“Saturday Night, Sunday Morning” : Jake Bugg au royaume des fautes de goût

De toute évidence, Jake Bugg n’est pas du genre à rester dans sa zone de confort. Depuis ses acclamés débuts en 2012 à tout juste 18 ans, celui qui devait alors endosser sur ses jeunes épaules le costume de nouveau prodige du rock anglais n’a...

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De toute évidence, Jake Bugg n’est pas du genre à rester dans sa zone de confort. Depuis ses acclamés débuts en 2012 à tout juste 18 ans, celui qui devait alors endosser sur ses jeunes épaules le costume de nouveau prodige du rock anglais n’a jamais choisi la facilité, se frottant à l’immense Rick Rubin pour la production de son deuxième album (le très bon Shangri La en 2013), volant de ses propres ailes sur le troisième (le décousu et décevant On My One en 2016), avant de retrouver la flamme aux côtés de Dan Auerbach, il y a quatre ans, pour Hearts That Strain qui avait le mérite, malgré quelques temps faibles, de jouer la carte de l’authenticité.

De l’authenticité, c’est sans doute ce qui manque le plus à Saturday Night, Sunday Morning, 1er album sorti par Jake Bugg sur RCA, pour qui il a quitté Virgin il y a trois ans. Nouveau label et nouveau producteur puisque le natif de Nottingham s’en est remis à Andrew Watt, élu “producteur de l’année” aux Grammy Awards en mars dernier, pour relancer sa carrière.

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L’originalité fait ici terriblement défaut

Si Watt a toujours eu en lui la fibre rock, produisant notamment le dernier Ozzy Osbourne, après avoir joué lui-même aux côtés de Glenn Hughes et Jason Bonham il y a quelques années, il est surtout connu pour avoir collaboré derrière la console avec Justin Bieber, Miley Cyrus ou Post Malone.

Pas vraiment les mêmes univers que ce à quoi Jake Bugg nous a habitué jusqu’à présent, mais l’Anglais souhaitait, selon ses dires, quelque chose de plus “frais”. Après tout, Bugg n’a que 27 ans, Watt est à peine plus vieux et le résultat aurait pu être… différent. Mais, à de rares exceptions, ce cinquième LP accumule les fautes de goût et les morceaux taillés pour les radios pop rock aseptisées.

James Blunt, sors de ce corps !

On est loin de l’accident industriel né de la collaboration entre Chris Cornell et Timbaland (Scream, 2009), mais l’originalité fait ici terriblement défaut et l’on voit défiler le tracklisting en se demandant quelle mouche a bien pu piquer Jake Bugg.

Même si rien n’est fondamentalement raté – Watt a du métier et Bugg un peu de talent –, l’électrocardiogramme reste désespérément plat, quand on ne s’arrache pas les cheveux à l’écoute d’un Lost qui ravira sans doute les adolescent·es en manque de dancefloor ou de Downtown et Scene, deux ballades d’une insondable banalité qui empilent les clichés du déjà-entendu (James Blunt, sors de ce corps !).

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Lancés tels des leurres en début d’album, All I Need (avec sa chorale gospel entraînante) et Kiss like the Sun (qui marie avec justesse l’électricité de guitares bluegrass et sonorités pop) ont bien du mal à masquer l’indigence diffusée par la suite. Il faut attendre Hold Tight en clôture pour enfin retrouver le Jake Bugg que l’on aime : guitare sèche et simplicité, sens de la mélodie et le petit supplément d’âme qui va bien. Insuffisant pour tirer ce disque des oubliettes auxquelles il semble promis.

Saturday Night, Sunday Morning (RCA/Sony Music). Sortie le 20 août