Sur France 2, le duel Darmanin - Le Pen vire au jeu des 7 différences
POLITIQUE - “Vous êtes d’accord sur tout, tous les deux?” Il est 21h50, et Thomas Sotto le journaliste-animateur de France 2 vient, presque, de résumer les 45 minutes de débat entre Gérald Darmanin et Marine Le Pen. En opposition sur quelques...
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POLITIQUE - “Vous êtes d’accord sur tout, tous les deux?” Il est 21h50, et Thomas Sotto le journaliste-animateur de France 2 vient, presque, de résumer les 45 minutes de débat entre Gérald Darmanin et Marine Le Pen. En opposition sur quelques points, comme l’encadrement de l’instruction en famille ou le port du voile, les deux protagonistes de l’émission “Vous avez la parole” ont surtout affiché leurs convergences de vues sur plusieurs de leurs thèmes chers.
Soucieuse de ne pas reproduire le douloureux fiasco du débat présidentiel de 2017, la présidente du Rassemblement national a joué la mesure. Elle a notamment reconnu que “des articles” du projet de loi dite “séparatisme” porté par Gérald Darmanin allaient “dans le bon sens”, expliquant même qu’elle se réservait la possibilité de voter en faveur du texte actuellement en discussion à l’Assemblée nationale.
Une aubaine pour le ministre de l’Intérieur, qui a pu multiplier les piques à son encontre, allant jusqu’à accuser la députée du Pas-de-Calais d’être “branlante” sur les questions régaliennes, quand cette dernière reprochait au gouvernement de manquer de fermeté face à l’islamisme.
“J’aurais pu le signer, ce livre”
“Madame Le Pen, dans sa stratégie de diabolisation revient quasiment à être un peu dans la mollesse. Il faut reprendre des vitamines, vous n’êtes pas assez dure. Si je prends ce que dit monsieur Ravier, ce que dit madame Maréchal Le Pen, ce que dit monsieur Collard, il y a vraiment une différence forte... vous êtes prête à ne même pas légiférer sur les cultes et vous dites que l’islam n’est même pas un problème”, a ainsi lancé Gérald Darmanin à son opposante du soir qui venait pourtant de lui faire une confession: “j’aurais pu signer votre livre.”
Venue avec sa contre-proposition de loi ciblant les “idéologies islamistes” dans une poche, et le dernier ouvrage du ministre de l’Intérieur, intitulé ″Le séparatisme islamiste - Manifeste pour la laïcité”, dans l’autre, Marine Le Pen s’est retrouvée à faire dans louanges à Gérald Darmanin. “Objectivement, à part quelques incohérences (...) j’aurais pu le signer, ce livre”, a-t-elle expliqué. Et d’ajouter à l’adresse du ministre: “vous décrivez l’islamisme de manière extrêmement claire.”
Une façon pour elle de mieux critiquer la faiblesse du texte en débat au Parlement qui “limite les libertés de tout le monde pour limiter les libertés de quelques extrémistes.”Ironisant à plusieurs reprises sur la “mollesse” de la patronne du Rassemblement national, Gérald Darmanin s’est également attaché à pointer ses erreurs ou approximations, comme sur les chiffres de l’immigration. L’une des rares différences éclatantes entre les deux discours.
“On annonçait le grand duel, j’ai entendu le grand duo”
“Vous dites beaucoup de choses qui ne sont pas la vérité ou qui ne sont pas le texte, qui ne sont pas le droit”, a accusé celui qui jouait le rôle du chef de l’État par procuration. En dehors de ces quelques échanges musclés, le débat s’est révélé moins passionné qu’attendu, se résumant souvent à des batailles sémantiques.
De quoi donner un angle d’attaque tout trouvé aux élus des partis absents de la fête, qui peinaient, ce jeudi soir, à relever les fortes divergences entre les deux invités. “On annonçait le grand duel, c’est ce que vous aviez dit, moi j’ai surtout entendu le grand duo”, a d’emblée grincé le député Insoumis de Seine-Saint-Denis Alexis Corbière dans l’émission de “décryptage” qui suivait “Vous avez la parole.” “On a vu madame Le Pen dire à propos de cette loi que hormis un article sur une question secondaire, à savoir l’instruction en famille (...) elle la voterait”, a-t-il pointé.
Même sentiment du côté de Boris Vallaud. Également invité du plateau de France 2, le député socialiste des Landes a exprimé une sorte de malaise face à “une discussion badine”, ou “se posait la question de savoir sur quoi il pouvait s’entendre ou quelles étaient les différences.”
“Mais il n’y a pas de possibilité de s’entendre avec l’extrême droite et le ministre aurait dû dire avec beaucoup plus de netteté que l’adversaire de la République c’est aussi l’extrême droite”, a-t-il estimé devant Léa Salamé et Thomas Sotto.
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