Tant de belles choses : vingt beaux duos de Françoise Hardy
“Oui, mais moi, je vais seule par les rues, l’âme en peine. Oui, mais moi, je vais seule car personne ne m’aime.” Dès son 1er (et immense) tube de 1962, Françoise Hardy affiche sa solitude et sa mélancolie, ses “jours et ses nuits, en tous...
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“Oui, mais moi, je vais seule par les rues, l’âme en peine. Oui, mais moi, je vais seule car personne ne m’aime.” Dès son 1er (et immense) tube de 1962, Françoise Hardy affiche sa solitude et sa mélancolie, ses “jours et ses nuits, en tous points pareils, sans joie et plein d’ennui”. Dans le monde merveilleux des “copains” et des surprises-parties chez les yé-yé, elle occupe une place singulière faite d’un intrigant mélange de timidité, de modestie, d’assurance et d’obstination. Autre singularité de taille : seule, Hardy l’est aussi parce qu’elle compte parmi les rares autrices-compositrices-interprètes de cette génération spontanée pop.
Pour autant, elle n’aura jamais voyagé en solitaire. Dès son 1er album, sans titre et intitulé a posteriori Tous les garçons et les filles, on trouve la griffe de Jacques Dutronc, qui signe la mélodie du Temps de l’amour. Suivront, excusez du peu, Serge Gainsbourg, Patrick Modiano, Tuca, Michel Berger, Gabriel Yared, Michel Jonasz, Jean-Claude Vannier, Étienne Daho ou Benjamin Biolay (liste non exhaustive). Mais, en dépit de cette liste impressionnante, ce n’est qu’en 1973 que sa discographie studio ouvre son micro à un autre interprète, Georges Moustaki, puis, en 1978, au plus ou moins fidèle Jacques Dutronc.
À partir du milieu des années 1990, ce qui en dit long sur la longévité de sa carrière, se multiplient les collaborations, qui expliquent combien la chanteuse autant que l’autrice et la compositrice est révérée et curieuse, proche des nouvelles générations (exemplairement Air ou Blur) comme attachée à ses amitiés (Souchon ou Birkin). En vingt duos, voici donc le parcours en forme d’itinéraire bis d’une artiste qui, plus que solitaire, est et restera unique.
Avec Tuca, Le Martien (1971)
Sur Le Martien, la Brésilienne tient une place prépondérante, tout comme sur La Question (album duquel provient ce Martien), l’un des plus beaux et mystérieux opus de Françoise Hardy, que les deux complices ont enregistré en duo. Une rencontre due à Lena – autre Brésilienne que Françoise avait connue à Rio, puis prise à son service lorsqu’elle avait choisi l’exil en France –, qui l’emmena un soir découvrir son amie Tuca en concert. Une belle histoire issue d’une belle rencontre, et pour de belles chansons, en somme.
Avec Michel Berger, Message personnel (1973)
Il n’existe malheureusement aucune trace discographique du magnifique tandem formé par Michel Berger et Françoise Hardy pour ce Message personnel, qui est en fait un quatuor, puisque Françoise y évoque Jacques, tandis que Michel pense à Véronique. Un morceau poignant, d’abord gravé par Françoise en 1973, avant que Michel Berger n’en dévoile sa version en 1980. Dix ans plus tard, sur le plateau de Champs-Élysées, l’une et l’autre nous livrent une version commune que l’on n’attendait plus.
Avec Georges Moustaki, L’Habitude (1973)
Pierre angulaire dans l’œuvre de Françoise Hardy, l’album Message personnel recèle le 1er duo de sa discographie en studio. Un entrelacs de mots et d’émotions sur la force de l’habitude, qu’elle partage avec Georges Moustaki, brillant auteur-compositeur-interprète injustement négligé, sans doute à cause de sa “gueule de métèque, de pâtre grec”, qui est souvent la seule chose que l’on retient de l’auteur de Ma solitude.
Avec Jacques Dutronc, Brouillard dans la rue Corvisart (1978)
Comme le couple Birkin/Gainsbourg, le couple Hardy/Dutronc est toujours resté gravé dans le cœur des Français et Françaises, en dépit des avanies de la vie. C’est pourquoi on ne pouvait se quitter sans traverser ce beau Brouillard dans la rue Corvisart, extrait de l’album Musique saoule, sur des paroles de Michel Jonasz et une musique de Gabriel Yared.
Avec Étienne Daho, Et si je m’en vais avant toi (1985)
Admirateur fécond, au sens où nombre de ses admirations ont abouti à des réussites artistiques, Étienne Daho réalise un rêve en 1985, enregistrant avec l’une de ses idoles (au sens sixties-yé-yé du terme). À l’écoute de cette relecture de Et si je m’en vais avant toi, il apparaît que l’entente fut immédiate, et la suite nous apprendra que l’admiration deviendra réciproque entre l’aînée et le fan.
Avec Bill Pritchard, Tommy & Co (1989)
On retrouve Étienne Daho producteur sur Three Months, Three Weeks and Two Days, album majeur de son ami Bill Pritchard, et pour lequel Daho n’hésite pas à demander à sa nouvelle amie de venir faire office de choriste. Une présence certes discrète, mais tout en sensibilité, qui fait de Tommy & Co un temps fort du disque.
Avec Malcolm McLaren, Revenge of the Flowers (1994)
Bien étrange attelage que celui du fondateur du boys-band punk Sex Pistols et de la délicate autrice de Mon amie la rose : en 1994, Malcolm McLaren se veut francophile avec Paris, sur lequel il invite également Catherine Deneuve. Tout aussi étrange est le mix de rythmes électro-tribaux et de chœurs approximatifs au-dessus desquels règne la voix impériale de Françoise Hardy sur cette Revenge of the Flowers.
Avec Blur, To the End (La Comédie) (1995)
La comédie, ici, c’est celle du grand amour sur lequel Damon Albarn pousse la voix comme rarement, à la limite de la grandiloquence, pour honorer son invitée de luxe, et, France oblige, l’accordéon est de mise, tout comme sur la version originelle gravée par les Londoniens sur Parklife en compagnie de Lætitia Sadier (Stereolab).
Avec Air, Jeanne (1998)
Planquée parmi les remixes du maxi quarante-cinq-tours Sexy Boy, se trouve Jeanne, qui “deviendra grande quand ses rêves auront changé”. Une des rares fautes de goût dans la carrière du duo Dunckel/Godin car, en effet, comment a-t-il pu ainsi cacher cette merveille où une guitare gracile et la voix de Françoise résonnent comme au plus haut de ses sixties entre deux remixes ?
Avec Perry Blake, War in France (1999)
À l’instar de l’Anglais Bill Pritchard, l’Irlandais Perry Blake a fait de la France sa terre d’adoption et de création et, comme lui, entraîne dans ses brumes mélancoliques (et sur son deuxième album Still Life) une Françoise Hardy tout en murmures et sussurrements, pour une guerre hexagonale fictive et furtive.
Avec Étienne Daho, So Sad (2000)
Quinze ans après leur rencontre sur Et si je m’en vais avec toi, Françoise Hardy convie Étienne Daho sur une fantaisie anglo-saxonne, une reprise des Everly Brothers au chaloupé de slow sixties et au charme fou, et de laquelle émane la même complicité et la même plénitude que sur leur 1er enregistrement commun.
Avec Iggy Pop, I’ll Be Seing You (2000)
Sur l’album où l’on entend So Sad (Clair-obscur), on trouve cette autre échappée anglophone, standard de Broadway, que Françoise Hardy partage avec Iggy Pop au meilleur de sa forme en crooner doux, et reprise d’un redoutable nid à duos intitulé Jazz à Saint-Germain (1997).
Avec Jacques Dutronc, Puisque vous partez en voyage (2000)
Toujours sur Clair-obscur, Françoise Hardy retrouve Jacques Dutronc. Retrouvailles d’autant plus touchantes qu’elles se font sur une chanson composée par celle qui a révélé Hardy dans son Petit Conservatoire de la chanson, Mireille. Un exercice délicieusement suranné et émouvant.
Avec Henri Salvador, Le Fou de la reine (2000)
Si la paire Keren Ann/Benjamin Biolay a profondément marqué de son empreinte la Chambre avec vue d’Henri Salvador, grâce notamment aux miraculeux Jardin d’hiver et Des ronds dans l’eau, c’est bel et bien en duo que Salvador a écrit ce Fou de la reine, élégante élégie jazzy aux balais feutrés, avec Françoise Hardy.
Avec Jane Birkin, Surannée (2004)
Lorsque Jane Birkin donne Rendez-vous à nombre de complices (Souchon, Chamfort, Bryan Ferry, Feist ou Miossec) pour un album de duos, Françoise Hardy ne pouvait être que de la fête. Ce sera sur Surannée, délicat écrin forgé par la paire Benjamin Biolay/Keren Ann, où les deux icônes semblent bien s’amuser d’elles-mêmes.
Avec Benjamin Biolay, Adieu triste amour (2005)
Françoise Hardy intervient à deux reprises sur À l’origine de Benjamin Biolay, en parlé-chanté sur Mon amour m’a baisé, puis en majesté sur Adieu triste amour avec ces mots désabusés : “Rien dans ce monde ne me retient.”
Avec Alain Bashung, Que reste-t-il de nos amours ? (2006)
Est-ce le Rendez-vous donné par Jane B. deux ans plus tôt qui a inspiré (Parenthèses…) de Françoise H. ? Quoi qu’il en soit, sur cet album en partage, on découvre un Alain Bashung à la voix tout en rétention, pour une promenade sur les brisées de Charles Trenet.
Avec Rodolphe Burger, Cet enfant que je t’avais fait (2006)
Tout comme Jane Birkin a partagé La Grippe avec Étienne Daho sur Rendez-vous, Françoise Hardy choisit, elle aussi, de reprendre un duo de Jacques Higelin et Brigitte Fontaine, Cet enfant que je t’avais fait, dans une revisite presque rêveuse en compagnie de la voix profonde de l’Alsacien Rodolphe Burger.
Avec Alain Souchon, Soleil (2006)
Certes, il y a du Trenet, du Fontaine/Higelin et du Biolay dans ces belles (Parenthèses…). Mais Françoise Hardy n’hésite pas non plus à y réinterpréter son propre répertoire. Ainsi fait-elle briller son Soleil de 1970 dans une version folk tout en dentelles mélodiques, accompagnée d’Alain Souchon et du violon d’Anne Gravoin.
Avec Alain Delon, Modern Style (2006)
“La vie est faite de morceaux qui ne se joignent pas”, nous dévoilent Alain Delon et Françoise Hardy dans une reprise d’un morceau du mystérieux et talentueux Jean Bart, qui semble tisser un lien avec Je fais des puzzles, coécrite par le pas encore prix Nobel de littérature Patrick Modiano en 1970.