The Specials, toujours politiques, compilent leurs “Protest Songs”
Il y a tout juste quarante ans sortait Ghost Town, single monumental qui, sur des rythmiques dub et des airs de manège désenchanté, chroniquait une Grande-Bretagne en ruine, entre un chômage omniprésent, un désespoir social et une violence...
REJOINDRE L'ÉQUIPE DE RÉDACTION
Tu penses avoir un don pour la rédaction ?
Contacte-nous dès maintenant pour rejoindre notre équipe de bénévoles.
REJOINDRE L'ÉQUIPE DE RÉDACTION
Tu penses avoir un don pour la rédaction ?
Contacte-nous dès maintenant pour rejoindre notre équipe de bénévoles.
REJOINDRE L'ÉQUIPE DE RÉDACTION
Tu penses avoir un don pour la rédaction ?
Contacte-nous dès maintenant pour rejoindre notre équipe de bénévoles.
Il y a tout juste quarante ans sortait Ghost Town, single monumental qui, sur des rythmiques dub et des airs de manège désenchanté, chroniquait une Grande-Bretagne en ruine, entre un chômage omniprésent, un désespoir social et une violence latente prête à exploser à la moindre étincelle. Inspiré par les émeutes de 1981 qui protestaient contre les violences policières envers les populations noires, ce morceau fait une apparition remarquée en 2020 dans les classements de streaming avec une résonance particulière : c’est le confinement qui explique alors toutes ces “villes fantomatiques”.
Pourtant, les raisons de s’insurger restent nombreuses dans l’Angleterre post-Brexit. Séparés plusieurs fois pour se réunir dans diverses configurations (sans Jerry Dammers, génial songwriter en chef jusqu’en 1984), les Specials ont montré ces derniers temps qu’ils parvenaient encore à subjuguer lors de leurs concerts enflammés mais aussi en studio, sur l’album Encore (2019).
Des morceaux en réaction aux événements récents
Portés par cet élan créatif et par les musiciens talentueux qui les ont rejoints (notamment le guitariste Steve Cradock et le batteur Kenrick Rowe), Terry Hall, Lynval Golding et Horace Panter font leur retour. “Début 2020, nous avions commencé à faire un album reggae avant de tous tomber malades du Covid-19, ce qui nous a obligés à mettre l’album en stand-by”, expliquent-ils dans une série de tweets.
Choqués par le meurtre de George Floyd, ils acceptent la proposition de Terry Hall de se réorienter vers des morceaux en réaction aux événements récents. “L’envie irrépressible de pester contre ce qui ne va pas dans le monde et de suggérer comment cela pourrait aller mieux ne date pas d’hier, et les Specials ont un passé de revendications, de luttes pour la justice et l’égalité”, écrivent-ils encore.
Comme son titre l’indique, ce nouvel album propose des chansons contestataires, composées entre 1924 et 2012. Alors que beaucoup tombent dans les pièges de la chanson engagée (raisonnements simplistes, paroles démagogiques), les Specials revisitent avec finesse et classe les luttes d’hier qui, hélas, restent d’actualité, des violences policières au racisme, en passant par la quête de liberté.
Ils piochent dans un répertoire qui ne se résume pas au ska. La soul des Staple Singers (le rutilant Freedom Highway) ; le reggae de Bob Marley (Get Up, Stand Up, transformé en ballade acoustique) ; le folk ténébreux de Leonard Cohen ; le postpunk des Talking Heads ; des standards blues ou gospel ou encore le rock expérimental de Frank Zappa figurent au programme, unifiés par une production épurée et par un militantisme convaincant. Point culminant : Fuck All the Perfect People, slow patraque signé Chip Taylor, que Terry Hall illumine de son timbre doux-amer, entre émotion poignante et ironie désabusée – ou comment mettre à nu sa propre singularité en empruntant les mots d’un autre.
Protest Songs 1924-2012 (Virgin Records/Universal). Sorti depuis le 24 septembre.