Un nouvel album émancipateur (et très réussi) pour Little Simz

“Être moi sans réserve.” Au cours de l’entretien qu’elle nous accorde depuis les locaux de son label, l’expression revient presque mécaniquement. Plus qu’un rouage marketing pour dire l’authenticité, la phrase est pour l’Anglaise Little Simz...

Un nouvel album émancipateur (et très réussi) pour Little Simz

REJOINDRE L'ÉQUIPE DE RÉDACTION

Tu penses avoir un don pour la rédaction ?
Contacte-nous dès maintenant pour rejoindre notre équipe de bénévoles.

POSTULER

REJOINDRE L'ÉQUIPE DE RÉDACTION

Tu penses avoir un don pour la rédaction ?
Contacte-nous dès maintenant pour rejoindre notre équipe de bénévoles.

POSTULER

REJOINDRE L'ÉQUIPE DE RÉDACTION

Tu penses avoir un don pour la rédaction ?
Contacte-nous dès maintenant pour rejoindre notre équipe de bénévoles.

POSTULER

“Être moi sans réserve.” Au cours de l’entretien qu’elle nous accorde depuis les locaux de son label, l’expression revient presque mécaniquement. Plus qu’un rouage marketing pour dire l’authenticité, la phrase est pour l’Anglaise Little Simz un véritable leitmotiv, un mantra qu’on se répète à l’envi pour sa valeur émancipatrice.

D’émancipation, il est d’ailleurs question en long, en large et en travers sur Sometimes I Might Be Introvert, quatrième album de la rappeuse londonienne. Pour être elle sans réserve, Simbi Ajikawo a dû créer son propre safe space dans une période troublée par la pandémie et les crises politiques à répétition – l’odieux Boris Johnson en tête – pour redéfinir les contours de la figure de l’artiste en 2021.

Un album en forme de quête intérieure

En ces temps propices à l’introspection, elle s’est entourée de ses amis et collaborateurs, le producteur Inflo et la chanteuse Cleo Sol, pour bâtir son disque le plus éminemment personnel (pour preuve, l’acronyme de Sometimes I Might Be Introvert forme son vrai prénom, Simbi).

À l’instar d’un Kendrick Lamar qui avait choisi le repli et le soulèvement intérieur qu’un discours va-t-en-guerre sur son album DAMN. – sorti au moment de l’élection de Donald Trump à la présidence des États-Unis –, l’impétueuse Little Simz aura opté pour la même retraite intimiste : “Ce qu’on nous a montré, c’est toute la folie du monde, mais personne ne nous a encouragés à regarder comment on se sent à l’intérieur. Le confinement était mon opportunité pour faire ça.”

“À mesure qu’on grandit, l’innocence de l’enfance s’estompe à cause de notre bagage, de nos traumas.”

Dans cet album en forme de quête intérieure, qu’elle envisage elle-même comme un “film-audio”, Little Simz délaisse l’urgence et la nervosité du précédent et expéditif Grey Area (2019) pour renouer avec les ambitions opératiques qui avaient fait le succès de son deuxième disque, le narratif Stillness in Wonderland (2016), qui s’inspirait évidemment de l’Alice du conte de Lewis Carroll.

Décrit par la principale intéressée comme un “film Disney à la Mary Poppins avec un twist hip-hop”, SIMBI tente de se reconnecter à cette même insouciance de l’enfance : “À mesure qu’on grandit, l’innocence de l’enfance s’estompe à cause de notre bagage, de nos traumas. Retrouver cet espace de fougue, c’était très important pour retourner à ce que j’étais : libre, expressive et pas inquiète du jugement des autres.”

Un portrait chinois de son autrice

Bien aidée par l’actrice de The Crown, Emma Corrin, qui prête sa voix aux interludes du disque, Little Simz substitue à la précision chirurgicale des flows de Grey Area un verbe plus libre, et désengoncé de toute contrainte formelle ayant trait au rap. Un geste artistique ample qui démultiplie les points de vue et capture la personnalité plurielle de son autrice.

De cet espace mental, la Londonienne a ramené un disque-somme. Entre l’introduction martiale et conquérante, Introvert, l’orgueilleux Rollin Stone, l’hommage soul sur Woman et Two Worlds Apart, les mélodies enfantines de Little Q, le funk de Protect My Energy ou la déclaration d’amour à ses origines nigérianes en featuring avec Obongjayar (Point and Kill), Sometimes I Might Be Introvert semble être un véritable portrait chinois de son autrice.

Mais quand elle conclut l’une des punchlines d’Introvert par “Cela fait de moi une anthropologiste”, c’est pour mieux réaffirmer que, chez elle, l’introspection n’est jamais hors-sol. Comme une manière d’indiquer qu’elle est une artiste de terrain, et que sa récente prise de recul cache moins un travers égotique mal placé qu’un désir brûlant de redéfinir sa manière d’être au monde et en prise avec lui.

Dans ce voyage initiatique gavé de productions chatoyantes se niche donc, inévitablement, une acuité à toute épreuve sur son environnement proche : “Je vis dans le vrai monde ! Je dois causer de ce que je vois arriver sur le terrain. Je suis une jeune femme noire de Londres. Qu’importe que tu puisses t’y identifier ou pas. C’est ma vérité, ma réalité.” Introvertie mais toujours alerte.

Une déclaration d’amour à ses origines nigérianes

De cet espace mental, la Londonienne a ramené un disque-somme. Entre l’introduction martiale et conquérante, Introvert, l’orgueilleux Rollin Stone, l’hommage soul sur Woman et Two Worlds Apart, les mélodies enfantines de Little Q, le funk de Protect My Energy ou la déclaration d’amour à ses origines nigérianes en featuring avec Obongjayar (Point and Kill), Sometimes I Might Be Introvert semble être véritable portrait chinois de son autrice.

Mais quand elle conclut l’une des punchlines d’Introvert par “cela fait de moi une anthropologiste”, c’est pour mieux réaffirmer que, chez elle, l’introspection n’est jamais hors-sol.

“Je suis une jeune femme noire de Londres. Qu’importe que tu puisses t’y identifier ou pas.”

Dans ce voyage initiatique gavé de productions chatoyantes se niche donc inévitablement une acuité à toute épreuve sur son environnement proche : “Je vis dans le vrai monde ! Je dois causer de ce que je vois arriver sur le terrain. Je suis une jeune femme noire de Londres. Qu’importe que tu puisses t’y identifier ou pas. C’est ma vérité, ma réalité.” Introvertie mais toujours alerte.

Sometimes I Might Be Introvert (AWAL/PIAS)