachées à la pesanteur du présent, Rover semble avoir toujours été réfractaire à l’idée de confort. L’enregistrement d’Eiskeller en atteste. Pour ce troisième album,...
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Derrière l’évidente douceur de ses mélodies, rassurantes, chaleureuses, comme arrachées à la pesanteur du présent, Rover semble avoir toujours été réfractaire à l’idée de confort. L’enregistrement d’Eiskeller en atteste.
Pour ce troisième album, Timothée Reigner, exilé à Bruxelles depuis plusieurs années, a choisi de s’enfermer quelques mois dans les anciennes glacières Saint-Gilles de la capitale belge. C’est là, sous terre, dans cette grande pièce austère, froide, qui servait autrefois de repaire à un club de boxe, que le songwriter français s’est cloîtré dans l’idée de s’approprier un lieu a priori hostile.
Un effet de familiarité immédiat
Sur la forme, Eiskeller (“chambre à glace”, en allemand) s’inscrit dans la droite lignée de Rover (2012) et Let It Glow (2015), deux 1ers albums auréolés d’un joli succès. Mais la nouveauté s’insinue progressivement, la quête d’un son moins complexe, plus lumineux, se dévoile petit à petit. Sur Cold and Tired, Rover s’essaye même à l’Auto-Tune, dans l’idée de se désinhiber et de prolonger un thème omniprésent dans son œuvre : la relation au temps, cette façon d’accepter le présent tout en étant hanté par le passé.
Cela s’entend dans ses références (les Beatles, notamment), mais également dans la façon dont il tisse ses mélodies, selon un format pop traditionnel : “J’ai toujours rêvé de construire une mélodie dans une tradition anglo-saxonne, où les refrains agissent comme une pommade qui soulage.”
“Tout ce qui pouvait sonner surprenant et moins pro, c’est précisément ce que je voulais.”
La musique de Rover a ceci de miraculeux qu’elle joue sur un effet de familiarité immédiat, sans pour autant faire des courbettes aux évidences. Après To This Tree et Roger Moore, qui préfèrent cajoler l’auditeur·trice plutôt que de le·la troubler, d’autres ambitions se distinguent, permettant à Rover d’élargir encore davantage les perspectives expressives de son songwriting.
A l’image de la chanson éponyme, enregistrée avec un téléphone et un 4-pistes à cassette. “Tout ce qui pouvait sonner surprenant et moins pro, c’est précisément ce que je voulais.” Ce qui n’empêche pas, et c’est bien là l’essentiel, ces treize nouveaux morceaux de flirter constamment avec l’élégance.
Eiskeller Cinq7/Wagram