TEMOIGNAGE. "Adopter un enfant de 10 ans, c'est une adoption dans les deux sens"

Pourquoi l'adoption de Renan a-t-elle demandé plus de cinq ans ?FRANÇOIS : Pour un couple homosexuel, pas mal de portes sont fermées dès le départ. Avec Philippe, on voulait adopter en France un enfant de moins de 4 ans. Le conseil départemental...

TEMOIGNAGE. "Adopter un enfant de 10 ans, c'est une adoption dans les deux sens"

REJOINDRE L'ÉQUIPE DE RÉDACTION

Tu penses avoir un don pour la rédaction ?
Contacte-nous dès maintenant pour rejoindre notre équipe de bénévoles.

POSTULER

REJOINDRE L'ÉQUIPE DE RÉDACTION

Tu penses avoir un don pour la rédaction ?
Contacte-nous dès maintenant pour rejoindre notre équipe de bénévoles.

POSTULER

REJOINDRE L'ÉQUIPE DE RÉDACTION

Tu penses avoir un don pour la rédaction ?
Contacte-nous dès maintenant pour rejoindre notre équipe de bénévoles.

POSTULER

Pourquoi l'adoption de Renan a-t-elle demandé plus de cinq ans ?

FRANÇOIS : Pour un couple homosexuel, pas mal de portes sont fermées dès le départ. Avec Philippe, on voulait adopter en France un enfant de moins de 4 ans. Le conseil départemental de l'Essonne a pris son temps pour nous faire comprendre que le conseil de famille de l'Essonne, qui nous a délivré l'agrément sans problème, privilégiait les couples hétérosexuels. On s'est alors tournés vers l'international avec Médecins du Monde. À ce moment-là, seul le Brésil autorisait l'adoption homoparentale, soit pour une fratrie soit pour un enfant d'au moins 9 ans. Il a fallu refaire une demande d'agrément. Deux ans plus tard, Médecins du Monde a arrêté l'adoption internationale et transféré notre dossier à la COFA, l'association de l'adoption au Brésil. Un an après, on a eu Renan.

On peut dire qu'à 10 ans, Renan vous a lui aussi adoptés.

Oui, c'est une adoption dans les deux sens. On a passé deux mois au Brésil pour les démarches administratives et le stage de «convivence», ou d'adaptation avec lui. On a appris à vivre ensemble, on s'est découverts. On était très transparents. On lui disait qu'il était libre de dire non s'il ne nous aimait pas. Mais que nous aussi on pouvait dire non.

Comment s'est posée la question de l'adoption par deux papas pour Renan ?

La psychologue de l'orphelinat lui a demandé si ça le dérangerait. Il a réfléchi et a voulu savoir s'il y avait des câlins et des bisous comme dans une famille avec une maman et un papa, s'il y avait autant d'amour. Elle lui a répondu que ça ne changeait rien. Il a alors accepté. Une fois confronté à la réalité, c'était plus compliqué. Au Brésil, dès qu'il y avait du monde, il s'éloignait de nous. On lui a expliqué qu'il n'avait pas à avoir honte de nous. Il a peu à peu réalisé qu'avoir deux papas ne posait pas de problème aux autres. C'est donc passé. On a senti que seul le regard des autres le gênait. En France, il a vu que ce n'était problématique pour personne : famille, amis, école. Philippe enseigne au collège, où tout le monde connaît notre histoire. Renan n'a plus d'inquiétude.

Quand vous êtes-vous senti père ?

Dès que j'ai vu les photos de Renan. Puis, j'ai compris que ce n'est pas aussi simple. Il y a des moments où je me dis : «Ça y est, je suis père.» Trois jours après, Renan fait quelque chose qui remet tout en cause et je me demande : «Ai-je raté un truc ? Est-ce que je me comporte comme un père avec lui ? Est-ce que je fais ce qu'il faut pour lui ?» C'est une remise en question continuelle.

Infrarouge : Le Roman de Renan © © CHASSEUR D'ÉTOILES Infrarouge : Le Roman de Renan © © CHASSEUR D'ÉTOILES Infrarouge : Le Roman de Renan © © CHASSEUR D'ÉTOILES Infrarouge : Le Roman de Renan © © CHASSEUR D'ÉTOILES Infrarouge : Le Roman de Renan © © CHASSEUR D'ÉTOILES Infrarouge : Le Roman de Renan © © CHASSEUR D'ÉTOILES