Tour de France 2021: de sacrés candidats pour succéder à Pogacar
CYCLISME - La quête de la toison d’or. À partir de ce samedi 26 juin, 184 forçats de la route s’élancent de Bretagne pour un Tour de France qui va les voir parcourir plus de 3.400 kilomètres, franchir des cols, traverser des fleuves et essuyer...
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CYCLISME - La quête de la toison d’or. À partir de ce samedi 26 juin, 184 forçats de la route s’élancent de Bretagne pour un Tour de France qui va les voir parcourir plus de 3.400 kilomètres, franchir des cols, traverser des fleuves et essuyer des rafales de vent. Leur objectif: rallier Paris avec sur le dos le célèbre maillot jaune synonyme de victoire finale.
Du moins, c’est le but des meilleurs d’entre eux, la plupart des coureurs essayant déjà de regagner sains et saufs la capitale française, voire de briller dans un classement annexe.
Mais contrairement aux dernières années, qui ont vu les périodes de domination se succéder pour des raisons plus ou moins légales, difficile de savoir qui portera “la pancarte”, comme on dit dans le jargon, c’est-à-dire de dégager un favori clair pour succéder au Slovène Tadej Pogačar, auteur d’un coup de force mémorable l’an passé. Passage en revue des principaux candidats à la victoire finale à Paris, le 18 juillet prochain.
Tadej Pogačar, le petit prince de la route
On l’écrivait en août dernier dans notre présentation du Tour 2020: le jeune Slovène d’alors 21 ans allait se révéler au grand public pendant cette “Grande boucle” décalée pour cause de covid-19. Eh bien il l’a fait, et de quelle manière... Trois victoires d’étape, un retard rattrapé lors d’un contre-la-montre d’anthologie en Haute-Saône et une victoire finale sur les Champs-Élysées qui a fait de “Pogi” le plus jeune vainqueur de l’épreuve reine du cyclisme en plus d’un siècle.
Un an plus tard, son statut a donc considérablement évolué. Comme l’a montré mi-juin “son” Tour de Slovénie -sur lequel il s’est évidemment imposé-, le jeune homme est devenu une icône dans son pays, son équipe lui a offert un contrat très long terme et les résultats positifs se sont enchaînés pour celui qui semble capable d’exceller sur tout type de course et de terrain.
Tant et si bien qu’il peut légitimement ambitionner de remporter un deuxième Tour consécutif. Cette année, ses résultats sont éloquents: il a remporté le Tour de Slovénie donc, mais surtout Tirreno-Adriatico et le Tour des Émirats arabes unis. Seul le Tour du pays Basque lui a échappé parmi les courses par étapes sur lesquelles il s’est aligné, et encore son équipe lui avait demandé d’assister l’un de ses coéquipiers et non pas de jouer sa carte personnelle (et il a trouvé le moyen de finir troisième). Tadej Pogačar a même gagné son 1er monument avec Liège-Bastogne-Liège devant le grand favori Julian Alaphilippe (les monuments, au nombre de cinq par an, sont des courses extrêmement prestigieuses disputées sur une seule journée).
En football, dans les années 1990, le Norvégien Ole Gunnar Solskjær avait acquis un surnom éloquent: “Babyfaced assassin”, l’assassin au visage de bébé. Un qualificatif qui siérait à la perfection à notre coureur slovène, toujours au rendez-vous lorsqu’il s’agit de conclure et d’aller gagner, qui sera encore mieux entouré cette année au sein de l’équipe UAE Team Emirates pour tenter de faire main basse une seconde fois sur la plus belle course du monde.
Primož Roglič, enfin la consécration?
En 2020, le Tour de France a régulièrement pris des airs d’affrontement fratricide. Et pour cause: l’homme qui a longtemps paru en position de s’imposer était également slovène: Primoz Roglic. En tête pendant la majeure partie de l’épreuve, jusqu’à se faire détrôner par son compatriote sur le contre-la-montre de la Planche des Belles Filles, l’ancien sauteur à ski a tout perdu à la veille de l’arrivée à Paris. Un revers cruel qui a eu pour principal effet de nourrir sa motivation.
Depuis cette déception, il s’est magnifiquement repris, s’imposant principalement sur Liège-Bastogne-Liège 2020 (décalée au mois d’octobre pour cause de pandémie) et sur le Tour d’Espagne. Sans une chute, il en aurait fait de même en début d’année sur Paris-Nice, l’un des principaux rendez-vous de la 1ère partie de saison. En clair, le Slovène trentenaire paraît toujours aussi redoutable... et poissard.
Il n’en reste pas moins que l’homme est l’un des coureurs les plus polyvalents au monde, capable de gravir les sommets les plus difficiles comme de tenir un rythme infernal sur le plat. Des armes, ajoutées à une équipe qui n’a jamais paru aussi forte (ses lieutenants Wout Van Aert, Jonas Vingegaard ou Steven Kruijswijk sont parfaitement à l’aise dans leur rôle) qui font nécessairement de lui un favori à la victoire finale. Reste à savoir si sa préparation originale -il a coupé pendant deux mois avec la compétition, s’entraînant seul dans les Alpes- lui sera bénéfique au moment d’affronter trois semaines de course à travers la France.
L’hydre Ineos et la force du nombre
Pour reprendre un poncif bien connu, le cyclisme est un sport individuel qui se pratique en équipe. Et à ce petit jeu-là, les Britanniques d’Ineos-Grenadiers (anciennement connue sous le nom de Sky) sont les plus forts. Dotés de moyens financiers bien supérieurs au reste du peloton, ils ont l’habitude de constituer des armadas au sein desquelles chaque coureur serait la star de n’importe quelle autre équipe du plateau ou presque. 2021 ne manque pas à la règle.
Pour cette édition de la Grande boucle, Ineos-Grenadiers se présente avec au bas mot trois leaders: l’Australien Richie Porte, troisième l’an passé, le Gallois Geraint Thomas, vainqueur en 2018, et l’Équatorien Richard Carapaz, lauréat du Giro 2019. Et cela sans même évoquer Tao Geoghegan Hart, vainqueur d’un Tour d’Italie 2020 privé de la plupart des têtes d’affiche du fait d’un calendrier bouleversé par le coronavirus.
Une richesse qui permet à l’équipe de jouer sur plusieurs tableaux en même temps, et de laisser les aléas de la course créer une hiérarchie naturelle entre ces trois hommes. Cela sans faire un choix par défaut. En effet, Richard Carapaz sort tout juste d’un Tour de Suisse où il a brillé tant en montagne qu’en contre-la-montre. Richie Porte vient de gagner le prestigieux Critérium du Dauphiné, pratiquement par erreur alors que l’équipe semblait protéger en priorité Geraint Thomas). Le Britannique reste à 35 ans un homme de grand rendez-vous. Il revient en belle forme et qui plus est il est peut-être le plus fort des coureurs cités ici dans l’exercice déterminant du chrono (il y aura 61 kilomètres de contre-la-montre sur ce Tour de France en Mayenne et en Gironde).
The excitement is building...
— letourdata (@letourdata) June 21, 2021
Just 5⃣ days till the start of #TDF2021!
3⃣ weeks.
3⃣4⃣1⃣4⃣km of racing.
4⃣9⃣0⃣0⃣0⃣m of vertical gain!
♾Billions of data points!
Join us on Saturday for all the data action. pic.twitter.com/vwuIhtYibK
À voir donc si les stratèges d’Ineos-Grenadiers sauront faire les bons choix pour accompagner au mieux le coureur le plus en capacité de s’imposer et si leur collectif sans égal surpassera tout simplement la concurrence. Là encore, ils ont déjà eu des occasions de se faire la main ces derniers mois, plaçant par exemple deux hommes sur le podium du Critérium du Dauphiné, et même trois sur celui du Tour de Catalogne.
Uran, López, Mas et les autres
Ne nous voilons pas la face: derrière ce quintet de rêve, difficile d’imaginer un autre leader se mêler à la lutte pour la victoire finale. Mais plusieurs hommes ont montré au cours de la préparation pour le Tour qu’ils avaient les moyens d’embêter même les plus forts, et peuvent donc rêver de créer la surprise en jouant le podium.
Parmi ceux-là, difficile de ne pas évoquer Rigoberto Uran et sa performance exceptionnelle sur le Tour de Suisse, à la mi-juin. Préférant rester aussi longtemps que possible au contact des meilleurs sans forcément passer à l’offensive, ce qui lui a permis de décrocher quelques belles performances (2e du Tour 2017, deux fois deuxième aussi sur le Giro), il a cette fois-ci éclaboussé la course helvète de son talent en survolant le contre-la-montre final, s’imposant avec 40 secondes d’avance sur le Français Julian Alaphilippe et menaçant même la 1ère place au classement général de Richard Carapaz. Un état de forme surprenant au milieu d’une année assez quelconque qui augure néanmoins d’un potentiel intéressant pour les trois semaines françaises.
Et si l’on cause de forme, “Superman” Miguel Angel Lopez s’invite évidemment dans la conversation. Le Colombien de 27 ans sort d’une belle victoire au Mont Ventoux Dénivelé Challenge, une course qui ressemble furieusement à la 11e étape du Tour. Quand on sait que Lopez s’est déjà imposé l’an passé sur l’étape reine du col de la Loze, cela devrait le conforter encore un peu plus dans ses capacités à côtoyer les meilleurs. D’autant qu’il est désormais passé dans une équipe hispanophone, la Movistar, sur qui l’on peut compter pour flatter son tempérament d’attaquant.
Un collectif au sein duquel il côtoiera Enric Mas, un jeune grimpeur espagnol en constante progression qui reste sur deux cinquièmes places en 2020, sur le Tour de France puis d’Espagne. Avec sa capacité de récupération hors du commun et ses aptitudes en contre-la-montre, il pourrait bien, lui aussi, se faire une place au côté des favoris. Et l’on peut aussi citer ici le surprenant Ukrainien Mark Padun, transformé en grimpeur survolté grâce à une perte de poids impressionnante, le vétéran canadien Michael Woods voire le Français David Gaudu, enfin à la barre de l’équipe Groupama-FDJ après les ennuis de santé de Thibaut Pinot.
Et Julian Alaphilippe alors?
Reste finalement un dernier concurrent, un “dark horse” comme disent les anglophones au moment de décrire un sportif dont on ne sait pas vraiment ce qu’il faut attendre, et c’est le champion du monde français Julian Alaphilippe.
Depuis son exceptionnel Tour de France 2019, au cours duquel il avait porté le maillot jaune durant 14 étapes, on sait que le coureur de la Deceuninck-Quick Step n’est pas qu’un spécialiste des courses d’un jour. Capable de suivre très longtemps les meilleurs en montagne sans être un pur grimpeur, doté de réelles qualités en contre-la-montre et possédant un moral à toute épreuve, de nombreux observateurs l’imaginent, un jour, capable de jouer le classement général d’un grand tour et pas uniquement des victoires d’étape.
Or cette année, plusieurs facteurs laissent à penser que le Français pourrait s’inviter dans le top 10, voire mieux (à condition qu’il décide de viser cet objectif bien sûr). Sur le récent Tour de Suisse, il a prouvé à deux reprises qu’il était capable du meilleur sur les chronos et a affiché une résilience remarquable en montagne.
Surtout, avec son talent offensif et son “punch” naturel, il pourrait profiter d’un début de Tour de France fait de montées courtes et ardues pour jouer la gagne tous les jours et pourquoi pas grappiller ici ou là de précieuses secondes sur les candidats au classement général. Comme en plus on l’imagine libéré par l’arrivée de son 1er enfant et par son forfait annoncé pour les Jeux olympiques (il a fait le choix de rester auprès de sa compagne et de leur fils plutôt que d’aller au Japon après le Tour), c’est un Julian Alaphilippe déterminé et ambitieux qui devrait se présenter au départ de Brest ce samedi. Avant de faire une nouvelle fois rêver les Français?
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