Sur les vaccins contre le covid-19, comment l'Europe est passée de l’euphorie à la bérézina
Il sera sans doute temps, plus tard, de porter un jugement sur la gestion par l’Union européenne de la crise sanitaire. Hier encore, la présidente de la commission européenne Ursula von der Leyen se délivrait un auto-satisfecit pour la gestion...
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Il sera sans doute temps, plus tard, de porter un jugement sur la gestion par l’Union européenne de la crise sanitaire. Hier encore, la présidente de la commission européenne Ursula von der Leyen se délivrait un auto-satisfecit pour la gestion des vaccins devant les députés européens réunis en visioconférence. De façon concertée, Angela Merkel et Emmanuel Macron -qui n’avait même pas averti ses ministres réunis à l’Hôtel Matignon sous la houlette de Jean Castex premier ministre- chantaient les louanges de la coopération européenne, balayant d’un revers de main toutes les critiques de quelque bord que ce soit, comme si de démocratie il n’était pas question.
Un départ en fanfare
Il est vrai que lorsque la crise sanitaire s’est déclenchée, la commission a été la seule instance à agir avec célérité en finançant tous azimuts la recherche sur les vaccins à tous les laboratoires (dont les laboratoires allemands de façon généreuse), l’achat de matériel de protection, face à l’impuissance des États à se mettre d’accord sur une stratégie commune. Les chefs d’État et de gouvernement ont alors loué cette coopération européenne en oubliant de dire que la commission européenne avait sauvé l’honneur de l’Europe alors qu’au Conseil européen on se débattait sur le Brexit, le plan de relance et le budget pluriannuel 2021-2027 en estimant que tout allait pour le mieux sur les vaccins.
Puis est venu l’appel d’offres commun pour l’achat des vaccins qui avait très bien commencé. De nouveau, grâce à l’Europe, tout allait fonctionner à merveille quand d’ailleurs certains États commençaient à regarder du côté de Moscou, notamment la Hongrie avec le vaccin russe Spoutnik V, adoubé hier par la chancelière Angela Merkel.
Explosion en vol de la fusée
Les contrats étaient alors signés dans la joie et l’euphorie exhibant au peuple une méthode exemplaire. Las, alors que les services de communication voire de pure propagande gouvernementale chantaient les louanges de la gestion européenne des vaccins interdisant presque toute critique utile pour la suite du débat, les contrats se négociaient dans la plus grande opacité, tant sur les clauses contractuelles de responsabilité que sur le prix des vaccins. L’excessive lenteur de procédure -dénoncée par l’ancien président de la commission Jean-Claude Junker lui-même!- un entourage administratif et politique contesté, ont terni encore plus l’image déjà brouillée d’Ursula Von der Leyen qui aurait voulu se concentrer sur les seuls grands enjeux “nobles” de son mandat et non sur les vaccins, thème qu’elle n’a abordé que forcée et contrainte lors de son intervention au forum de Davos la semaine dernière.
Aucune place n’a été donnée aux parlementaires européens laissés sur la touche comme toujours depuis le début du mandat d’Ursula Von der Leyen, pour connaître de ces contrats dont on sait aujourd’hui que, sur des points essentiels, ils ont été mal négociés au début par une commission européenne qui a failli sur un certain nombre de points. Fidèle à son habitude, la présidente de la commission européenne semble avoir voulu laisser derrière elle les difficultés et éluder ses propres responsabilités dans cette affaire. Elle a donc eu la tentation de faire porter la responsabilité de ses échecs à la direction générale en charge du commerce, ce que les hauts fonctionnaires n’auraient guère apprécié.
La gêne provoquée par cette gestion laissant à désirer a provoqué des interrogations sur sa capacité à gérer l’exécutif européen, à tel point qu’elle a dû, lors de l’entretien accordé à plusieurs journaux européens hier, réitérer sa détermination à conduire la commission jusqu’en 2024. Signe, s’il en est, de sa fragilité croissante à la tête de l’exécutif.
La démocratie en berne
Aujourd’hui, sauf à reprendre le contrôle rapidement, l’avenir de la présidente de la commission européenne pourrait se poser. Affaiblie, cherchant à cacher ses échecs, certains estiment qu’elle n’était pas de taille pour exercer ces fonctions alors qu’Emmanuel Macron recherchait une personne ayant exercé les plus hautes responsabilités. Même à Berlin aujourd’hui, on commencerait à lui chercher un successeur.
L’intervention hier de la chancelière allemande a été on ne peut plus clair: on ne discute plus et à la question de savoir si on aurait pu acheter plus cher les vaccins, elle a sèchement répondu “Nein!” tout en disant qu’elle était d’accord pour acheter le vaccin russe et en reconnaissant que beaucoup d’autres pays allaient bien plus vite. Emmanuel Macron hier soir a aussi fait preuve d’ambiguïté en faisant une distinction entre la propriété intellectuelle et la production des vaccins.
La priorité est de faire bloc derrière Ursula Von der Leyen en étouffant le débat démocratique. On peut en effet estimer que la priorité est de lutter contre la pandémie, mais pas au point d’esquiver toute critique de la commission européenne sur cette gestion des vaccins, même si au final, il ne s’agit pas de remettre en cause le cadre européen. Mais on voit bien que les solidarités se fissurent et que chaque État va pouvoir, à l’avenir, procéder à des achats nationaux d’autres vaccins.
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