Sarkozy condamné mais candidat en 2022? Le Pen ne voit pas de problème
POLITIQUE - “Si Nicolas Sarkozy souhaite être candidat à la présidentielle, il doit l’être.” Et c’est Marine Le Pen qui le dit. La présidente du Rassemblement national, candidate à l’Élysée, a affirmé ce mardi 2 mars qu’elle “ne souhaitait...
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POLITIQUE - “Si Nicolas Sarkozy souhaite être candidat à la présidentielle, il doit l’être.” Et c’est Marine Le Pen qui le dit. La présidente du Rassemblement national, candidate à l’Élysée, a affirmé ce mardi 2 mars qu’elle “ne souhaitait pas” que la justice fasse “la primaire de la présidentielle” au lendemain de la condamnation de l’ancien président de la République à trois ans de prison dont un ferme pour “corruption” dans l’affaire dite des écoutes.
“Je ne souhaite pas que les magistrats (...) déterminent qui seront mes adversaires” en 2022, a-t-elle expliqué sur Europe 1. Et la leader d’extrême droite d’ajouter: “Si Nicolas Sarkozy souhaite être candidat à la présidentielle, il doit l’être, il devrait l’être malgré la condamnation, dont je rappelle qu’elle n’est pas définitive.”
Comme l’entourage politique de l’ancien chef de l’État, Marine Le Pen s’en prend à la justice, coupable à ses yeux d’interférer dans le débat politique. “Dans un certain nombre d’affaires, les miennes, celles de François Fillon, la justice ne s’est pas comportée de la même manière” et a “cherché à influer directement sur l’élection”, a encore estimé la cheffe du RN.
“Le gouvernement des juges”
Pour la patronne du Rassemblement national, comme pour Christian Jacob, le président des Républicains, le rôle joué par le Parquet national financier (PNF) doit être examiné. Marine Le Pen accuse la juridiction mise en place en 2013 sur les cendres de l’affaire Cahuzac d’être devenue “le parquet de l’opposition”. A nouveau, elle demande donc sa “suppression”.
“Le dossier a été pris en main par le Parquet national financier et cela pose un problème majeur. (...) C’est une juridiction d’exception créée par des politiques dont les magistrats ont été désignés par madame Taubira qui était censée s’occuper des affaires complexes financières (...). Or, il est devenu en réalité le parquet de l’opposition. À chaque fois qu’un responsable politique d’opposition a une difficulté, on confie cela au PNF, ça pose un problème d’impartialité”, a-t-elle notamment regretté. A ceci près que si le PNF a bien mené l’enquête et assuré l’accusation lors du procès, c’est la 32e chambre du Tribunal correctionnel de Paris et sa présidente Christine Mée qui ont prononcé la condamnation de l’ancien chef de l’État.
Pour ce qui la concerne, la présidente du RN est mise en examen avec d’autres responsables de son parti pour des emplois présumés fictifs à l’époque du Front National au Parlement européen. Expliquant qu’elle ne “craignait personne”, Marine Le Pen a tenu à préciser qu’elle “serait candidate à la présidentielle quoi qu’il arrive”. “Le peuple est souverain, c’est lui qui décide, ce ne sont pas les magistrats, sinon c’est le gouvernement des juges”, a-t-elle déclaré.
Une expression historique lourde de sens qui trouve sa source au 19e siècle, dans un large mouvement de défiance à l’égard de la justice. “Pendant longtemps, les juges ont eu une perception très négative, notamment au 19e siècle, où l’on craignait l’avènement d’un ‘gouvernement des juges’, favorable à la monarchie. D’ailleurs, l’immunité parlementaire vient de là, puisqu’il s’agissait de protéger les élus de la République de ce pouvoir”, nous expliquait le spécialiste de l’histoire politique Nicolas Roussellier à l’ouverture du procès de cette affaire “Paul Bismuth.”
La montée en puissance du pouvoir judiciaire
Malgré tout, force est de constater que le fait politique est de plus en plus judiciarisé et non seulement pour le seul cas de Nicolas Sarkozy. Le chercheur prenait en exemple la place de plus en plus prégnante acquise par le Conseil constitutionnel -“qui est devenu une Cour constitutionnelle”- ou le rôle rempli par le Conseil d’État “qui était une instance pensée pour appuyer le gouvernement” et qui aujourd’hui demande des comptes à l’exécutif.
Un phénomène qui s’étend également au Parlement, “où des petits malins savent qu’ils peuvent tirer leur épingle du jeu en faisant du judiciaire qui ne dit pas son nom, via les commissions d’enquête”. Pour Nicolas Roussellier, cette évolution résulte d’un “vide” laissé par les grandes formations politiques qui avaient justement pour rôle de contrôler ce que faisait le pouvoir.
Parallèlement, “le cercle de protection très fort qui entourait les présidents”, s’est tout simplement érodé au fil des années, selon l’historien. De quoi expliquer, aussi, la “montée en puissance du pouvoir judiciaire”, selon ses mots.
Un phénomène qui tend à entretenir, chez les politiques, cette forme de soupçon quant à l’impartialité des juges, comme le montrent les réactions épidermiques des ténors des Républicains à la condamnation de leur ancien héros. Des arguments politiques, plus que juridiques, qui ne sont pas sans danger selon Nicolas Roussellier: “on met le soupçon sur le ressort même de la justice dans une démocratie, c’est-à-dire son impartialité, c’est terrible”.
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