Seule contre Goodyear : Sophie Rollet a "enquêté elle-même" sur l'accident de son mari

Que s'est-il passé le 25 juillet 2014 ?SOPHIE ROLLET : Mon mari avait pris la route tôt le matin comme tous les jours. Il était chauffeur routier mais avait abandonné l'international pour passer plus de temps avec sa famille. À 13 h, j'ai entendu...

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Que s'est-il passé le 25 juillet 2014 ?

SOPHIE ROLLET : Mon mari avait pris la route tôt le matin comme tous les jours. Il était chauffeur routier mais avait abandonné l'international pour passer plus de temps avec sa famille. À 13 h, j'ai entendu au JT l'annonce d'un accident dans la région impliquant deux poids lourds. Je ne peux pas aujourd'hui encore expliquer l'intuition très forte que j'ai à ce moment-là. Cette angoisse terrible. J'appelle Jean-Paul, ça bascule sur la messagerie. Mais je sais aussi qu'il doit éteindre son portable quand il stationne en raffinerie (il conduit un camion-citerne, ndlr) et qu'en plus notre région du Doubs est encore une zone blanche à l'époque, donc les appels passent mal. Comme le JT ne montrait pas d'images de l'accident, j'en cherche sur Internet. Et je finis par trouver une image, montrant une citerne blanche, comme celle de mon mari. Et une autre où on voit clairement le sigle F3C (La Franc-Comtoise de carburants et combustibles, ndlr), l'entreprise de mon mari. Alors je vais vérifier son ordre de mission dans ses mails, et je découvre qu'il était effectivement en mission dans la région.

En dernier recours, vous appelez son employeur...

Et j'ai à peine le temps de dire «Bonjour, je suis madame Rollet» que son supérieur me dit «sincères condoléances». Il est 13 h 40, l'accident a eu lieu à 9 h 07, à dix kilomètres de la maison. Mais les détails, je ne les aurai qu'en démarchant un à un les gendarmes, les pompiers, les médecins du SMUR... Et finalement, en prenant connaissance en juin 2015 du PV d'accident.

Que vous apprend ce PV ?

Quelque chose d'essentiel et que personne jusque-là n'avait pu m'assurer : la certitude que mon mari n'avait pas souffert.

À quel moment Goodyear*, géant américain du pneumatique, s'introduit-il dans le dossier ?

Le 18 août 2015, en relisant le PV d'accident, je bute sur des termes techniques que je ne comprends pas. L'accident a été provoqué par l'éclatement d'un pneu «recreusé», type de pneus pour lesquels il existe une recommandation fabricant : les utiliser pour la remorque et pas pour les essieux directeurs de la cabine. Or le jour de l'accident, le pneu était bien positionné à l'avant.

En enquêtant, vous découvrez d'autres accidents liés à des éclatements de pneu...

Oui, le 1er que je trouve a eu lieu en septembre 2011, un accident dans les mêmes conditions, avec les mêmes pneus recreusés, de la même marque... À partir de là, j'ai commencé à faire des recherches la nuit. De 4 heures au lever des enfants à 6 h 30. Quand j'identifie un troisième accident similaire, j'en cause à un gendarme qui me dit : «Vous venez peut-être de découvrir le Médiator du pneu.»

Ce qui n'empêchera pas un 1er classement sans suite. Le 14 septembre 2022, vous déposez néanmoins un dossier de trente pages sur le bureau du procureur de la République de Besançon. Avec quel espoir ?

Il y a trop de zones d'ombre dans cette affaire pour s'en tenir à un classement sans suite. Mon objectif est double : avoir la certitude que des pneus dangereux ne circulent plus, et obtenir de la justice qu'elle instruise enfin la possibilité d'une série d'accidents de poids lourds liée à des éclatements de pneumatiques.

NB :Goodyear a réagi au documentaire de France 2 en précisant que «le pneumatique impliqué dans l'accident du mari de madame Rollet (...) n'a jamais fait partie d'un programme d'échange».

Envoyé spéciale : Seule Contre Goodyear © © FTV Envoyé spéciale : Seule Contre Goodyear © © FTV Envoyé spéciale : Seule Contre Goodyear © © FTV Envoyé spéciale : Seule Contre Goodyear © © FTV Envoyé spéciale : Seule Contre Goodyear © © FTV Envoyé spéciale : Seule Contre Goodyear © © FTV