Transition écologique : à quoi ressemblera le monde de la musique en 2050 ?
Il y a près de dix ans déjà, l’Accord de Paris fixait des objectifs clairs et chiffrés visant à lutter contre le changement climatique. Face à la progression (effrayante) du réchauffement de la planète, il y avait urgence. C’était en 2015....
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Il y a près de dix ans déjà, l’Accord de Paris fixait des objectifs clairs et chiffrés visant à lutter contre le changement climatique. Face à la progression (effrayante) du réchauffement de la planète, il y avait urgence. C’était en 2015.
Initiatives vertes
On est sans doute en droit de se demander si les gouvernant·es des pays à la table des discussions sont finalement parvenu·es à le respecter au fil des ans : La France, en tout cas, a échoué – et l’État a même été reconnu coupable de “préjudice écologique” par la justice, en juin 2023. Toujours est-il que de nombreux·ses artistes et acteur·rices du secteur musical ont, pour leur part, pris la mesure de la nécessité de repenser le système comme nos habitudes néfastes. Ils et elles ont fait montre de leur engagement, par leur musique comme par leur organisation en tournée.
À l’instar de Shaka Ponk, qui lançait The Freaks en 2018 : un “collectif d’artistes et de personnalités qui s’engagent à adopter de nouveaux comportements pour lutter contre la surconsommation, la pollution, le réchauffement climatique et protéger la biodiversité”. Et ce, quatre ans avant d’annoncer qu’ils arrêteraient les tournées afin de rester fidèle à leurs valeurs écolo, difficiles à honorer sur les routes. Björk et Rosalía, quant à elles, alliaient leurs forces dans Oral – un titre commun dénonçant le fléau de l’élevage intensif de saumons en Islande, sorti en novembre 2023.
Décortiquer pour mieux avancer
Si ces des initiatives comme celles-ci vont dans le bon sens et témoignent d’une lucidité quant à la transition à opérer, les enjeux liés au changement climatique nécessitent d’être reconsidérés en permanence. Pour mieux agir. C’est pourquoi le CNMlab, think tank du Centre National de la Musique (CNM), a remonté ses manches pour faire le point sur la question, mesurer l’impact actuel de la filière musicale et (re)penser l’après.
Dans un rapport partagé en juin dernier, l’organisme a ainsi imaginé quatre scénarios d’évolution pour le monde de la musique, à l’horizon 2050, pour tendre vers la neutralité carbone. Pour ce faire, les auteur·rices du rapport ont réalisé une série d’entretiens avec des salarié·es de salles de spectacles, de festivals, de labels, avec des artistes… et ont pris en compte les contraintes du secteur, liées à son modèle économique notamment. Une démarche qui s’inscrit dans le sillage de celle de l’Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’énergie (Ademe) pour l’économie française dans sa globalité.
Le 1er scénario qu’avance le CNM est intitulé “À bicyclette” (rapport à la chanson d’Yves Montand, vous l’aviez) et correspond à une situation où la politique culturelle de 2050 répondait comme il se doit à l’urgence climatique, par le biais de mesures interventionnistes de la part des gouvernant·es. Voilà qui assurerait en sus, selon le rapport, des valeurs de diversité et d’inclusion. “Les nouvelles régulations ont vu l’émergence d’une scène musicale où l’équité devient la norme”, lit-on ensuite. Trop beau pour être vrai ?
Du meilleur au pire
Ensuite, un second scénario du nom de “Come Together” (pour la chanson des Beatles) dépeint un avenir où tout l’écosystème musical se serait adapté à une transition écologique progressive. Cette dernière permettrait dès lors de “garantir l’accès culturel pour tous et toutes et pérenniser les métiers d’hier malgré quelques ajustements”. Les “ajustements” en question consisteraient, par exemple, en le fait de réduire le nombre de producteur·ices de musique enregistrée. Pour plus de “sobriété” et d’“efficacité”, nous dit le CNM.
Il rapporte par la suite un scénario intitulé “Computer Love” (aussi un morceau de Kraftwerk), dans lequel l’écosystème musical reflèterait ainsi “les transformations profondes amenées par la transition écologique accélérée et le progrès technologique”. “Les subventions et les incitations fiscales sont désormais orientées vers les projets qui incluent un volet de réduction de leur empreinte carbone dans le projet qu’ils présentent”, lit-on ensuite.
L’ultime prospection – “Harder, Better, Faster, Stronger” comme le titre des Daft Punk – fait état d’une situation où “l’écosystème musical français [serait] mis à mal par la convergence de crises sanitaires et sécuritaires et le tournant radical vers la digitalisation”. La culture serait ainsi loin des priorités politiques de l’État – n’est-ce pas déjà le cas ? – et on assisterait à “une restructuration des cadres de financement de la culture en faveur d’une approche plus commerciale et centrée sur le privé, poursuivant des objectifs de rentabilité plutôt que culturels”. Une sorte de dystopie dont on semble pourtant prendre le chemin…