Sciences Po dément dément les propos d'Annie Genevard sur l'écriture inclusive

ÉCRITURE INCLUSIVE - Un jour, une polémique. Le standard de Sciences Po n’a pas fini de sonner. Sur RMC, dans l’émission “Les grandes Gueules”, la députée LR Annie Genevard a de nouveau tourné les regards vers Sciences Po en affirmant que l’établissement...

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ÉCRITURE INCLUSIVE - Un jour, une polémique. Le standard de Sciences Po n’a pas fini de sonner. Sur RMC, dans l’émission “Les grandes Gueules”, la députée LR Annie Genevard a de nouveau tourné les regards vers Sciences Po en affirmant que l’établissement pénalisait les copies qui n’étaient pas rendues en écriture inclusive.

La vice-présidente LR à l’Assemblée nationale était l’invitée du journaliste Olivier Truchot pour parler de l’écriture inclusive et de la proposition de loi, portée par le député LREM François Jolivet et soutenue par des députés LR, visant à interdire l’écriture inclusive dans les documents administratifs. Cette proposition de loi a été transmise à l’Assemblée le mercredi 17 février.

Dans le cadre du projet de loi confortant le respect des principes de la République, le député LREM François Jolivet voulait déjà l’interdire à l’école par un amendement jugé irrecevable. “Il n’y a pas beaucoup de cas à l’école, c’est plutôt à l’université”, reconnaissait-on après coup dans l’entourage du député.

Sur RMC, la députée du Doubs a évoqué une “complexification de la langue” provoquée par l’écriture inclusive. “Il n’y a pas de texte qui protège la langue française”, a-t-elle regretté. “Que va-t-on apprendre aux enfants?”, s’est encore inquiétée Annie Genevard, avant d’accuser “un militantisme” non nommé de “porter atteinte au patrimoine commun” qu’est la langue française. Elle a ensuite affirmé: ”À Sciences Po, une copie qui n’est pas rendue en langue inclusive est pénalisée, c’est insupportable!”.

“Je le sais bien, j’y enseigne!” 

C’est cette dernière phrase qui a vivement fait réagir la communauté étudiante et enseignante de la prestigieuse école. Sur Twitter, les propos d’Annie Genevard ont très vite été relayés et rectifiés par ceux qui connaissent bien l’institution de la rue Saint-Guillaume. De nombreux professeurs, élèves et anciens élèves ont réagi en évoquant une “fakenews”. “C’est complètement faux, j’y enseigne et je note les copies des étudiants”, a par exemple témoigné François Gemenne, chercheur et enseignant à Sciences Po. 

Même avis pour le sociologue Renaud Epstein, maître de conférence à Sciences Po: “Cette inconnue, vice-présidente de l’Assemblée nationale, est une mytho”, lance-t-il avant d’ironiser: “La vérité, c’est qu’à Sciences Po une copie qui n’est pas écrite en arabe et/ou qui ne cite pas Mao est pénalisée”, ironise-t-il, en référence au tollé provoqué au sein des universités après les prises de parole de la ministre, Frédérique Vidal, sur l’“islamo-gauchisme” qui “gangrène” les universités françaises, selon elle.

Même usage de la dérision chez le très sérieux politologue Bruno Cautrès: “En ce qui me concerne, j’exige que les copies me soient remises en moyen gallois, une variété historique du gallois parlée du 12ème au 14ème siècles. Sinon, c’est bien sûr -5 points direct sur la note”, ironise le chercheur du CEVIPOF (Centre de recherches politiques de Sciences Po), entraînant d’autres messages ironiques dans son sillage.

Les étudiants, eux aussi, se sont exprimés pour invalider les propos de la vice-présidente de l’Assemblée nationale. Comme Hugo Travers, ancien élève qui tient la chaîne Youtube journalistique au succès fulgurant, “Hugo Décrypte”. Plusieurs étudiants actuels lui ont embrayé le pas pour confirmer qu’ils n’avaient “jamais vu ça”.

Contacté par Le HuffPost ce 19 février, le service de communication de Sciences Po va dans le sens de sa communauté avec un message très clair: “Sciences Po dément cette information”, nous a-t-on répondu par mail.

Annie Genevard, elle, ne regrette pas ses propos. “Si Sciences Po dément, Sciences Po dément, mais au moins il y aura eu une alerte sur ce point”, répondait la députée le même jour au HuffPost. Elle explique avoir repris un exemple cité par François Jolivet, le député LREM, qui porte la proposition de loi contre l’écriture inclusive dans les documents administratifs. “François Jolivet dit qu’il a eu des témoignages d’étudiants qui disent que leurs copies ne sont pas corrigées si elles ne sont pas écrites en écriture inclusive, je n’ai pas de raison de douter de son travail”.

Au moins, il y aura eu une alerte sur ce point”Annie Genevard, députée du Doubs

Et d’ajouter: “Même s’ils ne sont que deux profs à le demander, ça engage toute l’institution!”. “Je pense que l’écriture inclusive imposée est dangereuse”, a-t-elle encore fait valoir, refusant totalement le terme de “contre-vérité” ou de “fake news” et rappelant l’existence d’une charte “pour une communication non sexiste” signée par l’école en 2016.

Dans l’entourage de François Jolivet, on reconnaît qu’un stagiaire passé par le cabinet du député “nous a livré ce témoignage”, mais sans en faire une généralité. “Nous n’avons aucune preuve pour le dire si des profs le font. Le phénomène est prégnant dans les colloques, entre les élèves, dans des échanges de mails. Après, on ne peut pas affirmer qu’ils sont saqués, on l’entend, mais on n’a aucune preuve de ça”. Un manque de vérification et de rigueur qui serait, pour le coup, mal noté à Sciences Po.

À voir également sur Le HuffPost: Cette proposition de Vidal sur l’islamo-gauchisme fait bondir ces universitaires