Un micro-collège créé en Picardie pour relancer les "décrocheurs"
ÉDUCATION - “Au fil de l’année, ils prennent confiance”: dans l’Aisne, un micro-collège remet en selle les décrocheurs du système scolaire grâce à un accompagnement spécifique, un dispositif qui suscite désormais l’intérêt dans d’autres régions.Ouverte...
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ÉDUCATION - “Au fil de l’année, ils prennent confiance”: dans l’Aisne, un micro-collège remet en selle les décrocheurs du système scolaire grâce à un accompagnement spécifique, un dispositif qui suscite désormais l’intérêt dans d’autres régions.
Ouverte en 2019 à La Fère, cette structure de retour à l’école (SRE) accueille une trentaine d’élèves de 13 à 16 ans en décrochage depuis plus d’un an. Deux classes, une salle d’informatique et une de repos leur sont réservées dans une annexe du collège Marie-de-Luxembourg, le seul de cette commune de 2.800 habitants.
Seule la cour sépare les deux structures et les élèves peuvent se mêler aux 400 autres lors des récréations. “Mais il arrive souvent qu’au début, les phobiques scolaires restent dans la salle de repos. Au fil de l’année, ils prennent confiance et sortent avec les autres”, relève Laurence Pomarelle, coordinatrice du micro-collège.
Harcèlement scolaire, situation familiale délicate, difficultés scolaires, problèmes de santé: la rupture a des causes multiples.
“J’ai été harcelée à l’école primaire et ça a continué au collège. Je n’arrivais plus à aller à l’école, j’avais peur”, confie Amandine, 13 ans, en 4e. Madison, en 3e, était “malpolie avec les profs, ils ne m’écoutaient pas, je leur parlais mal”.
Réconcilier l’école avec les décrocheurs
Ici, “l’objectif est de réconcilier l’enfant avec l’école, donner le goût de l’apprentissage et le préparer aux épreuves du brevet pour ensuite accéder à une orientation dans le système traditionnel”, résume Laurence Pomarelle.
Mot d’ordre: prendre son temps. “Ce n’est pas l’enseignant qui rythme le cours, mais l’inverse”, précise Sophie Rodrigues, professeur du pôle science, membre de l’équipe de six enseignants, tous volontaires.
“Tout est individualisé, si un élève ne va pas bien, on prend le temps de discuter avec lui et on attend qu’il se sente mieux pour reprendre le travail”.
En cet après-midi de janvier, elle donne un cours de mathématiques aux 3e. Les élèves vont et viennent, de la salle d’informatique à la salle de classe.
“On les laisse bouger, ils peuvent se lever, se déplacer. J’expérimente de nouvelles méthodes d’enseignement, notamment avec des jeux, des travaux en petits groupes, nous avons beaucoup de liberté”, explique l’enseignante.
“Le maître n’est pas sur un piédestal à dispenser son savoir devant des enfants qui se taisent et écoutent. Ici, c’est une relation horizontale”, complète Laurence Pomarelle. Tout en soulignant: “ils restent des adolescents. Avec leurs fragilités, les ressentis sont parfois exacerbés”.
Les journées sont moins chargées qu’en collège classique et il n’y a pas de devoirs à la maison. “J’arrive mieux à me concentrer, car on est moins nombreux et les profs nous comprennent”, explique Lisa, 13 ans.
Retrouver le plaisir de l’école
Le micro-collège a aussi transformé Amandine qui a pris confiance en elle: “je prends plaisir à venir à l’école. Avant je détestais travailler. Aujourd’hui, je suis moins triste et moins agressive, j’ai des amis. Et nous avons tous un tuteur, un des professeurs, qui nous aide si besoin”.
L’admission se fait sur dossier. “Il faut que l’enfant soit volontaire mais aussi que ses parents le soutiennent”, relève la principale Nathalie Oudin. Qui tire un bilan positif du dispositif: “nous n’avons qu’une année de recul, mais sur les élèves de 3e de l’année dernière, on a eu de très belles surprises. Sur 15 enfants, 2 sont en seconde générale, d’autres en bac pro et quelques-uns en CAP. On a juste un échec, une jeune fille qui a tout arrêté”.
Après La Fère, une structure similaire vient d’ouvrir à Amiens. Au total, ces établissements se comptent “sur les doigts d’une seule main” en France, selon Philippe Delignières, coordonnateur de l’académie d’Amiens pour les SRE.
“Le système traditionnel a vocation à rester universel, mais au vu du nombre de demandes de visites reçues d’autres académies, je pense que ces structures vont se développer en France”, estime-t-il.
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