Transmission, l’édito de François Moreau
Je suis dans l’Eurostar, de retour d’un séjour londonien riche en rebondissements, je feuillette le dernier Mojo. Un type qui passe, le genre anglais, la petite trentaine, m’accoste et dit “hey, tu as écouté l’album de The Tubs ? Tu devrais”....
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Je suis dans l’Eurostar, de retour d’un séjour londonien riche en rebondissements, je feuillette le dernier Mojo. Un type qui passe, le genre anglais, la petite trentaine, m’accoste et dit “hey, tu as écouté l’album de The Tubs ? Tu devrais”. Et puis il a filé. Un peu à la manière de ChatGPT, mes neurones s’entrechoquent et font le calcul : avec ma dégaine et ma revue vintage, je dois donc avoir une tête à écouter The Tubs. Sûrement un jeune groupe à guitares qui sonne comme un vieux groupe, me suis-je dit. Et avec un nom pareil, à moins d’avoir un sacré second degré, on ne cause pas ici d’un groupe français. Bingo.
Je fonce sur Bandcamp pour en savoir plus : The Tubs est un groupe de Londres, monté sur les cendres de Joanna Gruesome (voilà qui me cause) par deux anciens de la formation galloise, Owen ‘O’ Williams et George ‘GN’ Nicholls. On y croise aussi la chanteuse Lan McArdle (vue chez Ex-Vöid) aux choeurs et, selon la page officielle du groupe, des références appuyées au folk électrique UK de Fairport Convention et les guitares jangly de The Cleaners From Venus, le groupe du poète DIY Martin Newell. Dead Meat, sorti fin janvier 2023, est le 1er album de The Tubs et fait suite à un EP, Names, paru il y a deux ans, en 2021.
L’algorithme de la vie et des chemins de fer
Voilà pour les faits. Pour le reste, c’est beaucoup plus vaste que cela. Ce n’est ni bien ni mal, mais Dead Meat sonne instantanément comme le disque trop longtemps attendu d’enfants prodiges sur qui l’industrie du disque aurait parié un gros billet au début des années 2000. Sauf que nous sommes en 2023 et que ces jeunes gens devront se contenter de n’être qu’une porte ouverte sur le monde merveilleux de l’indie rock. Et, peut-être, d’un succès d’estime. C’est le travers, en quelque sorte, que de voir dans un disque ces références conscientes ou inconscientes (ici, de The Jam, la guitare de Johnny Marr et Hüsker Dü, en passant par les 1ers R.E.M. et tout ce que l’underground jangly a fait de mieux d’un côté et de l’autre de l’océan Atlantique), plutôt que la puissance idiosyncratique du propos (soit, neuf titres d’excellente facture et une poignée de tubes power pop indélogeables de votre petite tête, contenus dans moins de trente minutes de déluge jouissif).
Il n’empêche, quand l’écueil rejoint le fond du sujet, la magie de la transmission opère neuf fois sur dix. C’est toujours ça de pris, non ? Comme quoi, l’algorithme de la vie et des chemins de fer fait parfois mieux les choses que celui de Spotify. C’est bête, mais c’est comme ça que le 1er album de The Tubs est devenu mon disque de chevet cette année et celui que je recommanderais probablement à un kid qui me demanderait : “c’est quoi un groupe à guitares, mec ?” Avec la satisfaction de me dire qu’un nouvel horizon pourrait alors s’ouvrir pour lui.