Séparation de Daft Punk : pourquoi ce pincement au cœur ?
Il est toujours difficile de dissocier la raison des sentiments. Alors, face à l’annonce de la séparation des Daft Punk - passé un premier élan trempé dans le doute et la croyance en un coup marketing hyper naze - il y eut un pincement au cœur,...
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Il est toujours difficile de dissocier la raison des sentiments. Alors, face à l’annonce de la séparation des Daft Punk - passé un premier élan trempé dans le doute et la croyance en un coup marketing hyper naze - il y eut un pincement au cœur, voire un tressaillement. Aussi brutal que surprenant.
Pourquoi le divorce des Daft Punk, et pourquoi son annonce en pleine incertitude mondiale quant à la sauce à laquelle nous serons toutes et tous prochainement mangé.es, suscite chez nous un mélange d’émoi, de stupeur et de tristesse ? Quel attachement nous lie encore à ces deux casques dont la radicalité futuriste s’est progressivement muée en panoplie surannée ? À certain.es qui ont immédiatement mis à distance les sentiments pour moquer le guignol des Daft, accusés par les puristes de s’être vendus aux sirènes hurlantes du marketing tel un Lagerfeld à deux têtes, machine à tubes en vestes en cuir siglées de leur nom devenu marque au même titre que Chanel ou Louis Vuitton, une réponse succincte se forma dans notre esprit brumeux : Daft Punk.
“Ils eurent l’intelligence de fusionner les styles sans peur du mauvais goût, comme de refuser la distinction underground/mainstream pour produire de la dance-music sur le fil du rasoir, aussi maximale qu’inédite, fraîche que référencée”
La vie est faite - en gros - de deux catégories de personnes : les suiveur.euses et les précurseur.euses. Les premier.es ayant les jetons de tout, les seconds un besoin impérieux de mettre au monde leurs idées (on parle ici d’artistique), quitte à bousculer les codes et imploser les cases, se planter aussi parfois. Si Thomas Bangalter et Guy Manuel de Homem-Christo n'étaient pas les seul.es à s’intéresser à la musique électronique en France en 1993 - date de la création du duo qui remplaça Darlin’, leur première formation avec le futur Phoenix Laurent Brancowitz -, ils eurent l’intelligence rare de la curiosité, délaissant le milieu rock pour découvrir la rave mancunienne sous perfusion Weatherall.
Ils eurent, aussi, l’intelligence de fusionner les styles sans peur du mauvais goût, comme de refuser la distinction underground/mainstream pour produire de la dance-music sur le fil du rasoir, aussi maximale qu’inédite, fraîche que référencée. Une savante mixture avec quasiment pas de ratés, si ce n’est la guimauve Get Lucky, sur-bastonnée dans les rayons des supermarchés.
"L’underground, c’est un mot con. Si tu veux faire de la musique et que tu veux en vivre, tu ne cherches pas l’underground. Être underground, c’est être inconnu. Le simple fait de vendre cinq mille disques dans le monde, ça suffit à sortir de l’underground. La vraie différence se fait entre ce qui est authentique et ce qui est calibré", claquait Thomas Bangalter dans une interview du duo accordée à David Blot et publiée dans Les Inrocks en 1997. Les Daft sont aussi ceux qui ont fait connaître la musique électronique au plus grand nombre, sans peur de sortir du petit cercle des connaisseur.euses auto-centré.es.
Le pincement au cœur, voire le tressaillement, tient peut-être aussi au fait que les Daft cultivaient une allure de Phoenix, disparaissant des radars pour mieux ressurgir avec un nouvel album, tous les 4, 5 voire 8 ans, dans un enfumage marketing qui ne parvenait pas à masquer leur sens de la direction artistique surprenante et précise, comme leur vision musicale, autrefois futuriste, récemment plus rétro-futuriste.
Faut-il vraiment y croire ?
Une manière de créer un monde dans un monde, trop pompier pour certain.es, intrigant pour d’autres, absolument dément pour le reste. Situons-nous à mi-chemin entre les trois avec un sérieux penchant pour la démence, tant la lecture de leur discographie ténue - quatre albums seulement - dit quelque chose de la perfection, et de sa recherche proustienne - les Daft n’étant finalement qu’en quête de leur madeleine ou de leur Graal, d’un fantasme de musique qui transcenderait enfin la lourdeur de l’enveloppe corporelle comme de l’existence terrestre (d'où, aussi, les casques). Avec un sens habile du suspense et de l'anonymat qui laissa place aux rêves, aux fantasmes, aux projections du public, avide de combler le vide, de participer lui aussi au récit héroïque. Reste à comprendre ce timing d’annonce pour le moins surprenant… Faut-il vraiment y croire ?
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