"Underground": hommage aux musiciens des marges
BANDE DESSINÉE - Comment définir l’“underground”, cette appartenance revendiquée par tant de musiciens pour s’opposer au “mainstream” et (terrible insulte!) à la production “commerciale”? La célébrité salit-elle les artistes? La qualité d’une...
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BANDE DESSINÉE - Comment définir l’“underground”, cette appartenance revendiquée par tant de musiciens pour s’opposer au “mainstream” et (terrible insulte!) à la production “commerciale”? La célébrité salit-elle les artistes? La qualité d’une musique est-elle incompatible avec le succès? Évidemment pas.
Le groupe IAM a parfaitement moqué cette posture dans un texte implacable: “Sur ceux qui prennent l’underground comme prétexte/ Pour mieux pouvoir critiquer/ Mais c’est si facile de causer et si dur de faire chanter/ Des morceaux pour les trois mecs du quartier/ Et se proclamer roi de l’underground/ Les vents du sud se lèvent/ Si tu ne les aimes pas, apprends au moins le respect/ Brûle ta musique et tes textes/ Et surtout pour nos oreilles/ Reste toujours underground.”
Au-delà de la posture d’artiste maudit, force est de constater que l’underground relève rarement du choix mais plus souvent de l’accident : l’histoire de la musique est jalonnée de parcours d’artistes accidentés. Des musiciens à l’intégrité totale, dévoués à leur art, qui auraient parfois mérité la notoriété de Mick Jagger mais n’ont pas pu, su ou voulu trouver leur public. Une bande dessinée d’Arnaud Le Gouëfflec et Nicolas Moog, sobrement titrée Underground (aux éditions Glénat), leur rend hommage à travers une trentaine de portraits.
Choix des artistes
Le choix des artistes retenus n’a pas dû relever de l’évidence. Premier critère pour les auteurs : ils doivent appartenir au club des « grands frappés », comme Daniel Johnston dont la maladie mentale (schizophrénie, bipolarité) a sans doute contribué à définir un art brut à l’intense force émotionnelle. Ou Brigitte Fontaine, dont la folie est peut-être un peu plus fabriquée mais fait partie intégrante du personnage qu’elle s’est créée. Le deuxième critère est celui de l’œuvre : Arnaud Le Gouëfflec et Nicolas Moog ne sont intéressés qu’aux musiciens dont l’énergie créative a traversé la vie.
Tous les genres sont abordés, du jazz (Sun Ra) à la chanson (Colette Magne, Boris Vian), en passant par le rock (Cramps, Kim Fowley) et les musiques électroniques (Raymond Scott). Les auteurs trichent un peu lorsqu’ils ajoutent quelques rares artistes très connus (Patti Smith, Nico) pour arriver à la parité homme-femme, ou qu’ils honorent non pas des artistes, mais des genres musicaux dans trois chapitres consacrés au black metal, au dub et au krautrock.
Sortie de l’anonymat
À l’inverse, certains artistes sortent par la grâce de ce recueil d’un anonymat devenu presque total: John Fahey, Merrell Fankhauser, Eugene Chadbourne ou les punks de Crass seront connus de peu de lecteurs avant d’ouvrir cette bande dessinée qui restera en mémoire pour la richesse de ses anecdotes. C’est par exemple le groupe Mu, obsédé par l’ufologie, qui forme une communauté végétarienne sur l’île de Maui et achète une plantation de bananes près du studio où ils enregistrent leurs disques psychés. C’est Peter Ivers, auteur de la chanson “In Heaven” écrite pour David Lynch (devenu un tube repris par les Pixies) qui est tué dans son lit à coups de marteau et devient un l’objet d’une enquête policière toujours irrésolue. C’est Captain Beefheart qui joue du saxophone la nuit dans le désert pour les serpents. Trois histoires parmi tant d’autres, toutes magnifiquement mises en images, qui rappellent que la musique est autant une porte ouverte sur l’imaginaire qu’un formidable catalyseur de légendes.
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