Ukraine - Russie: Macron condamne la "violation des engagements internationaux" de Poutine

CONFLIT RUSSO-UKRAINIEN - Ses efforts diplomatiques en vue d’une médiation semblent avoir échoué ou en tout cas ne pas avoir été écoutés. Via un communiqué diffusé peu après 22h par l’Élysée et après un entretien téléphonique avec le président...

Ukraine - Russie: Macron condamne la "violation des engagements internationaux" de Poutine

REJOINDRE L'ÉQUIPE DE RÉDACTION

Tu penses avoir un don pour la rédaction ?
Contacte-nous dès maintenant pour rejoindre notre équipe de bénévoles.

POSTULER

REJOINDRE L'ÉQUIPE DE RÉDACTION

Tu penses avoir un don pour la rédaction ?
Contacte-nous dès maintenant pour rejoindre notre équipe de bénévoles.

POSTULER

REJOINDRE L'ÉQUIPE DE RÉDACTION

Tu penses avoir un don pour la rédaction ?
Contacte-nous dès maintenant pour rejoindre notre équipe de bénévoles.

POSTULER

De gauche à droite, les présidents ukrainien, français et russe, Volodymyr Zelensky, Emmanuel Macron et Vladimir Poutine, le 9 décembre 2019 à l'Élysée (photo d'archive)

CONFLIT RUSSO-UKRAINIEN - Ses efforts diplomatiques en vue d’une médiation semblent avoir échoué ou en tout cas ne pas avoir été écoutés. Via un communiqué diffusé peu après 22h par l’Élysée et après un entretien téléphonique avec le président américain Joe Biden et le chancelier allemand Olaf Scholz, Emmanuel Macron a “condamné la décision prise” ce lundi 21 février par Vladimir Poutine “de reconnaître les régions séparatistes de l’est de l’Ukraine”, plus précisément l’indépendance de “la République populaire de Donetsk” et de celle de Lougansk.

Dans le sillage des États-unis, de l’Union européenne et du Royaume-Uni, le chef de l’État a également réclamé des “sanctions européennes ciblées” à l’encontre de Moscou, après “une violation unilatérale des engagements internationaux de la Russie et une atteinte à la souveraineté de l’Ukraine”. Comme son homologue ukrainien, Volodymyr Zelensky, Emmanuel Macron réclame également une “réunion d’urgence” du Conseil de sécurité des Nations unies. 

Emmanuel Macron avait convoqué dans la soirée un conseil de défense et de sécurité nationale, qui s’est réuni pendant environ une heure à l’Élysée. Avant la déclaration du président russe dans une allocution télévisée, il s’était de nouveau entretenu avec Vladimir Poutine, le président ukrainien Volodymyr Zelensky, ainsi qu’avec Olaf Scholz à deux reprises, et avec les responsables européens Charles Michel et Ursula Von der Leyen.

Joe Biden, Emmanuel Macron et Olaf Scholz ont estimé que la reconnaissance russe des régions séparatistes constitue une violation claire des accords de Minsk” et qu’elle “ne restera pas sans réponse”, selon le compte rendu fait par Berlin après leur entretien téléphonique.

Un discours va-t-en-guerre de Poutine

Le conflit entre Moscou-Kiev et les Occidentaux a franchi une nouvelle étape dans l’escalade ce lundi. Après plusieurs semaines de discussions diplomatiques et trois jours de tensions militaires dans l’est de l’Ukraine, Vladimir Poutine a intimé à l’Ukraine de cesser immédiatement “ses opérations militaires” contre les séparatistes prorusses, “autrement toute la responsabilité de la poursuite de l’effusion de sang reposera totalement sur la conscience du régime en territoire ukrainien”.

Cette décision ouvre la voie à un appel à l’aide à la Russie de la part de ces territoires en tant qu’États souverains et donc l’entrée de forces russes dans ces régions. Le scénario a un précédent: en 2008, le Kremlin a reconnu l’indépendance de deux “républiques” séparatistes prorusses en Géorgie, l’Abkhazie et l’Ossétie du Sud, après une guerre éclair contre Tbilissi, ex-république soviétique qui, comme l’Ukraine, ambitionne de rejoindre l’Otan.

Le président russe a d’ailleurs ordonné dans la foulée à l’armée russe de “maintenir la paix” dans les territoires séparatistes prorusses d’Ukraine dont il a reconnu l’indépendance. Les deux décrets signés devant les caméras de télévision demandent au ministère de la Défense que “les forces armées de la Russie (assument) les fonctions de maintien de la paix sur le territoire” des “républiques populaires” de Donetsk et Lougansk.

L’ONU continue de “soutenir l’indépendance et l’intégrité territoriale de l’Ukraine”

À l’issue de cette annonce, les États-Unis, qui alertent depuis plusieurs jours sur une invasion imminente de l’Ukraine, ainsi que le Royaume-Uni ont annoncé - sans en préciser les détails et les annonçant pour le lendemain - des sanctions contre les régions séparatistes. Le président du Conseil européen, Charles Michel, et la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen ont, quant à eux, assuré dans deux tweets séparés que “la reconnaissance des deux territoires séparatistes en Ukraine est une violation flagrante du droit international, de l’intégrité territoriale de l’Ukraine et des accords de Minsk. L’UE et ses partenaires réagiront avec unité, fermeté et détermination en solidarité avec l’Ukraine”.

Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a lui affirmé considérer la décision de la Russie de reconnaître l’indépendance des territoires séparatistes ukrainiens “comme une violation de l’intégrité territoriale et de la souveraineté de l’Ukraine”. Elle est “incompatible avec les principes de la Charte des Nations unies”, a ajouté le chef de l’ONU dans son communiqué.

“L’ONU, conformément aux résolutions de l’Assemblée générale, continue de soutenir pleinement la souveraineté, l’indépendance et l’intégrité territoriale de l’Ukraine, à l’intérieur de ses frontières internationalement reconnues”, a-t-il ajouté Antonio Guterres. L’Assemblée générale de l’ONU doit tenir mercredi une réunion annuelle sur l’“occupation temporaire” de l’Ukraine, instaurée après l’annexion de la Crimée par la Russie en 2014.

Dans son communiqué, le secrétaire général de l’ONU “exhorte tous les acteurs concernés à concentrer leurs efforts sur la cessation immédiate des hostilités” et “la protection des civils et des infrastructures civiles”, en faisant de la diplomatie une priorité pour résoudre la crise.

Selon des diplomates, des discussions étaient en cours lundi après-midi pour convoquer au plus tôt une réunion d’urgence du Conseil de sécurité de l’ONU sur la reconnaissance d’indépendance décidée par la Russie. Fait du hasard, cette réunion se tiendrait sous la présidence russe, Moscou assurant en février la présidence tournante du Conseil de sécurité.

Les candidats à la présidentielle entre condamnations et appels à la paix

À 48 jours du 1er tour de l’élection présidentielle en France, plusieurs candidats ont également réagi à la décision de Vladimir Poutine. “La décision de Vladimir Poutine est un acte éminemment regrettable qui ne participe pas à la nécessaire désescalade des tensions que j’appelle de mes vœux depuis le début de la crise”, a écrit dans un communiqué la candidate du Rassemblement national (RN), Marine Le Pen, ajoutant que “tout doit être fait pour retrouver la voie du dialogue afin d’assurer la paix en Europe”.

“Désormais, la solution passe probablement par l’organisation d’une conférence réunissant les Etats-Unis, la Russie, la France, l’Allemagne, le Royaume-Uni ainsi que la Pologne, la Roumanie, la Hongrie et la Slovaquie, états frontaliers de l’Ukraine”, a-t-elle estimé.

Yannick Jadot a lui condamné sur Twitter “une atteinte à l’intégrité territoriale et à la démocratie de l’Ukraine”. Le candidat écologiste a demandé “aucune complaisance” et une “réponse française et européenne ferme et unie”. Pour la socialiste Anne Hidalgo, “la décision unilatérale de Vladimir Poutine constitue une violation du droit international et de la souveraineté de l’Ukraine”. “La France et l’Europe doivent être solidaires, unies et fermes face à cette menace contre la paix en Europe”, a-t-elle affirmé sur Twitter.

Pour Jean-Luc Mélenchon, “une ligne est franchie” et “quoiqu’on pense des arrières-pensées ou des logiques de situation, il n’empêche que c’est bien la Russie qui a pris la responsabilité de cet épisode”. Dans un long communiqué, le candidat LFI évoque “le bilan navrant de Macron dans cet épisode” et demande que le Premier ministre s’explique “dans les heures qui viennent” devant l’Assemblée nationale.

Christiane Taubira, candidate désignée par la primaire populaire de la gauche, a elle estimé que “la Russie choisit la force et le fait accompli”. “Nous faisons face à un péril grave. La solidarité des États européens avec l’Ukraine ne doit pas faillir. Même si la diplomatie doit continuer d’œuvrer”, a-t-elle ajouté. Le candidat communiste a lui fustigé une “décision extrêmement grave et dangereuse” de Moscou, demandant de tout faire “pour désamorcer cette guerre qui menace aux portes de l’Europe”.

À voir également sur Le HuffPost: Les images d’un nouveau week-end de tensions entre Russie et Ukraine