"The Voice" et le rap: c'est quoi le problème?
MUSIQUE - Genre musical le plus écouté de France, le rap reste encore quasi-inexistant à la télé. Au point où la moindre note sur nos écrans est vue comme une mini-révolution. L’émoi de Soprano, qui avait rejoint les bancs du jury de “The Voice”,...
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MUSIQUE - Genre musical le plus écouté de France, le rap reste encore quasi-inexistant à la télé. Au point où la moindre note sur nos écrans est vue comme une mini-révolution. L’émoi de Soprano, qui avait rejoint les bancs du jury de “The Voice”, devant la prestation de Sidoine sur “Réseaux” de Niska, en 2019 peut en témoigner.
Aucune édition du célèbre télé-crochet n’a encore été remportée par un rappeur. On se souvient de vainqueurs comme Kendji Girac en 2014 avec sa pop ou Lilian Renaud en 2015 qui avait brillamment interprété une chanson de Francis Cabrel lors des auditions à l’aveugle. On se rappelle également de Whitney Marin, cette jeune femme de 19 ans qui avait époustouflé le jury avec sa reprise d’“I will always love you” de Whitney Houston en 2019. Mais aucun moment fort de l’émission de TF1 ne rime avec le genre musical le plus populaire de l’Hexagone.
La nouvelle édition de “The Voice” débute ce samedi 6 février et Le HuffPost a souhaité interroger des experts quant à cette faible représentativité du rap dans l’émission. Cette saison 2021, changera-t-elle la donne?
Pas de rappeur au casting
Selon Bruno Berberes, directeur des castings de “The Voice”, un large déséquilibre apparaît dès le départ: “Ce n’est pas parce qu’on ne les accepte pas, mais parce qu’ils ne veulent pas venir, remarque-t-il. Peut être, se disent-ils qu’ils n’y ont pas leur place.”
“Les artistes urbains se disent d’emblée que c’est mort”, renchérit l’animatrice de “Légendes Urbaines”, Juliette Fievet, dont le programme donne la parole aux acteurs des cultures urbaines sur RFI et France 24. Il manque en tous cas de modèles de réussites dans le télé-crochet...
La performance vocale avant tout
Faut-il aller démarcher plus de rappeurs, leur prévoir une place plus importante sur la grille de départ de l’émission présentée par Nikos Aliagas? “On n’a pas de quota, on ne se pose jamais la question de savoir s’il y a assez de folk, de pop, etc.”, répond le directeur des castings au HuffPost. Et d’ajouter: “La seule question que l’on se pose vraiment c’est si l’on a suffisamment de chanson française car on adore la chanson française”. On comprend donc mieux pourquoi la variété française est toujours aussi présente dans le télé-crochet.
Tout est question de performance vocale selon Bruno Berberes. La traduction littérale du nom de l’émission est “la voix”. Le jury de “The Voice” admet donc être à la recherche de la meilleure prestation vocale avant tout, et non pas d’un style de musique en particulier. “La musique va de A à Z et ça n’exclut aucune lettre. Tant que le travail est fait avec amour, passion et authenticité, toutes les performances sont reçues dans ‘The Voice’”. S’il y a quinze rappeurs, ce n’est pas dérangeant du moment qu’ils savent chanter”, nous explique-t-on.
D’ailleurs, le rap est un genre qui inspire certains candidats de l’émission. Plusieurs d’entre eux ont déjà tenté des reprises de Damso, Niska, Lomepal ou Diam’s. Mais presque systématiquement avec une reprise se rapprochant plus de la pop que du rap.
Ainsi, pour Bruno Berberes la voix parlée n’a pas vraiment sa place dans l’émission, “tout comme Léo Ferré ne l’aurait pas eue”, déclare-t-il. C’est peut être ici que s’illustre l’une des différences majeures entre le rap et les autres musiques. Nombreux sont ceux pratiquant le slam or, ce n’est pas ce que recherche le jury de “The Voice”.
De nouveaux programmes pour le rap ?
Juliette Fievet, estime qu’il est “difficile de comparer un rockeur avec un rappeur”. D’où la pertinence, selon elle, d’imaginer des programmes propres pour le rap et la musique urbaine. C’est d’ailleurs ce qui l’a poussée à créer “Légendes Urbaines”, une réponse au manque représentativité de ce genre musical à la télévision.
“Certains disent que ça ne sert à rien que les rappeurs apparaissent à la télé car ceux qui demandent à voir du rap vont plutôt sur internet. Mais, ça n’est qu’une conséquence”, déclare Juliette Fievet au HuffPost. “Les artistes urbains ont appris à vivre grâce à internet, mais évidemment qu’ils préféreraient passer à la télé, qu’on soit honnêtes.”
Le rap a-t-il sa place sur TF1 en prime time un samedi soir? “Il est vrai que si un rappeur dont les textes sont assez hardcores se présente aux auditions à l’aveugle, je ne suis pas sûr que toutes les personnes âgées comprendront ses paroles”, répond Bruno Berberes. “TF1 a toujours orienté ses programmes pour la ménagère de 50 ans, les provinciaux ou encore les retraités et non pour les jeunes générations qui écoutent énormément de rap”, analyse plutôt notre experte. Ce qu’elle considère comme incohérent au regard du succès du rap.
Sans même parler de “streams”, si l’on prend les chiffres du Syndicat National de l’Édition Phonographique (SNEP), dans les 20 meilleures ventes d’albums du premier semestre 2020, tous artistes confondus, 13 albums sont signés par des rappeurs. Le top des 10 meilleurs artistes sur cette période montre, lui, que six d’entre eux sont également des rappeurs, parmi eux Jul, Ninho ou Nekfeu.
En revanche, si l’on prend la catégorie des 20 clips les plus diffusés à la télévision seuls trois d’entre eux sont ceux d’artistes urbains: Soprano, Gradur et Nicki Minaj. “Je pense donc que les personnes en charge des programmes auraient intérêt à montrer du rap et de la musique urbaine à la télé pour faire plus d’audiences”, ajoute Juliette Fievet.
Vald en soutien de Marc Lavoine
Mais des changements s’opèrent. Naturellement ou non. L’artiste Vald fait, par exemple, partie des “co-coachs” de cette dixième saison. Le rappeur français de 28 ans, qui a récemment dévoilé son album “Horizon Vertical”, viendra soutenir Marc Lavoine et ses talents.
Selon Bruno Berberes, ce choix s’explique tout simplement car les deux “se connaissent dans la vie, ils ont travaillé ensemble et s’admirent.” Il n’a jamais été question de choisir Vald car il fait du rap. “Vous savez la musique ça doit être fluide, on ne se choisit pas parce qu’on est un tel ou un tel. C’est comme nos amis, on ne les choisit pas.”
Cela suffira-t-il à réconcilier “The Voice” et la planète rap? Cette saison nous le dira...
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