Une nouvelle collection de bandes dessinées consacrée aux Affaires d’État de la Ve République
BD —Les affaires d’État, ces “affaires politiques qui impliquent des membres du gouvernement d’un ou plusieurs États” selon Wikipédia, ont jalonné l’histoire de la Ve République jusqu’à aujourd’hui, l’affaire Sarkozy-Kadhafi ou l’affaire Benalla...
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BD —Les affaires d’État, ces “affaires politiques qui impliquent des membres du gouvernement d’un ou plusieurs États” selon Wikipédia, ont jalonné l’histoire de la Ve République jusqu’à aujourd’hui, l’affaire Sarkozy-Kadhafi ou l’affaire Benalla — actuellement en cours d’instruction par la justice — n’étant que deux exemples très récents parmi des dizaines d’autres scandales qui ont fasciné autant qu’écœuré l’opinion publique.
Une nouvelle collection de bandes dessinées éditée par Glénat revisite trois affaires d’État ayant ébranlé la Ve République. Trois albums publiés le 7 avril constituent chacun le 1er épisode de séries qui en développeront les ramifications. Aux manettes: Philippe Richelle, scénariste belge fasciné par les secrets de l’histoire politique européenne, et plus particulièrement française (Les mystères de la République, Secrets Bancaires, Les Coulisses du pouvoir…) Il est assisté sur ces nouveaux titres par trois dessinateurs dont le trait réaliste est assez semblable: Régis Penet, Pierre Wachs et Alfio Buscaglia.
Extrême Droite
Le plus convaincant des trois volumes est celui consacré à l’Extrême droite (Tome 1 : Un homme encombrant), qui explique l’ascension du créateur du “Parti National”, dont l’accélération est rendue possible par le détournement d’un héritage. Sous le nom de Jean-Maurice Le Guen, on reconnaît bien évidemment Jean-Marie Le Pen, l’histoire de l’album tournant autour du soupçon de captation de l’héritage Lambert à l’origine de sa fortune. C’est la grande limite de cette série que de changer les noms et les détails (dates notamment) pour éviter les procès en diffamation, plutôt que d’énoncer clairement des accusations, ce qu’ont osé par exemple les bandes dessinées Sarkozy-Kadhafi (Delcourt) et Benalla et moi (La Revue Dessinée / le Seuil), qui étaient de véritables enquêtes très documentées. C’est parce que Philippe Richelle a décidé de s’inspirer librement de faits historiques pour y intégrer une dimension fictionnelle, imaginant même parfois des explications plausibles à des affaires non encore élucidées.
Cela n’empêche pas pour autant son travail de prétendre à un intérêt pédagogique. Les origines vichystes du “Parti national” ne sont pas occultées (le Front national a en effet été créé notamment par un ancien Waffen SS : Pierre Bousquet avec les anciens miliciens François Brigneau et Roland Gaucher, ce qu’on ne répétera jamais assez), ni ses liens historiques avec l’OAS. Les histoires de meurtres associées à ces faits avérés semblent en revanche plus fantasques. Elles obligeront le lecteur curieux à faire des recherches pour démêler le vrai du faux, ce qui est une très bonne chose.
Jihad
Jihad - Tome 1, Secret défense est un peu plus confus. Les faits relatés dans cet album se déroulent dans les années 1980, autour d’une affaire de trafic d’armes vers le Moyen-Orient impliquant la DST et des membres du gouvernement. L’idée d’installer le Jihad dans ces années-là plutôt qu’aujourd’hui pour cette série est pertinente, et vise sans doute à dépassionner le sujet. Mais le récit un peu embrouillé perd le lecteur, même si les morceaux seront sans doute recollés dans les prochains épisodes. Le scénario semble ici plus fictionnel, inspiré par l’affaire Karachi qui est pourtant plus tardive. La suite devrait raccrocher les wagons avec un autre pan de l’histoire, celle du terrorisme islamiste.
Guerre froide
Guerre Froide - Tome 1, Passage à l’Ouest, est un récit plus classique. Une histoire d’agents doubles, et notamment d’un agent du KGB passé à l’Ouest par la Finlande qui rappellera de façon un peu lointaine aux lecteurs de l’essai L’espion et le traître le parcours d’Oleg Gordievsky, ici rattaché à une enquête pour débusquer des taupes soviétiques infiltrées au siège parisien de l’OTAN.
Dans ces trois albums, l’association de faits historiques à des éléments de fiction étonne. Le concept pourra rebuter certains lecteurs qui préféreraient des scénarios plus ancrés dans les faits ou des enquêtes. Ce mélange des genres a pourtant certaines vertus, comme celle d’interroger notre rapport à l’histoire. Il rappelle que notre capacité à croire l’invraisemblable (et donc à sombrer dans les récits complotistes) ne peut être liée qu’à notre fascination pour le scandale. Peut-être que nourrir cette part sombre présente en chacun de nous par la fiction, obligeant à questionner ce qui nous est raconté, instillera en chacun de nous un doute nécessaire, qui éloignera pour l’avenir la tentation de succomber trop vite aux théories et aux rumeurs qui emportent parfois notre indignation au sujet de scandales plus contemporains.
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