Un nouvel album gothique et rédempteur pour la Suédoise El Perro del Mar

Un homme marche de dos dans une forêt, semblant progresser difficilement comme s’il cherchait son chemin. Soudain, il nous fait face, posté près d’une maison, le visage et le corps dissimulés par une fumée noire intrigante. La voix blanche...

Un nouvel album gothique et rédempteur pour la Suédoise El Perro del Mar

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Un homme marche de dos dans une forêt, semblant progresser difficilement comme s’il cherchait son chemin. Soudain, il nous fait face, posté près d’une maison, le visage et le corps dissimulés par une fumée noire intrigante. La voix blanche de Sarah Assbring, alias El Perro del Mar, s’élève alors, avec ces paroles mystérieuses : “Your silence made me silent.” Le court métrage coécrit par l’autrice-compositrice-interprète suédoise, sans rien montrer d’explicite, fait étrangement naître une atmosphère horrifique jusqu’à sa conclusion où une voix cauchemardesque lâche quelques mots inquiétants.

C’est, en partie, à travers les métaphores fantastiques que Sarah Assbring a décidé de refléter son état d’esprit du moment… légèrement torturé. L’univers de Big Anonymous ne contient pas vraiment de monstres baroques ; la seule menace est représentée par des proches qui ont disparu et qui, depuis, la hantent. Avec ce disque, son 1er pour City Slang, El Perro del Mar cautérise ses plaies et fait le deuil de membres de sa famille encore trop présents. “On ne peut pas vraiment raisonner avec les morts, explique-t-elle dans le communiqué. C’est quelque chose que j’ai fini par comprendre.”

Quelque chose d’Angelo Badalamenti

Gothique et rédempteur, ce sixième album d’El Perro del Mar, initié par une commande du théâtre dramatique de Stockholm, n’a donc rien à voir avec le précédent, l’enjoué KoKoro (2016) et sa pop voyageuse. Mais il est à l’image du morceau final, Kiss of Death, où, après une introduction tendue, la voix de Sarah Assbring, accompagnée par un orchestre synthétique hitchcockien, met tellement de conviction dans sa catharsis que celle-ci devient universelle et hypnotique. Intense séance de train fantôme, Big Anonymous ne serait pas un voyage commode si El Perro del Mar ne possédait pas un talent fou pour habiller ses drames personnels de mélodies majestueuses et d’arrangements très cinématographiques.

L’instrumental The Truth the Dead Know flirte ainsi avec les danses sensuelles et tragiques que font imaginer certaines compositions d’Angelo Badalamenti, le compositeur préféré de David Lynch disparu fin 2022. Les autres morceaux rivalisent avec cette puissance d’évocation, tenant en haleine avec le moindre son, le moindre souffle, comme Wipe Me Off This Earth. L’exemple le plus probant est la reprise, très lynchienne, de Please Stay, créé par la paire Burt Bacharach/Bob Hilliard et devenu un hit pour le quatuor soul The Drifters, transformé en supplication métallique et spectrale.

Big Anonymous (City Slang/PIAS). Sortie le 16 février. Concert au Badaboum, Paris, le 6 mai.