Un spray nasal pour éliminer le coronavirus? Pourquoi il ne faut pas crier victoire trop vite
CORONAVIRUS - Une pulvérisation dans chaque narine pourrait-elle être la nouvelle arme miracle contre le coronavirus? C’est la promesse de la société Pharma and Beauty (P&B) basée dans les Bouches-du-Rhône. Début mars, la société va commercialiser...
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CORONAVIRUS - Une pulvérisation dans chaque narine pourrait-elle être la nouvelle arme miracle contre le coronavirus? C’est la promesse de la société Pharma and Beauty (P&B) basée dans les Bouches-du-Rhône. Début mars, la société va commercialiser un spray nasal anti-Covid qui éliminerait, en 30 secondes, 99% du virus présent dans les narines.
L’annonce de P&B ne serait-elle pas un peu trop belle? Nous avons interrogé des médecins et des chercheurs pour tenter de répondre. Sans nier l’intérêt des sprays nasaux en tant qu’outils supplémentaires contre le coronavirus, ils se montrent toutefois assez prudents quant à l’efficacité finale du produit.
Comment fonctionnerait le spray nasal ?
Selon le site du groupe Pharma and Beauty, le principe actif du spray serait tiré de l’eau ionisée qu’il contiendrait à hauteur de 40%. L’eau ionisée aurait un effet virucide et serait produite par électrolyse, c’est-à-dire par une filtration chimique d’une eau minérale classique réalisée à l’aide d’un courant électrique.
L’objectif de cette filtration serait de charger l’eau obtenue en ions négatifs. Les ions négatifs contenus dans le spray, explique P&B, agiraient contre les virus en dégradant leur enveloppe virale.
La société P&B affirme que l’efficacité du spray a été validée par l’IHU de Marseille et le professeur Bernard La Scola, membre de l’équipe du professeur Didier Raoult. D’autres tests auraient également été réalisés au Japon sur différents virus, dont le H1N1. Ces études ne semblent pas être disponibles en ligne et la société Pharma and Beauty n’a pas répondu à nos demandes de précisions.
Les médecins sont prudents
Les résultats annoncés par P&B sont accueillis avec un certain scepticisme par les médecins et les scientifiques. D’abord parce que les vertus antimicrobiennes de l’eau ionisée ne font pas consensus au sein de la communauté des chercheurs en France.
“Je ne sais pas ce qu’il y a dedans, ni sur quel argument scientifique cela se base”, déclare au Huffpost le docteur Philippe Lavalle, directeur de recherche à l’Inserm, qui travaille également sur son propre projet de spray nasal. Le scientifique ne relève pas d’ailleurs de différences flagrantes d’un point de vue thérapeutique entre l’eau ionisée et l’eau de mer utilisée dans des sprays plus classiques.
Contacté par le Huffpost, Jean-Michel Klein, vice-président du syndicat national des ORL, déclare qu’il est “un peu sceptique” face aux “avancées miraculeuses, un petit peu excessives” annoncées par les laboratoires.
Le docteur Klein déplore également l’ambiguïté à des fins “commerciales” de la communication des sociétés pharmaceutiques. “Il y a un détournement de langage qui sous-entend que le spray serait un traitement alors qu’il est n’est qu’un produit en classe 1, c’est-à-dire un produit en vente libre”, prévient Jean-Michel Klein. On joue sur “l’angoisse” du public vis-à-vis du Covid, regrette-t-il.
Un geste barrière supplémentaire
Pour autant le syndicaliste reconnaît un mérite aux sprays et autres sérums physiologiques qui sont “un geste barrière comme les autres, un petit plus”. Les lavages nasaux ont toujours été recommandés par le syndicat des ORL dans le cadre des poussées virales, explique le docteur Klein.
Il n’en reste pas moins que les sprays nasaux sont une piste prometteuse pour lutter contre le Covid-19. L’université de Columbia à New York a déclaré travailler sur un spray contenant une molécule capable de bloquer le coronavirus. En France, les équipes du CNRS du docteur Philippe Karoyan développent un spray qui fonctionnerait comme un leurre contre le Covid.
Et à l’Inserm, explique le docteur Philippe Lavalle, un spray nasal protecteur est également en cours de développement. S’il devait devenir un traitement, il devra passer par un long processus d’études cliniques et d’agréments auprès de l’Agence Nationale de Sécurité du Médicament (ANSM) explique le chercheur. En attendant qu’il devienne éventuellement un remède miracle, il pourrait bien devenir un vrai geste barrière.
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