“The Boys Next Door”, le film qui inventa les “incels” ?

Quelle est l’origine de la violence masculine ? Comment expliquer le quasi-monopole de la violence physique et sexuelle détenu par les hommes ? Une des grandes séries de ces dernières années, Mindhunter, s’emparait de cette question en l’articulant...

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Quelle est l’origine de la violence masculine ? Comment expliquer le quasi-monopole de la violence physique et sexuelle détenu par les hommes ? Une des grandes séries de ces dernières années, Mindhunter, s’emparait de cette question en l’articulant autour d’un des déchaînements de violence les plus extrêmes qui soient, celui exercé par les tueurs en série.

Si le film se place à l’exact opposé de la série de David Fincher (la frénésie meurtrière d’un serial killer qui se découvre vs. son analyse a posteriori et une fois incarcéré), The Boys Next Door, titré au moment de sa sortie française en 1987 De Sang-froid, est traversé, trente ans plus tôt, par les mêmes obsessions.

Le générique de ce film réalisé par Penelope Spheeris (à qui on doit notamment Wayne’s World, 1992) fait même écho aux protagonistes de la série puisqu’il est constitué d’un enchaînement de microportraits des tueurs en série qu’on retrouvera dans Mindhunter.

Après cette introduction macabre, le 1er tiers de The Boys Next Door embrasse tous les codes du teen movie façon récit d’apprentissage entre garçons.

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Roy et Bo (Maxwell Caulfield, star de Grease 2 mais qui ne fera plus rien de vraiment notable ensuite, et Charlie Sheen dans un de ses 1ers films) viennent d’obtenir leur bac. Avant d’aller travailler à l’usine comme leurs pères, ces deux potes marginalisés par leur incapacité à se mêler aux autres, leur fascination morbide pour le crime et leur machisme cultivé sur la frustration d’une virginité qui tarde à se perdre s’offrent un dernier week-end de liberté à Los Angeles. Roy révèle alors à Bo son goût pour le meurtre et entraîne son meilleur ami dans une cavale sanglante.

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Si le film n’est pas démonstratif, sa façon de faire du contexte affectivo-social des deux garçons l’unique terreau de la violence dont ils sont capables est maladroite. Des parents absents, le manque de perspectives professionnelles et une éducation bâtie sur la haine des femmes et des homosexuel·les ne suffisent pas à faire des deux jeunes hommes de tels meurtriers. The Boys Next Door explique aussi en filigrane la collision produite entre l’horreur et son incompréhension.

Plus teen movie dégénérescent que film social, et donc plus intéressé par le romantisme que le réalisme, il explique le moment d’une radicalisation, ce passage à l’acte entre une frustration propre au conditionnement au masculin de jeunes hommes issus des classes populaires américaines de l’époque (les “boys next door” du titre) et la pire des violences comme exutoire à cette frustration. The Boys Next Door est un film rêche, le constat terrifié et terrifiant d’un profond malaise dans la masculinité et un exemple hyperbolique de ses ravages.

The Boys Next Door de Penelope Spheeris, avec Maxwell Caulfield, Charlie Sheen (E.-U., 1985, 1 h 30). En DVD et Blu-ray (Carlotta) le 19 mai