Un an après le confinement, où en sont ces Français de leurs économies
ÉCONOMIE - Un an, déjà, que nos vies ont été chamboulées. Le 16 mars 2020, Emmanuel Macron allait annoncer le premier confinement pour tout le pays, dès le lendemain. À l’époque, nous ne savions pas encore que les deux semaines de confinement...
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ÉCONOMIE - Un an, déjà, que nos vies ont été chamboulées. Le 16 mars 2020, Emmanuel Macron allait annoncer le premier confinement pour tout le pays, dès le lendemain. À l’époque, nous ne savions pas encore que les deux semaines de confinement annoncées allaient se transformer en une année rythmée par le Covid-19, entre restrictions, couvre-feux, confinements. Ni que tous les pans de nos vies allaient être à ce point affectés, à commencer par notre porte-monnaie.
Pour de nombreux Français, cette année sous coronavirus a été synonyme d’épargne “forcée”. Coincés chez eux, en télétravail pour certains, sans possibilité de dépenser leur argent dans les loisirs ou les voyages, les Français ont épargné plus de 85 milliards d’euros rien qu’entre mars et juillet 2020, soit entre le premier confinement et les premières semaines du déconfinement qui a précédé les vacances d’été. L’Insee estime de son côté l’épargne brute des ménages français en 2020 à près de 318 milliards d’euros. Soit presque plus de 100 milliards en un an.
Moins de loisirs, plus d’économies
Parmi ces épargnants, on retrouve François, 29 ans, qui se dit “d’un naturel dépensier et aimant sortir, voyager, m’amuser”. Avant la pandémie, le jeune homme n’avait jamais pris l’habitude d’épargner et consacrait son budget aux loisirs et aux voyages. “Sauf que depuis un an et le premier confinement, il me reste de l’argent en fin de mois, et c’est un fait auquel je n’étais pas habitué”, souligne-t-il auprès du HuffPost.
Si dans un premier temps, il raconte s’être permis quelques extras d’ordre vestimentaire ou high-tech, très vite le fait d’épargner s’est imposé à lui, sans qu’il en soit ravi. “Je préférais de loin mes galères financières de fin de mois couplées à mes sorties aux bars, dans les stades de foot, aux restaurants et boîtes de nuit plutôt que ces semaines qui se suivent et se ressemblent toutes, bien moins rythmées et amusantes qu’elles ne l’étaient auparavant”, regrette-t-il.
Selon les prévisions du gouvernement, mais aussi celle de la Banque de France, cette épargne pourrait atteindre d’ici fin 2021 les 200 milliards. Et comme le souligne pour Le Monde Philippe Crevel, économiste et président du Cercle de l’épargne, à propos de l’épargne sur le Livret A qui explose, ces économies ne sont pas seulement “forcées” par l’absence de loisir, mais aussi une précaution liée aux incertitudes économies qui découlent de la situation sanitaire.
“Les ménages souhaitent conserver un fort volant d’épargne de précaution tant que la situation sanitaire et économique ne s’est pas normalisée”, affirme-t-il. “Si, économiquement, ce n’est pas très positif, tous ces revenus non consommés, sur le plan psychologique, c’est très efficace pour répondre au besoin de sécurité de l’homme, accentué par le Covid-19. Les crises raniment la peur archaïque de manquer”, abonde la psychologue Marie-Claude François-Laugier, également contactée par Le Monde.
Prudence
Répondant à un appel à témoignage lancé par Le HuffPost, Maëva témoigne de cette inquiétude. “J’ai réussi à épargner 2500 euros environ, alors que j’étais une grande dépensière”, nous écrit-elle. “Mes habitudes ont complètement changé, car désormais je consomme peu, mais mieux. Je deviens prudente, par peur de manquer, je pense”, ajoute-t-elle.
D’autres, comme Gauthier, ne se sont pas contentés d’épargner, ils ont même réussi à faire de cette année de crise sanitaire une année florissante du point de vue financier. Lui qui travaille dans l’analyse financière raconte avoir transféré “l’intégralité de [s]es livrets sur des actions américaines”, dès que “les signaux étaient positifs”. Résultat, il dit être à “280% de rendement sur ce portefeuille créé début 2020”. Ajoutant à cela les économies réalisées en l’absence de loisirs, à 26 ans, Gauthier dit avoir “gagné l’équivalent de 5 ans d’épargne par rapport à un rythme ‘normal’”.
Il se sait privilégié, comme Corentin Pfeiffer, un jardinier qui nous avait confié avoir vécu sa meilleure année professionnelle en 2020 malgré les confinements.
Chômage partiel
Nombreux sont ceux, en effet, à ne pas avoir cette chance. Car l’épidémie de Covid a aussi provoqué du chômage partiel en masse, des CDD non renouvelés, des baisses de revenus, des difficultés à trouver un nouvel emploi. En 2020, le nombre d’inscrits à Pôle Emploi a augmenté de 4,5%, en partie du fait de l’économie paralysée pendant des semaines.
Éva* travaille ainsi dans la restauration. Fin 2019, elle contracte un prêt immobilier pour l’appartement dont elle est aujourd’hui propriétaire, ses économies partent dans l’apport. Avec un salaire normal, tout devait se passer comme sur des roulettes. Mais elle se trouve aujourd’hui en chômage partiel, avec un salaire de fait moins important. “Du coup, je galère depuis ma première année de propriétaire, à cause du chômage partiel. Je n’ai pas de marge pour faire des choses à côté ni pour mettre de côté”, regrette-t-elle.
Entre ceux qui ont épargné et ceux qui ont beaucoup perdu depuis un an, on trouve aussi ceux qui ont simplement dépensé autrement. Qui ont fait des économies pour les injecter ailleurs, là où, peut-être, ils n’auraient pas pu le faire auparavant. C’est ce que nous raconte Jessica, qui vit sur l’île de La Réunion. “J’ai profité du confinement pour faire des travaux dans ma maison, car les quincailleries étaient ouvertes. Le fait de ne plus aller au restaurant et au théâtre a pour conséquence que cet argent économisé est utilisé pour des travaux, des séjours courts dans des hôtels de l’île et achats de produits culinaires de qualité”, explique-t-elle.
La grande question est désormais de savoir ce que deviendront l’épargne et les économies des Français en 2021. Avec l’idée que ces bas de laine, s’ils étaient réinjectés à travers la consommation, aideraient grandement à relancer l’économie post-Covid.
*Le prénom a été modifié.
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