"Un jeune, une solution"? Pas avec mon bac + 5 - BLOG
EMPLOI - Un jeune, une solution, vous dites? Comme un nombre grandissant de jeunes diplômés de niveau bac +4/+5, je me trouve depuis déjà plusieurs mois dans l’impossibilité de trouver un premier emploi. Après avoir contacté mes élus locaux...
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EMPLOI - Un jeune, une solution, vous dites? Comme un nombre grandissant de jeunes diplômés de niveau bac +4/+5, je me trouve depuis déjà plusieurs mois dans l’impossibilité de trouver un premier emploi. Après avoir contacté mes élus locaux cet automne, sans réponse, après quatre entretiens téléphoniques de trois minutes avec Pôle Emploi, après avoir épuisé les ressources disponibles afin de trouver un travail, même de subsistance, je décide d’écrire cette lettre ouverte.
J’ai reçu le précieux papier au mois d’août 2020, après avoir rendu mon mémoire et quitté l’université. Avec une licence en économie et gestion, puis un master en études de développement, spécialisé en développement durable et participation citoyenne des jeunes, je pensais pouvoir contribuer à la société, créer un monde meilleur. Je pensais encore que demain serait mieux qu’aujourd’hui.
La concurrence était déjà forte avant la crise
Au moment précis où tous mes projets devaient commencer à voir le jour, malgré l’envoi de plus de 150 candidatures, je n’ai obtenu que 50 réponses. Toutes négatives. J’ai décroché un entretien, mais la concurrence était rude, je n’ai pas eu le poste.
On me dit, comme à beaucoup d’autres diplômés de ma promo, que je n’ai pas assez d’expérience pour un CDI dans mon domaine. Au sein de ma promo, certains ont choisi de poursuivre vers un doctorat, d’autres ont réussi à trouver un emploi leur assurant une source de revenus, mais beaucoup ont dû retourner chez leurs parents.
Dans le milieu du développement et de la coopération internationale, j’ai le sentiment que tous les postes sont accessibles à partir de trois ans d’expérience minimum. Et le manque de financement et de visibilité dans ce secteur pousse les employeurs à limiter le nombre d’offres rémunérées au profit de stages bénévoles pour les jeunes sortant d’école. La concurrence était déjà forte dans ce domaine avant la crise sanitaire, mais, depuis un an, la diminution du nombre d’offres rend encore plus difficile l’accès à l’emploi pour les jeunes diplômés.
Comment cumuler cette expérience si on ne nous laisse pas une chance? Les petits jobs étudiants, eux, ne comptent pas.
Avant, j’étais indépendant, mais maintenant…
Pour un CDD ou de l’intérim me permettant de boucler la fin du mois, on me dit cette fois que je suis trop qualifié. Je ne peux pas faire de stage, car je ne suis plus conventionné. Et oui, mon diplôme je l’ai déjà.
Le service civique m’apporterait 570 euros, ajoutés à un peu plus de 250 euros d’APL (aide personnalisée au logement). Pas de RSA, car j’ai moins de 25 ans, pas de soutien alimentaire au Crous non plus, car je ne suis plus considéré comme un étudiant. Le RSA jeune et le chômage, je ne les touche pas non plus, car mes études, stages et séjours à l’étranger ne m’ont pas permis de remplir les “cases”. Le bénévolat? J’y ai pensé, mais il ne me permettrait pas de vivre.
La banque, elle, n’oublie pas les échéances. J’ai emprunté 25.000 euros il y a quelques années pour financer mes études. Mon agence immobilière n’oublie pas non plus mon loyer, et mon fournisseur d’énergie n’oublie pas la facture. Alors, aujourd’hui, j’ai fait le choix de suivre mon copain qui, lui, a réussi à trouver du travail. J’ai fait ce choix pour garder un semblant de stabilité dans ma vie, mais je ne veux pas qu’il assume financièrement le coût d’une vie à deux avec un seul salaire. Mes parents, retraités tous les deux, continuent de m’aider en m’envoyant un peu d’argent. Heureusement qu’ils sont là, car hormis les 250 euros d’APL que je touche mensuellement, ils sont ma seule source de revenus.
Avant, je cumulais petits emplois et amphithéâtres, j’étais indépendant. Mes parents se chargeaient de mes frais de scolarité et moi je payais mon loyer, mes factures, mes charges et mes sorties par moi-même et grâce à l’emprunt que j’avais contracté auprès de la banque. Mais maintenant, à 24 ans, je suis seul chez moi toute la journée à éplucher des sites de petites annonces en espérant trouver une source de revenus.
En septembre 2021, une nouvelle promotion sera diplômée et s’ajoutera au grand nombre de jeunes qui n’ont pas trouvé d’emploi cette année. Quelles options me reste-t-il? Quel espoir nous reste-t-il?
C’est toute une génération qui se bat pour (sur) vivre sans qu’on l’écoute
Le président de la République a affirmé à plusieurs reprises la volonté du gouvernement de vouloir apporter son soutien à l’emploi des jeunes. Cependant, ces mesures ne sont applicables que dans de rares cas aux jeunes diplômés d’un bac +4/+5. Moi, je ne suis pas le plus à plaindre, j’ai un toit au-dessus de ma tête, je dors au chaud, j’ai ce qu’il faut dans mon assiette. Mais ce n’est pas le cas de tous les jeunes dans ma situation. Et ça, ça m’affecte beaucoup. En plus du poids psychologique et social de la situation que je vis, qu’on vit tous, j’ai du mal à accepter de voir toute une génération se battre pour (sur) vivre sans qu’on l’écoute.
La crise sanitaire impacte les jeunes diplômés, mais aussi celles et ceux qui veulent se former. Benoit doit trouver une entreprise pour continuer son bac pro en alternance. Il n’a toujours rien trouvé, après 180 mails…
Le gouvernement doit donner une voie aux jeunes qui ne demandent qu’à faire leurs preuves et, malgré la crise sanitaire, à participer à ce projet. Notre projet. Pour lequel, ne l’oublions pas, ils ont majoritairement déposé leurs bulletins de vote en 2017.
Les dernières semaines m’ont redonné espoir. Les étudiants se font entendre et l’exécutif prend enfin note des revendications de ces jeunes qui étudient dans des conditions difficiles, et qui parfois en viennent au pire sous le poids psychologique, financier, sanitaire de la période. Je suis conscient qu’il n’y a pas de remède miracle, et je ne doute pas de la difficulté de fournir une réponse à la fois globale et individuelle à cette crise. Mais là, il y a urgence.
Ce billet provient des ateliers d’écriture menés par la ZEP (la Zone d’Expression Prioritaire), un dispositif média d’accompagnement à l’expression des jeunes de 15 à 25 ans qui témoignent de leur quotidien comme de toute l’actualité qui les concernent.
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