“Un Peuple” : une matière si riche pour un regard qui laisse sur sa faim
Dès les 1ères pulsations du mouvement des Gilets jaunes en novembre 2018, le réalisateur Emmanuel Gras part avec sa caméra capter la naissance du mouvement auprès d’un groupe de militant·es à Chartres. Au fur et à mesure qu’il avance, le récit...
REJOINDRE L'ÉQUIPE DE RÉDACTION
Tu penses avoir un don pour la rédaction ?
Contacte-nous dès maintenant pour rejoindre notre équipe de bénévoles.
REJOINDRE L'ÉQUIPE DE RÉDACTION
Tu penses avoir un don pour la rédaction ?
Contacte-nous dès maintenant pour rejoindre notre équipe de bénévoles.
REJOINDRE L'ÉQUIPE DE RÉDACTION
Tu penses avoir un don pour la rédaction ?
Contacte-nous dès maintenant pour rejoindre notre équipe de bénévoles.
Dès les 1ères pulsations du mouvement des Gilets jaunes en novembre 2018, le réalisateur Emmanuel Gras part avec sa caméra capter la naissance du mouvement auprès d’un groupe de militant·es à Chartres. Au fur et à mesure qu’il avance, le récit se recentre autour d’Agnès, Benoît, Nathalie et Allan, ces corps politiques qui investissent les péages et ronds-points pour exprimer leur indignation avec une pugnacité et un courage sans limites.
Fort de cette matière si riche et d’une superbe intuition – placer sa caméra au centre d’un des événements politiques les plus importants de ce début de siècle, Un peuple livre forcément un témoignage extrêmement précieux.
ContestationsEntre l’incompréhension des violences policières, véritables scènes de guerre, les luttes et désenchantements internes que subissent les différents membres, le film a beau être prenant, passionnant à plusieurs moments (seul véritable sommet esthétique, un long et sidérant travelling capte l’ensemble des vitrines défoncées des Champs-Élysées), il laisse hélas trop souvent l’impression de demeurer dans le confort de l’immense matière qu’il saisit. Comme si elle se laissait emporter par la tentation de la captation sans jamais désirer la retransfigurer par la force d’un dispositif filmique, la cinématographie de Gras ne semble pas parvenir à se hisser à la hauteur de son sujet.
Arrivant en salle de longs mois après plusieurs témoignages offerts sur le sujet (J’veux du soleil de François Ruffin et Gilles Perret, Un pays qui se tient sage de David Dufresne) et bien après la dissolution du mouvement, Un peuple subit par ailleurs un effet de contretemps. Il fixe une matière qui n’a plus rien d’un présent, sans pour autant l’enrichir de ce que les analyses ont produit depuis de complexité. On ne peut alors que constater une incapacité à établir des ponts qui tenteraient d’expliquer, à une échelle supérieure, les fondements du mouvement des Gilets jaunes et les formes de contestations suivantes (le “Convoi de la liberté”).
Un Peuple d’Emmanuel Gras, sortie en salle le 23 février