“Trap” : le livre qui s’attaque au genre le plus influent du siècle
De Gucci Mane à Migos en passant par le pionnier Young Jeezy et les nouveaux venus comme Gunna, la trap aura, sur la décennie écoulée, été sur toutes les lèvres. Alors que le genre né sous l’impulsion de quelques innovateurs a encore de beaux...
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De Gucci Mane à Migos en passant par le pionnier Young Jeezy et les nouveaux venus comme Gunna, la trap aura, sur la décennie écoulée, été sur toutes les lèvres. Alors que le genre né sous l’impulsion de quelques innovateurs a encore de beaux jours devant lui, les éditions Divergences et Audimat ont publié le mois dernier Trap, un recueil d’articles (anglo-saxons et français) qui revient sur le style de rap qui a pris en otage la pop du XXIème siècle. Des obsessions pour le drip et les médicaments, le développement de cette musique dans les Balkans ou l’auscultation des productions trap, Etienne Menu et Guillaume Heuguet de la revue Audimat reviennent avec nous dans les arcanes de la trap. Playlist et entretien.
Comment est né cet ouvrage ?
Guillaume Heuguet – J’ai rencontré Johan (Badour, ndlr) des éditions Divergences qui voulait que je fasse un bouquin sur mon travail perso et on a commencé à s’échanger des liens de morceaux de Migos, de webzine rap américain parce que lui revenait du sud des Etats-Unis et avait découvert plein de trucs. Comme il aime beaucoup Audimat, il nous a demandés si on ne voulait pas faire un livre sur le rap pour lui. Moi ça me paraissait trop général, mais je voulais faire un livre sur l’expérience d’un genre spécifique du rap et j’ai tout de suite pensé à la trap. Pour moi il y a une discontinuité avec ce qui s’est fait dans le rap auparavant – même s’il y aussi des continuités. Ça a lancé les recherches qui ont pris pas mal de temps, pour savoir ce qu’on pouvait apporter sur le sujet. Donc il y a vraiment eu une espèce de discussion au long cours avec Johan où on s’échangeait des trucs sur la politique, la technologie et la musique et le livre formalise un peu cette discussion.
Etienne Menu – Et il y aussi le fait que Johan fréquentait pas mal les squats autonomistes où les gens écoutaient de la trap apparemment.
GH – C’est marrant parce qu’il me disait qu’il y a quelques années, les gauchistes en France écoutaient tout le temps les mêmes trucs de “rap conscient” en soirée alors qu’aux Etats-Unis, les militants écoutent de la trap sans problème.
EM – Il y a aussi eu l’histoire des slogans de manifs repris des paroles de PNL ou SCH. Il y a une sorte de barrière qui est tombée avec les gauchistes qui n’avaient pas compris la trap au début. Johan était curieux de ça et c’est un truc qui a déclenché l’édition du livre parce que Divergences publie des bouquins très marqués politiquement. Donc l’idée, c’était de faire quelque chose qui n’était pas marqué politiquement, publié par une maison d’édition qui l’est.
C’est quoi la trap ?
EM – A titre personnel, c’est une musique qui, à partir de la fin des années 2000 jusqu’à son explosion commerciale avec Migos, est une surprise dans l’histoire du rap américain. Ce n’était pas forcément quelque chose qui me semblait couler de source et qui pourtant est devenue une musique presque autonome du rap américain – même si elle en fait complètement partie. C’est un phénomène musical et culturel d’une richesse et d’une nouveauté que je n’avais pas vu venir. Ce qui me semblait excitant dans cette musique c’est qu’elle se déploie, fourmille, et est hyper facile à écouter, à saisir. Il n’y avait pas ce côté un peu sacralisé qu’on pouvait avoir avec les gens de ma génération sur le rap boom-bap ou west coast. C’est vraiment une musique de circulation, de série, de genre, mais qui réussit à déployer des innovations sonores, des flows et des visuels. Pour nous ça semblait être le plus gros déploiement esthétique et culturel de l’histoire récente de la pop.
GH – Au milieu et à la fin des années 2000, j’avais pas mal de gens autour de moi qui écoutaient les mixtapes de Gucci Mane et qui n’arrêtaient pas de m’en causer. Moi je ne captais pas trop. Je ne sais pas ce qu’il s’est passé, mais 2-3 ans plus tard, dans une sorte de synchronisation à l’ère du temps vers 2009, je me suis à ne plus écouter que ça alors qu’avec Audimat on cause de beaucoup de genres de musique. C’est une musique qui produit quelque chose d’obsessionnel assez facilement. C’est une musique d’affect. Pour moi, c’est un style au sens fort, parce qu’il y a une forme et un rapport au monde. Si tu entres en résonance avec ça, c’est un truc dans lequel tu plonges, qui t’entretient. Moi je pense que c’est une musique qui a changé mon rapport au monde et qui m’a mis dans des états durables et fait observer le monde – aussi bien dans le métro que dans la politique – de manière assez particulière pendant quelques années.
EM – C’est une musique qui a fait résonner l’esprit du monde et de la société à une époque où l’on pensait que la musique devenait un peu muséifiée, que la retromania la condamnait à être une sorte de démonstration de formes déconnectées de la vie réelle. Et là, il y a un truc qui s’est spontanément déplié. Ces musiques ont montré qu’elles font résonner des sentiments et des affects qui sont propres à une époque, à une manière de vivre, des relations entre les gens, des relations aux objets, qui est hyper exact et hyper réaliste – même si elle n’est pas du tout représentative. C’est ça qui nous a excités.
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GH – On n’a pas dit les trucs objectifs aussi. C’est quand même plutôt une musique avec des basses de 808, des trill de caisses claires et qui cause au départ d’être caché dans une baraque à vendre de la drogue toute la journée. Pour faire simple (rires).
Comment expliquez-vous qu’un genre aussi ancré à la réalité d’Atlanta peut s’exporter aussi facilement ?
GH – C’est une musique qui est conçue comme ça. Quand Young Jeezy cause de vendre de la drogue toute la journée, il décide d’en faire un mantra sur le travail, l’héroïsme et la “destinée manifeste”. Quand Migos fait son truc, ils disent : “c’est la Culture”. On pourrait se dire que c’est comme la circulation de plein de musiques qui sortent de leur ancrage d’origine, mais ce qui se passe, c’est que les rappeurs et les rappeuses ont eux-mêmes et elles-mêmes un rapport à cette musique qui représentait un destin, une transcendance. Chez les rappeurs il y a un côté délibéré d’auto-agrandissement et de mantras qui préparent la décontextualisation de cette musique à son environnement. C’est comme si eux-mêmes, ils s’étaient érigés en modèles reproductibles. Même si on rappelle que la trap a beaucoup évolué, il y aussi une matrice très minimaliste et obsessionnelle dans le format. Quand on a une matrice aussi restreinte, ça encourage la dispersion.
Comment s’est effectuée la sélection d’articles alors ?
GH – Il y avait deux critères : trouver un maximum de textes sur la trap pour voir ce que les gens mettent en avant quand ils en causent, et de l’autre côté trouver quelle place ça va trouver chez Divergences. Finalement, on s’est retrouvés avec des textes où l’on n’avait pas à imaginer ce lien entre les deux. Dans les textes anglo-saxons que l’on a récoltés, beaucoup faisaient le lien avec le capitalisme carcéral ou à des préoccupations qui sont celles de Divergences, d’habitude. Donc assez spontanément, les personnes qui écrivent sur la trap raccrochent cette musique à la question de la vie et de la mort des personnes noires dans le capitalisme. Ce qui est intéressant, c’est que ça nous a permis en commandant des articles inédits, en allant chercher des auteurs français, de compléter avec ce qu’on sait faire chez Audimat : des textes qui causent très précisément de la forme, de l’expérience d’écoute, des micro-variations de style. D’essayer de causer de musique, non pas comme un phénomène de société, mais comme quelque chose qui s’apprécie finement, dans la nuance, au même titre que n’importe quelle forme artistique.
EM – Je pense que l’idée aussi, notamment avec les textes Notes sur la trap ou Dripping & Drowning, c’était de proposer des choses qui ne sont pas forcément traduites ou écrites en français sur le rap.
Le livre repose sur l’ancrage physique de la trap. A la fois le matériel utilisé mais aussi sur les corps individuels ou sociaux. C’était important pour vous de proposer cet ancrage ?
GH – Pour employer un gros mot, il y a de plus en plus ce côté matérialiste dans ce qu’on fait avec Audimat et, comme tu dis, à travers deux échelles : le son et les rapports sociaux. Autant sur le rap en particulier je trouve que ça va, mais c’est fréquent qu’il y ait un rapport très imaginaire à la musique. Imaginaire dans le sens un peu idéaliste dans lequel on oublie un peu les processus concrets : comment la mixtape a été produite ? Comment les gens bouffent ? Pourquoi elle est là et pas ailleurs ? Pour nous, il y a double enjeu quand on cause de musique : d’un côté, on a les gens qui ne veulent que de l’enquête, quitte à ce que la musique disparaisse. Pour eux, ce qui compte, c’est rendre compte de la vie des personnes qui la font. Cela ne nous intéresse pas. De l’autre côté, les personnes qui “mythologisent” et qui pensent que ce que les rappeurs disent reflète exactement la manière dont ils vivent, alors qu’ils ne s’intéressent pas aux rapports de prolongement et de distorsions entre ce qui est vécu et ce qui est manifesté, traduit dans la musique. Cela pose aussi problème.
C’est un truc un peu diffus, mais on essaye d’être précis, d’être au contact de la musique, au contact des situations et d’avoir cette matérialité sans perdre la dimension de style, et de forme et d’imaginaire.
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Il y a notamment l’article Rester vrai, sur la drill de Chicago qui cause de ce trouble.
GH – Comme c’est de l’ethnographie, il y avait un risque. Le but n’était pas de voir la musique uniquement comme un symptôme de souffrance qu’on connaîtrait d’avance. sur la drill a un rôle important dans le bouquin parce que, d’un côté, on a des auteurs comme Jesse McCarthy qui se servent de la trap pour déployer tout ce que ça connecte pour eux en termes de poésie noire, d’histoire de l’esclavage, etc… et, de l’autre côté, on a un auteur qui a été en contact avec un groupe de drill de Chicago et qui dit “les personnes qui surinterprètent les situations de violences sans savoir que la moitié du temps ils ont besoin eux-mêmes d’en rajouter, c’est ça le vrai réalisme” (sourire). Je trouvais ce paradoxe intéressant, car il y a des formes de violence et domination hyper fortes et il faut absolument les reconstruire et en rajouter encore plus pour espérer vivre du rap un minimum. C’est une espèce de double-enfermement.
Dans Trap music dans les Balkans, on observe que la trap a été importée avant de devenir une sorte de nouvelle musique vernaculaire. C’est quoi la matrice trap ?
EM – C’est une sorte de forme brute qui peut circuler partout alors qu’elle vient d’un contexte hyper précis, c’est très troublant. C’est une musique dont le minimalisme est assez pratique et peut lui permettre de se déplacer et d’être adaptée. Il y a quelque chose d’assez surprenant : il y a pas mal de gens qui n’écoutaient pas de rap old school, qui font la distinction entre le rap de la trap, et qui peuvent embrasser ce genre. Dans l’article, l’auteur explique qu’il y a eu une culture hip-hop croate, comme il y a eu une culture rap français dans les années 90. Mais aujourd’hui les gens qui s’intéressent à la trap n’ont pas du tout ce background classique. Sans être péjoratif, c’est une musique qui est assez facile à faire : la virtuosité n’est plus du tout la même que dans le rap plus historique. Il y a un truc technique : FL Studio et les logiciels sont beaucoup faciles d’usage qu’un sampler Akai et un séquenceur, il y a quelque chose de plus accessible et qui se disperse plus. Ça m’a frappé à quel point c’est devenu une sorte de lingua franca. Parfois elle est complètement détachée de l’esprit de la trap d’Atlanta, mais en même temps, elle garde au moins un caractère important de la trap. Ça peut être une obsession pour les charleys, les subs, etc… Je n’ai pas la réponse, je pense que c’est une musique qui va bien avec notre manière d’écouter la musique aujourd’hui, au casque. C’est une musique transportable.
GH – Si j’ai un rapport aussi addictif avec cette musique, c’est à cause de ce côté sonore. C’est une musique d’accompagnement dans le quotidien qui vit bien les écoutes répétées. Il y a une forme d’homogénéité sonore sur la longueur qui fonctionne bien. C’est marrant parce que c’est une forme d’écoute que j’avais avec d’autres styles de musiques et que j’ai retrouvée dans la trap alors même que ce n’est pas comme ça que j’écoutais d’autres styles de rap. Pour l’article des Balkans, c’est une musique qui cause d’aliénation donc tant qu’il y aura de l’exploitation dans ce monde, il y aura des gens pour être touchés par cette expérience-là. Ce qui est curieux, c’est que ça traverse les classes sociales et les contextes géographiques. Il y a des personnes qui vont partager ce sentiment alors que leurs conditions concrètes et matérielles ne sont pas du tout les mêmes, et qui vont quand même se sentir aliénés et se projeter dans cette musique. La trap, ce n’est pas nécessairement une musique qui cause de ça, mais qui fait quelque chose de ça. Pour revenir aux gauchistes, je trouve que c’est une musique qui fait faire une espèce de bond en avant sur les problèmes entre musique et politique. Avant, il fallait soit se plaindre avec des protest songs, soit se dire que la musique n’avait rien à voir avec les conditions d’existence des personnes. La trap, elle, a réussi à donner forme à l’aliénation sans être une musique qui en cause toujours explicitement, ou qui place le chanteur dans une position de dénonciation.
EM – Je pense aussi que ce qui a été facile à exporter et à traduire c’est le mélange d’agressivité et de dépit qu’il y a dans la trap. Si le rap 1ère version ne résonnait peut-être pas autant c’est que – même si je caricature énormément – il continuait à avoir des trucs d’affirmation, de fierté et de non-fragilité qui étaient hyper présents dans les grandes figures du rap jusqu’aux années 2000. Et cette espèce de dépit drogué et psychédélique de Gucci Mane, Young Thug, Future ou le Lil Wayne tardif, c’était une nouveauté. Il y a dû avoir quelque chose qui a résonné pour les gens qui n’avaient pas une sensibilité belliqueuse, mais qui ont dû trouver que c’était un super canal pour exprimer leur désarroi, cette espèce de colère dépitée.
GH – Il y aussi ce truc nerveux, c’est une musique de tension. Mais pour rebondir sur la fragilité masculine, notamment la fragilité masculine noire, c’est que tout d’un coup – même s’il doit y avoir des précédents – il y a une musique qui a rendu manifeste cette expérience jamais manifestée dans d’autres courants musicaux.
Est-ce qu’il y avait l’ambition de se détacher de l’approche monolithique du rap ?
EM – En soit, on n’a même pas envie que ce soit une question, d’en faire un sujet. On sait que c’est une musique en mouvement. On sait que c’est une musique qui est beaucoup plus nuancée qu’elle n’y paraît et on s’acharne juste à le montrer et à emmener le lecteur dans ce mouvement, dans cette profondeur.
GH – Il y a un truc dont je me suis aperçu au moment où le livre est sorti : c’est que ce n’est pas la règle que des bouquins causent d’un genre encore vivant. J’ai l’impression qu’il faut que ça soit un genre un peu enterré pour que ça puisse donner un bouquin. Mais comme on s’est pris le truc et qu’Audimat est une revue qui cause du présent, on a fait le bouquin dans le même esprit. Quand le livre est sorti, il y a pas mal de gens qui me disaient “vous causez de la trap maintenant alors qu’il y a encore des trucs qui sortent ?”. Donc si ça suit le mouvement, c’est aussi parce qu’on n’a pas un énorme recul qui nous pousse à tout figer comme un truc homogène a posteriori. On est encore un peu dedans et c’est tant mieux.
Quelle était l’ambition pour la réception de ce livre ?
EM – Nous avons voulu collecter et mettre ensemble tout ce qui nous a semblé être intéressant afin notamment d’ouvrir à d’autres discussions, inspirer d’autres écrits. On ne souhaite pas imposer une lecture, chaque article du livre peut-être lu de manières très différentes. C’est plus un instantané de ce qui peut s’écrire d’intéressant maintenant. Ce sera certainement différent dans 5 ou 10 ans et, peut-être, que ça déclenchera une contradiction ou une prolongation. C’est quelque chose qu’on a voulu assez interactif en fait.
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GH – Moi je rêve que des sociologues attaquent le bouquin en disant que ça mythifie beaucoup trop la musique (rires). Pas que je voulais que ce soit ambigu, mais au moment où on a fini le bouquin, je me demandais s’il était suffisamment nuancé et s’il reflétait les contradictions de la musique et des artistes eux-mêmes. Que l’on sente la complexité de cette musique.
Quels futurs envisagez-vous pour la trap ?
EM – Il y a un futur qui est déjà en train de se faire avec notamment tous les rappeurs Soundcloud et post-Soundcloud. Je lisais aussi un article du fils de Simon Reynolds, Kieran Press-Reynolds, qui cause de ce jeu vidéo qui s’appelle Roblox. Il y explique que, dans ce jeu à univers ouvert, les joueurs peuvent uploader de manière illégale des morceaux de rap de Playboi Carti ou de Future. Mais, pour ne pas se faire griller par les bots, ils doivent dégrader le son et donc saturer les voix pour que ça puisse être entendu. Et donc ça devient des espèces de nouvelles versions saturées et sales – ils appellent ça bypass audio. Ça c’est un des futurs du rap qui est en train de se construire dans ces détournements sonores (sourire). Ensuite chez les rappeurs eux-mêmes, je ne sais pas du tout. Ça été trop imprévisible jusqu’ici pour que l’on puisse prévoir.
GH – En ce moment c’est plus à Detroit que ça se passe et j’écoute des trucs que me font découvrir des gens du podcast Fusils à Pompe comme Rio Day Young OG. Ces dernières années, j’ai pas mal écouté Gunna et Playboi Carti. Même si c’est qu’une option possible, cette radicalisation de la mélancolie et de l’impuissance, je ne pensais pas que ça irait aussi loin dans ce virage affectif et détaché. Par exemple, je suis tombé sur YouTube sur des chansons les plus ambient de Playboi Carti remixées avec une couche de nappes en plus. Et ça a l’air manifestement écouté par des auditeurs de Playboi Carti. Ça veut dire qu’ils écoutent des nappes ambient avec des monosyllabes (rires). Et je trouve ça dingue qu’un truc né dans le rap d’Atlanta et les strip-clubs puissent en partie en arriver là.