“Soberish” ou l’autoportrait très nineties de Liz Phair

“I’ve got so much to say”, chante-t-elle dans le morceau Soberish. En effet, Liz Phair a toujours beaucoup à expliquer, elle qu’on a crue plusieurs fois hors circuit… à tort. En 2010, son précédent album Funstyle n’avait pas plus emballé le...

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“I’ve got so much to say”, chante-t-elle dans le morceau Soberish. En effet, Liz Phair a toujours beaucoup à expliquer, elle qu’on a crue plusieurs fois hors circuit… à tort. En 2010, son précédent album Funstyle n’avait pas plus emballé le public que la critique.

De quoi l’inciter à prendre du recul, composer pour la télévision, et écrire le 1er volet de ses mémoires, Horror Stories, où elle revient (entre autres) sur le harcèlement de Ryan Adams à son égard et sur ce qu’une femme peut subir depuis sa naissance, sans pour autant être une victime désignée.

Que pense-t-elle de l’espace désormais occupé par un féminisme qu’elle avait du mal à défendre dans les années 1990 ? “Quel soulagement de voir que les jeunes artistes sont moins isolées et se rassemblent pour faire entendre leurs voix ! Mais ce n’est que le début…”

“Créer un nouveau vocabulaire”

Quand on la questionne sur le drôle de titre de ce nouvel album, l’Américaine reste sans filtre : “La vie d’aujourd’hui est si difficile à supporter qu’on a besoin d’un café le matin, d’alcool le soir, d’un joint entre les deux. Lorsque le cannabis a été dépénalisé en Californie, je ne pensais plus qu’à ça ! Nous sommes tous impliqués dans différentes formes d’évasion de la réalité… et plus encore avec la crise sanitaire. Or, pour composer, il faut que je sois sobre…” Et pour pouvoir causer d’amour, centre névralgique de sa création.

“J’ai 54 ans et le fait que je puisse traverser une multitude d’états amoureux semble choquer les gens. Or, si j’envisage différemment mes relations, Soberish m’a permis de m’imaginer à nouveau dans une romance, avec le pire comme le meilleur.”

“Ce que j’apprécie dans la musique des autres : c’est quand leur histoire devient la mienne”

Produit avec Brad Wood, fidèle depuis ses débuts, avec lequel elle a voulu “créer un nouveau vocabulaire, dépasser les limites de ce qu’on était capables de faire à deux”, Soberish est un autoportrait aussi bien influencé par Yazoo que par The Psychedelic Furs.

Dans le bain du punk rock

La guitare y est reine, les arrangements varient d’un morceau à un autre. L’ensemble est étonnamment accrocheur : “La musique traduit mes émotions, me permet de les accepter, et donc de panser mes plaies. Les auditeurs peuvent s’identifier… C’est ce que j’apprécie dans la musique des autres : quand leur histoire devient la mienne.” Celle de Phair n’est pourtant pas commune.

Adoptée par des parents professeure et chercheur, élevée à Chicago, elle a appris la guitare en écoutant Joni Mitchell, David Bowie, Lou Reed et Laurie Anderson. Dans Soberish, elle rend hommage à ces dernier·ières avec Hey Lou, qui dissèque à quel point une relation peut être “euphorisante et exaspérante”.

Plus tard, étudiante en arts, elle tombe dans le bain du punk rock et son 1er album, Exile in Guyville (1993) répond aux Stones machos d’Exile on Main Street sur un ton corrosif et lucide sur la fragilité des droits de la femme dans un pays a priori libre comme les Etats-Unis.

Près de trente ans plus tard, comment l’envisage-t-elle ? “J’ai de l’espoir concernant le nouveau gouvernement. La société américaine a évolué, certes, mais pas pour tout le monde. Certaines communautés attendent toujours le respect qu’elles méritent. Difficile de se sentir paisible lorsqu’un Donald Trump a été élu par des milliers de gens.” Sophie Rosemont

Soberish (Chrysalis/PIAS). Sortie le 4 juin