The White Stripes, histoire d’un duo électrique

Extérieur, nuit. Une Jaguar blanche modèle XJS coupé de 1989, immatriculée dans le Michigan, traverse la ville délabrée de Detroit. A son bord, deux amant·es immortel·les et blafard·es contemplent les vestiges d’un monde arrivé à son terme....

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Extérieur, nuit. Une Jaguar blanche modèle XJS coupé de 1989, immatriculée dans le Michigan, traverse la ville délabrée de Detroit. A son bord, deux amant·es immortel·les et blafard·es contemplent les vestiges d’un monde arrivé à son terme. Ici, on ne sait pas quand, tout n’est que ruines.

Un paysage post-Tchernobyl défile : l’ancienne usine de montage automobile Packard, qui autrefois employait plus de 40 000 personnes, le Michigan Theatre – cet ancien cinéma transformé en parking, mais dont les ornements en lambeaux et la grande coupole attestent de l’existence passée d’une époque faste – et une maison modeste, semble-t-il intacte, avec un porche éclairé par une petite lanterne. Signe que, peut-être, quelque chose a survécu. “C’est la maison de Jack White, c’est ici qu’il a grandi”, nous rencarde le chauffeur. “Oh, j’adore Jack White. Little Jack White”, s’émerveille sa concubine.

38332WStripesport1.jpgJack White à Paris, en 2003 © Benni Valsson pour Les Inrockuptibles

La scène, qui fige désormais pour toujours le fondateur des White Stripes dans le marbre de la culture populaire américaine au même titre que les gueules cassées du blues dont il chérit la musique et la mémoire, est extraite du film de Jim Jarmusch Only Lovers Left Alive (2013). Jarmusch, un autre enfant du Midwest (il est né à Akron, dans l’Ohio) et musicien à ses heures (il fonda le groupe The Del-Byzanteens, joyau de la scène no wave new-yorkaise du début des années 1980, et fait actuellement partie du duo SQÜRL).

Le rouge et le blanc

C’est dans cet écrin bétonné et transpercé par la végétation, ancien poumon économique et industriel des Etats-Unis où le rêve américain s’est échoué, que tout a commencé. Au mitan des années 1990, le jeune John Anthony Gillis, septième fils d’une fratrie de dix mioches issue de la classe ouvrière, fait ses armes de musicien au sein d’une poignée de formations garage rock du cru : The Go (leur premier album, Watcha Doin’, sortira en 1999 chez Sub Pop), Goober & the Peas, The Upholsterers.

Fun fact, ce dernier groupe, formé avec Brian Muldoon, un pote de la famille Gillis qui prendra Jacko sous son aile dans sa boîte de tapissiers, connaîtra son quart d'heure de gloire en 2014, quand deux Américains découvriront dans leur sofa un 45 tours du groupe. Deux singles planqués dix ans plus tôt par ces gros malins, trop conscients que l’Amérique, c’est surtout des mythologies instantanées, pour célébrer les 25 ans de l'entreprise de Muldoon.

En 1996, il épouse Meg White, qui habite l’est de la ville, et prend son nom de famille. Ils divorceront en 2000, tout en se faisant passer auprès des médias pour des frère et sœur, façon de brouiller les pistes. Entre-temps, en 1998, sous le nom de The White Stripes, Meg et Jack White sortent chez Italy Records, petit label local fondé par Dave Buick – aujourd’hui boss de l’usine de pressage de vinyles de Third Man Records, le label de Jack – un 45 tours liminaire mis en boîte dans l’urgence avec des moyens dérisoires.