Soteldo : sauvé par le ballon, prêt pour la qualification
Entretien avec Yeferson Soteldo, milieu de terrain du Venezuela Il raconte comment le football lui a sauvé la vie dans son enfance Il espère qualifier le Venezuela pour la première Coupe du Monde de son histoire Du haut de son mètre 58, le...
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- Entretien avec Yeferson Soteldo, milieu de terrain du Venezuela
- Il raconte comment le football lui a sauvé la vie dans son enfance
- Il espère qualifier le Venezuela pour la première Coupe du Monde de son histoire
Du haut de son mètre 58, le Vénézuélien Yeferson Soteldo est, à 23 ans, l'un des rouages essentiels club brésilien de Santos. Le milieu de terrain est aussi l'une des raisons qui permettent au Venezuela de rêver à une première participation à la Coupe du Monde de la FIFA™, au Qatar en 2022.
Lancé en équipe nationale senior sous la houlette de Noel Sanvicente, c'est en sélection de jeunes que Soteldo s'est fait connaître du monde entier, pour son rôle dans l'équipe de Rafael Dudamel qui a signé une performance historique en terminant deuxième de la Coupe du Monde U-20 de la FIFA 2017.
Son parcours jusque-là n'a pas été des plus simples. Ni son enfance, ni ses débuts à Acarigua, dans un quartier difficile, El Muertico, qu'il a quitté pour éviter les mauvaises fréquentations, mais dans lequel il revient depuis des années dès qu'il en a l'occasion.
Soteldo répond aux questions de FIFA.com, et évoque notamment ses débuts, l'influence qu'ont eue Lionel Messi ou Jorge Sampaoli dans sa carrière, ainsi que les qualifications sud-américaines, auxquelles il participe pour la deuxième fois après avoir disputé cinq matches dans la précédente édition.
Yeferson, quand et comment vous est venu l'amour du football ?
Quand j'étais tout petit. Dans mon quartier, il y avait d'autres sports à la mode, mais moi je ne voulais que des ballons. Mon père s'en est rendu compte et m'en a offert un. À neuf ans, j'ai débuté dans une équipe qui jouait contre des garçons plus grands, et rapidement j'ai su que c'était ma passion. Nous jouions dans la rue, avec des pierres pour délimiter les buts. Ça m'a un peu aidé à développer mon style, à dribbler dans des petits espaces et à bien manier le ballon. Jusqu'à l'âge de 12 ans, j'ai surtout joué au football en salle, et je continue de le faire quand je reviens dans mon quartier.
Vous avez dit que le football vous a sauvé la vie. De quelle manière ?
J'ai grandi avec des amis, enfin, avec des personnes que j'appelais mes amis à l'époque, qui, à 12 ans, volaient déjà, ce qui fait qu'ils possédaient pas mal de choses, alors que moi je n'avais rien. Donc j'ai fait comme eux. Mais à 13 ans, ils ont tué quelqu'un. Alors je me suis dit : "Mais qu'est-ce que je fais là ?" C'est à cette période que j'ai eu la possibilité de jouer un match auquel allait assister une personne du club Caracas. Mais comme mes crampons étaient cassés, j'ai décidé de ne pas y aller. Le jour du match, on est venu me chercher. Mon équipe perdait 0-2. "On va te prêter des crampons", m'a-t-on dit. J'y suis allé, ils m'ont fait jouer numéro 10, j'ai marqué deux buts et donné une passe décisive et nous avons gagné. C'est comme ça que j'ai eu l'opportunité d'aller à Caracas. C'est ce qui m'est arrivé de meilleur dans ma vie.
Qu'avez-vous ressenti la première fois qu'on vous a dit que vous n'y arriveriez pas, car vous étiez trop petit ?
Caracas ne voulait plus de moi, donc je devais recommencer à zéro. Je suis allé faire un essai dans un club, où un homme m'a dit que je ne pouvais pas rester à cause de mon physique. Il m'a conseillé de faire une croix sur le football. Si vous n'avez pas trop de force de caractère, vous abandonnez, et c'est ce que j'ai failli faire. Mais j'avais quand même un peu de tempérament, et j'ai décidé de ne pas me laisser influencer par ces mots. J'ai participé à un tournoi d'État à Barinas, auquel assistait "Chita" Sanvicente, qui venait d'être nommé entraîneur du Zamora FC. J'allais avoir 15 ans et il m'a vu...
Lionel Messi a-t-il été une source d'inspiration ?
Oui ! Je me disais que si, petit, il avait réussi à devenir l'un des meilleurs joueurs du monde, pourquoi pas moi ? Et puis nous avions des styles similaires. Je sentais que même si je n'arrivais pas à devenir le meilleur footballeur du monde, peut-être que je pourrais au moins me dépasser, comme lui. À mon premier fils, que j'ai eu à l'âge de 18 ans, j'ai donné comme prénoms Thiago Mateo, en référence aux enfants de Messi.
Après Zamora, Huachipato et à l'Universidad de Chile, on vous donne le numéro 10 à Santos, celui que portait Pelé. Cela vous a-t-il pesé ?
C'est moi qui ai demandé le 10 à mon arrivée ! Je savais bien ce qu'il signifiait, mais cela n'a jamais été un poids pour moi. Le jour de ma présentation, on m'a donné un maillot sans numéro. J'ai rappelé au président que je voulais le numéro 10. Il pensait que je plaisantais. Mais ils l'ont fait imprimer et quand je l'ai retourné devant le public, le stade a explosé.
Vous êtes venu à la demande de Jorge Sampaoli, qui vous a dit : "Avec moi, tu ne joueras pas tant que tu n'auras pas appris à défendre". Comment avez vous vécu cette situation ?
J'ai été titularisé assez vite, j'ai marqué un but, mais après trois ou quatre matches, on a cessé de faire appel à moi. C'est avant le clásico contre Palmeiras qu'il m'a appelé pour me dire ça. J'ai compris. Et comme j'écoute mes entraîneurs, j'ai travaillé pour changer. Aujourd'hui, je peux courir 10 ou 11 kilomètres par match. C'est l'un des entraîneurs qui, à ce jour, m'a le plus appris.
Depuis le début des qualifications, vous avez pris 3 points sur 12 possibles. Le Venezuela peut-il encore se rendre au Qatar ?
Ça a été difficile, presque inattendu. Nous avons rapidement compris que ça ne pouvait pas continuer ainsi et nous en avons discuté en interne. Nous avons le talent et les joueurs pour décrocher cette qualification, mais nous devons changer rapidement et laisser les egos de côté, entre autres. La qualité, elle s'est vue contre le Brésil, malgré notre défaite. Pareil face au Chili. Et nous continuerons à montrer de belles choses lors des prochaines journées. L'objectif est d'être au Qatar.
Quel a été le déclic pour la première victoire contre le Chili, lors de la dernière journée ?
Le déclic, ça a été de ne pas nous contenter de défendre, surtout à domicile. À l'extérieur non plus, mais là ça dépend plus de l'adversaire. En toute humilité, je préfère perdre en ayant pris l'initiative qu'en ayant subi. Je préfère passer plus de temps à me faire marquer par un défenseur qu'à le marquer lui. Contre le Chili, nous avons joué plus haut, nous avons été meilleurs dans la surface adverse et nous avons eu plus d'occasions de but.
Dans le groupe, plusieurs joueurs ont été vice-champions du monde en 2017. Quel est leur rôle ?
Nous contribuons dans la mesure de nos moyens, mais le message doit être : "Si ces garçons ont pu le faire, alors nous pouvons le faire aussi". Les supporters y croient, car ils ont vécu une finale d'une Coupe du Monde, et ils vous le font savoir. C'est plus une motivation qu'un poids.
Comment jugez-vous vos prochains adversaires : l'Équateur et le Pérou ?
L'Équateur est très compliqué, surtout à l'extérieur, mais ils viendront au Venezuela et nous devrons exploiter cette situation. Avec le Chili, nous avons pressé et joué haut, et ça a marché, même s'ils ont eu des situations de contre. Le Pérou n'a pas bien commencé, mais il vient de jouer une Coupe du Monde et a été finaliste de la dernière Copa América. Penser que le Pérou ne va pas bien serait une grave erreur.
Est-ce une obsession pour le Venezuela de jouer enfin sa première Coupe du Monde ?
C'est un objectif clair, ça fait partie de ma liste de souhaits et je donnerai tout pour qu'on y arrive. Mais ça ne m'obsède pas, sinon ça me rendrait fou et je ne pourrais pas vivre du football.
Soteldo et…
La paternité à un jeune âge. "Penser à 18 ans que j'allais être père, ça m'a fait peur, mais en même temps ça m'a aidé à devenir plus mature et ma carrière a fait un bond à ce moment-là."
La célébrité. "Au Venezuela c'est plus tranquille, mais au Brésil on vit ça intensément. Dès qu'on me reconnaît, des groupes se forment. À mes enfants, Thiago Mateo (5), Rihana (3) et Oliver (2), j'explique que ça arrive parce que papa joue bien au foot."
Son avenir. "Aujourd'hui je peux dire que je suis prêt pour franchir une autre étape, même si je suis bien à Santos. On verra après la Copa América. J'ai toujours aimé le championnat d'Angleterre."