Un policier de la BAC prend 8 ans ferme pour corruption et trafic de stupéfiants

JUSTICE - Des “agissements de délinquant chevronné” qui ont “sali” la police: le tribunal a condamné ce lundi 22 février un fonctionnaire de la brigade anti-criminalité (BAC) de Paris à huit ans d’emprisonnement pour corruption passive et trafic...

Un policier de la BAC prend 8 ans ferme pour corruption et trafic de stupéfiants

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Un policier de la BAC prend 8 ans ferme pour corruption et trafic de stupéfiants (photo de la Brigade Anti-Criminalité de nuit à Paris le 16 octobre 2020)

JUSTICE - Des “agissements de délinquant chevronné” qui ont “sali” la police: le tribunal a condamné ce lundi 22 février un fonctionnaire de la brigade anti-criminalité (BAC) de Paris à huit ans d’emprisonnement pour corruption passive et trafic de stupéfiants notamment, et cinq de ses collègues se sont vu infliger des peines allant du sursis à un an ferme.

Dix jours après la fin du procès, le tribunal a rendu son jugement dans cette affaire à tiroirs dont le principal prévenu, Karim M. dit “Bylka” (kabyle en verlan), a comparu au côté de cinq policiers de son équipe et deux informateurs officieux.

Le tribunal a suivi les réquisitions du parquet en reconnaissant coupable le brigadier de 47 ans des sept infractions qui lui étaient reprochées, assortissant sa peine d’une interdiction définitive d’exercer le métier de policier.

“Vous avez trompé l’autorité judiciaire et trahi la confiance de l’institution policière, salie par ces agissements de délinquant chevronné”, a déclaré la présidente de la 16e chambre correctionnelle, Isabelle Prévost-Desprez, à l’adresse du prévenu, qui est resté impassible dans son box vitré.

Un policier devenu “banquier”

Chef informel d’une équipe de la BAC du XVIIIe arrondissement, “Bylka” a été condamné pour avoir fait souscrire une “assurance” à des dealers du quartier populaire de la Goutte d’Or, accordant sa protection à certains en les laissant travailler, moyennant contrepartie.

Il a aussi été reconnu coupable d’avoir, en concertation avec l’un de ses “indics”, interpellé opportunément en avril 2017 deux hommes avec de la cocaïne qui ne leur appartenait pas -en empochant 80.000 euros.

Soit le règne de “l’arbitraire”, a résumé le tribunal. Karim M. a “mis à disposition de délinquants les pouvoirs accordés par la République aux policiers en leur garantissant l’impunité, en favorisant leurs trafics, en procédant à des interpellations pour le compte et dans l’intérêt de délinquants et en commettant des faux en écritures publiques”, selon le tribunal.

“Vous vous êtes considérablement enrichi en commettant l’infraction de blanchiment”, a ajouté la présidente, décrivant un policier devenu “banquier”, “porteur de valises” ou encore “organisateur d’opérations de compensation”.

“Disproportionné”

Lors du procès, Karim M. a inlassablement contesté toute corruption et trafic, invoquant des méthodes policières visant à obtenir des informations, dont sa hiérarchie avait connaissance. L’ex-“baqueux” avait cependant reconnu le blanchiment, affirmant ignorer à l’époque cette infraction et avoir seulement rendu des “services” à des amis sans lien avec son métier.

Des explications “absolument pas crédibles”, a balayé lundi le tribunal, qui s’est notamment appuyé sur des sonorisations dans les véhicules de la BAC et des investigations financières. “Il est bien évident que nous allons interjeter appel dès cet après-midi de cette décision, que l’on conteste totalement”, a réagi son avocat Patrick Maisonneuve, dénonçant un “jugement qui repose sur des affirmations” sans “démonstration”.

Considéré comme l’ami et adjoint de “Bylka”, Aaron B., 39 ans, a été condamné à quatre ans de prison dont deux avec sursis pour faux en écriture et vol par personne dépositaire de l’autorité publique avec, là aussi, une interdiction définitive d’exercer. “Vous n’êtes pas digne d’exercer la fonction de policier”, lui a assené la présidente en prononçant cette peine, qui est plus lourde que les 18 mois ferme demandés par le parquet.

Un jugement “disproportionné” et “très injuste” pour des “petits gardiens de la paix” qui ont “travaillé sous une hiérarchie de plomb”, a réagi son avocat Adrien Sorrentino, précisant qu’il allait faire appel. À l’encontre de Mehmet C., Julian T., Jean-Baptiste B. et Alexandre C., le tribunal a prononcé des peines allant de 12 mois avec sursis à deux ans dont un ferme, assortie selon les cas d’interdictions de plusieurs années ou définitive.

Âgés de 29 à 33 ans, ils ont été condamnés pour une interpellation d’avril 2019: certains pour avoir frappé un suspect dans la voiture de la BAC, d’autres pour avoir “habillé” la procédure en faisant croire que l’homme avait du crack et un couteau sur lui - en réalité confisqués à un autre la veille.

Les deux derniers prévenus, des indics de “Bylka”, ont été condamnés pour l’un à 5 ans de prison et 30.000 euros d’amende, pour l’autre à un an ferme. Le premier, Ahmad M. surnommé “L’Hindou”, 57 ans, a été reconnu coupable de corruption active et trafic de stupéfiants. Le deuxième, Abdoulaye B., 53 ans, de cette seconde infraction seulement.

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