Tchad: plusieurs morts dans les affrontements avec la junte au pouvoir

INTERNATIONAL - Au moins cinq personnes ont été tuées mardi 27 avril dans des manifestations à N’Djamena et dans le Sud du Tchad contre la junte militaire qui a pris le pouvoir après la mort du président Idriss Déby Itno, il y a une semaine,...

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INTERNATIONAL - Au moins cinq personnes ont été tuées mardi 27 avril dans des manifestations à N’Djamena et dans le Sud du Tchad contre la junte militaire qui a pris le pouvoir après la mort du président Idriss Déby Itno, il y a une semaine, a annoncé le Parquet.

“On dénombre au total quatre morts à N’Djamena”, dont une femme “tuée par les manifestants”, a indiqué Youssouf Tom, procureur de la capitale. Plus tôt dans la journée, son homologue à Moundou, la deuxième ville du Tchad, à quelque 400 km au sud de N’Djamena, avait aussi confirmé la mort d’un manifestant sur place.

À Paris, le président français Emmanuel Macron a “condamné avec la plus grande fermeté la répression” et appelé à “une transition pacifique, démocratique et inclusive”. Il était le seul chef d’État occidental à avoir assisté vendredi 23 avril à N’Djamena aux obsèques d’Idriss Déby, apportant à son fils, qui lui avait immédiatement succédé, le “soutien de la France” et des pays du Sahel au “processus de transition civilo-militaire”.  

La France considère le Tchad comme son principal allié militaire dans la lutte contre les jihadistes au Sahel. Comme le faisait systématiquement son père le maréchal Déby, qui a dirigé le pays d’une main de fer, son fils le général Mahamat Idriss Déby, à la tête d’un Conseil Militaire de Transition (CMT) de 15 généraux, a interdit les manifestations de mardi à l’appel de l’opposition et de la société civile qui dénoncent un  “coup d’Etat institutionnel” et une “succession dynastique” au pouvoir.  

Des groupes de dizaines de personnes s’étaient rassemblés dans différents endroits de la capitale au cours de la matinée, cherchant à éviter des policiers omniprésents qui les dispersaient à coup de grenades lacrymogènes, selon des journalistes.

Plusieurs témoins ont fait état de “plusieurs morts” à N’Djamena mais celles-ci n’ont pu être confirmées de source indépendante et le parquet n’a confirmé la mort que d’une femme tuée “par des manifestants”. 

“J’ai réceptionné le corps d’un homme âgé de 19 ans qui a reçu une balle à la poitrine”, a également assuré un responsable de la morgue de N’Djamena, Roger Djimasngar.

À N’Djamena, “les manifestants ont attaqué un bus dans le quartier de Dembé, certains passagers ont fui mais une dame est restée et a été tuée par les manifestants”, a déclaré le procureur de la République Youssouf Tom.

“Il y a eu un mort à Moundou, décédé ce matin dans les manifestations, nous n’avons pas encore les circonstances exactes du décès, c’est un jeune de 21 ans”, a également annoncé par téléphone à l’AFP Ali Kolla Brahim, le procureur de la République de la deuxième ville du Tchad, à environ 400 km au sud de N’Djamena. Des policiers ont tiré sur ce jeune qui venait de jeter une pierre sur leur voiture, a affirmé à l’AFP Ahmat Malloum, haut fonctionnaire responsable des médias d’État à Moundou.

“Gouverner dans le sang”

“On en a marre, marre, marre de la dynastie monarchique au Tchad”, a lancé Sarah, la trentaine, dans un petit rassemblement à N’Djamena. 

Des traces noires de pneus calcinés jonchaient le goudron pendant que d’autres brûlaient encore. Des détonations de grenades de gaz lacrymogènes résonnaient ça et là.

“Les militaires ont annoncé la couleur: gouverner dans le sang. Les forces de l’ordre ont tiré à balles réelles sur des jeunes pour réprimer une marche pacifique”, a tweeté Saleh Kebzabo, l’opposant historique à Idriss Déby Itno.

“Les Tchadiens sont debout, nous n’allons plus jamais reculer (...), nous allons continuer à marcher”, a également déclaré Succès Masra, l’un des opposants les plus farouches au régime.

Dès l’annonce par l’armée mardi 20 avril de la mort, la veille au combat contre des rebelles dans le nord, du Maréchal Déby, son fils Mahamat, proclamé Président de la République et chef suprême des armées à la tête de son CMT, a abrogé la Constitution et dissous le gouvernement et l’Assemblée nationale. Et promis des ”élections libres et démocratiques” dans 18 mois.

Sur le perron de l’Élysée à Paris, Emmanuel Macron a également assuré mardi qu’il n’était “pas pour un plan de succession” à la tête du Tchad. A ses côtés, Félix Tshisekedi, le président de République Démocratique du Congo (RDC) et président en exercice de l’Union africaine, a également demandé au CMT de “très vite revenir à l’ordre démocratique”.

Mahamat Idriss Déby a nommé lundi Albert Pahimi Padacké, dernier Premier ministre d’Idriss Déby, au poste de chef du gouvernement de transition.

Le 11 avril, jour de la présidentielle qu’Idriss Déby avait remporté avec 79,32% des voix, le Front pour l’Alternance et la Concorde au Tchad (FACT), l’un des nombreux groupes rebelles tchadiens, avait lancé une offensive.

C’est en allant diriger lui-même les combats dans le nord du pays qu’Idriss Déby a été tué par les rebelles, a affirmé le CMT.  

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