“The Last Hillbilly”, au cœur de l’Amérique de Trump

Par un heureux hasard de calendrier, The Last Hillbilly sort quelques semaines après Une Ode américaine (le navet de Ron Howard sur Netflix, composé avec une matière proche mais une manière on ne peut plus opposée), dans un contexte politique...

“The Last Hillbilly”, au cœur de l’Amérique de Trump

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Par un heureux hasard de calendrier, The Last Hillbilly sort quelques semaines après Une Ode américaine (le navet de Ron Howard sur Netflix, composé avec une matière proche mais une manière on ne peut plus opposée), dans un contexte politique qui le rend d’autant plus pertinent. S’il tient tout seul sur ses deux jambes, sans béquille évènementielle, le 1er long métrage de Diane-Sara Bouzgarrou et Thomas Jenkoe se révèle particulièrement saisissant à la lumière du choc électoral qui a vu 74 millions d’Américain·es (un record) voter pour Donald Trump en novembre.

Entre autres grandes qualités, le documentaire de ces deux jeunes cinéastes français·es a le mérite de montrer, sans aucune condescendance, et avec un sens aigu de l’observation (qui se rapproche du travail au long cours de Roberto Minervini ou Nicolas Peduzzi), un morceau du Trumpland, hameau du Kentucky où le temps semble s’être arrêté il y a quarante, cinquante voire soixante ans.

>> A lire aussi : Ron Howard signe une “Ode américaine” où tout sonne faux

“Ignorants, mal éduqués, pauvres, violents, racistes”

Brian, le personnage principal, filmé avec sa famille entre 2015 et 2019, en plaisante lorsqu’il explique, face caméra, à l’issue d’une incantation poétique dont il a le secret, ce qu’est un hillbilly : “Il y a toutes ces histoires qu’on explique sur nous, tous ces livres qu’on a écrits… Tout le monde pense que nous sommes ignorants, mal éduqués, pauvres, violents, racistes, consanguins… et tout ceci est vrai.” C’est peut-être vrai, et pourtant cela ne dit rien sur Brian, autoproclamé dernier hillbilly – un terme popularisé durant la Grande dépression des années 1930, décrivant les habitant·es blanches et pauvres des montagnes Appalaches.

Descendant de mineurs de charbon (minerai dont l’est du Kentucky regorgeait avant que les filons ne s’épuisent) et d’agriculteur·trices (métier qu’il exerce lui-même), le jeune homme pratique une forme de poésie brute, avec beaucoup de talent. Ses textes, lus de sa voix profonde, agissent en contrepoint des images, souvent contemplatives, du couple. Ils décrivent sa terre et le mal qui semble l’affecter ; ils évoquent une maladie qui tuerait les bêtes ; ils expliquent la fierté, en même temps que la difficulté, d’habiter dans ce trou oublié de tous…

Vénéneux et mystérieux, quoiqu’un peu évanescent, le film émeut véritablement dans son dernier mouvement, lors d’une longue scène au coin du feu, où Brian, tel un vieux sorcier faulknerien, explique des histoires à ses enfants. Leur souvenir est tout ce qui restera de ce monde en décrépitude.

The Last Hillbilly de Diane-Sara Bouzgarrou et Thomas Jenkoe (Fr., Qat., 1 h 20, 2020). En salle le 9 juin