TEMOIGNAGE. Michel Parigot : "Il faut pouvoir juger les responsables des catastrophes sanitaires"
Télé Star : Les victimes de l'amiante ont déposé plainte dès 1996.Pourquoi n'y a-t-il pas eu de procès au pénal ?MICHEL PARIGOT :Parce que tout a été fait pour qu'il n'y en ait pas. Le scandale sanitaire se double d'un scandale judiciaire....
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Télé Star : Les victimes de l'amiante ont déposé plainte dès 1996.Pourquoi n'y a-t-il pas eu de procès au pénal ?
MICHEL PARIGOT :Parce que tout a été fait pour qu'il n'y en ait pas. Le scandale sanitaire se double d'un scandale judiciaire. Une seule juge d'instruction, Mme Bertella-Geffroy, a essayé de mener une instruction de 2003 à 2013, mais les moyens ne lui ont pas été donnés et le parquet n'a cessé de lui dresser des obstacles. Ses successeurs ont arrêté les enquêtes !
Pour quelles raisons ?
Le problème est que ces plaintes mettaient directement en cause le lobbying du Comité permanent amiante composé d'industriels, de scientifiques et des pouvoirs publics - soit les ministères. Le procès du sang contaminé a traumatisé les politiques et le Code pénal a été modifié en 2000 pour limiter la possibilité de poursuivre les décideurs. En matière de santé publique, aucun décideur au niveau national n'a été mis en cause depuis 2000.
Comment fonctionnait le Comité permanent amiante ?
Créé par les industriels de l'amiante en 1982 pour éviter l'interdiction de ce matériau, il a décidé pendant treize ans de la politique sanitaire française en matière d'amiante à la place des pouvoirs publics. Il avait l'apparence d'une structure de concertation mais le fonctionnement d'une mafia. Ses membres étaient présents à titre personnel, y compris les représentants des ministères. Les nouveaux entrants étaient préalablement adoubés. Les industriels finançaient tout et décidaient de tout en amont. Sa stratégie était de contrôler le discours scientifique et l'administration pour avoir la main sur l'information du public et l'action du politique. Il contrôlait tout.
Le Comité anti-amiante Jussieu peut-il aujourd'hui nommer les responsables de ce scandale sanitaire ?
Oui. Notre nouvelle action judiciaire est une citation directe qui nous permet de saisir le tribunal pénal sans passer par l'instruction d'un juge. Nous donnons les noms des personnes que nous estimons responsables et contre lesquelles nous avons assez de preuves. En faisant nous-mêmes l'instruction, en deux ans et sans les moyens de l'institution judiciaire, nous avons trouvé plus de preuves que les juges depuis 1996. Je ne sais pas si quelqu'un sera condamné, mais le simple fait d'avoir un procès et que les responsabilités soient enfin pointées serait déjà une victoire.
Depuis 1994, vous n'avez pas baissé les bras...
Nous avons promis à des victimes, décédées depuis, qu'il y aurait un procès pénal. Nous leur devons, comme nous le devons aux victimes toujours en vie. Nous n'avons pas le droit d'abandonner. Il faut pouvoir juger les responsables des catastrophes sanitaires, pour les victimes et pour l'avenir.
Le Monde en face : Amiante, un espoir de justice © © Bangumi Le Monde en face : Amiante, un espoir de justice © © Bangumi Le Monde en face : Amiante, un espoir de justice © © Bangumi Le Monde en face : Amiante, un espoir de justice © © Bangumi Le Monde en face : Amiante, un espoir de justice © © Bangumi Le Monde en face : Amiante, un espoir de justice © © Bangumi