Vaccin AstraZeneca: Après avoir reçu leur première dose, ils nous racontent leur confiance ébranlée

SANTÉ - Ils ne savent plus quoi penser. “C’est un vaccin sûr et efficace”, vient d’annoncer, ce jeudi 18 mars, l’Agence européenne du médicament (EMA). Le vaccin AstraZeneca avait pourtant été suspendu, quelques jours plus tôt, dans tout le...

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Les personnes ayant déjà reçu la première dose du vaccin AstraZeneca se questionnent quant à la gestion de la crise sanitaire.

SANTÉ - Ils ne savent plus quoi penser. “C’est un vaccin sûr et efficace”, vient d’annoncer, ce jeudi 18 mars, l’Agence européenne du médicament (EMA). Le vaccin AstraZeneca avait pourtant été suspendu, quelques jours plus tôt, dans tout le pays.

Emmanuel Macron annonçait la suspension temporaire des injections du sérum suédo-britannique, “par précaution”, le lundi 15 mars. Un chemin emprunté par une dizaine de pays d’Europe. La raison: la crainte d’un effet indésirable rare, des cas de thrombose.

Un coup d’arrêt brutal et des changements de position de la part des membres du gouvernement qui ont suscité une vague de réactions. À la suite de cet épisode d’incertitude, les personnes ayant reçu la première dose sont mitigées et ne cachent pas leur appréhension.

Ces événements ont-ils eu une incidence sur leur vision de la gestion de la crise sanitaire? Le HuffPost a contacté Anna, Ossama, Catherine et Paul, qui ont, comme plus d’un million de Français, reçu une première dose du vaccin AstraZeneca, afin qu’ils nous partagent leurs ressentis.

“Des répercussions directes sur les personnes réfractaires à la vaccination”

Elle s’en souvient bien. “J’avais eu de fortes fièvres qui m’avaient empêché de dormir. J’étais à 40 degrés”, nous confie Anna. L’infirmière de 25 ans a reçu la première dose du vaccin AstraZeneca le 1er mars, dans une clinique bordelaise dans laquelle elle travaille. 

Lorsqu’elle a appris la suspension de la vaccination, c’était la surprise générale pour elle et ses collègues de service. “Nous avons de suite pensé aux incidences que cela allait avoir. Nous n’avions pas peur pour nous, mais, pour les futurs vaccinés. Ces changements de position de la part des politiques auront des répercussions directes sur les personnes réfractaires à la vaccination”.

Malgré les risques d’effets secondaires de l’AstraZeneca, qui ont mené à son retrait temporaire, Anna voit dans la vaccination le seul moyen de sortir de cette période de crise. “C’est un ras-le-bol général. Une fatigue et une inquiétude constante pour tout le milieu hospitalier”, nous confie-t-elle.  

Cette vaccination, elle ne l’a pas seulement faite pour se sécuriser dans l’exercice de son travail, c’était aussi pour pouvoir quitter la France. Son petit ami, qu’elle n’a pas vu depuis des mois, habite en Israël. “Ce vaccin allait peut-être me permettre d’aller le rejoindre. Maintenant, je crains que les autorités israéliennes me refusent l’entrée en raison de la mauvaise réputation de l’AstraZeneca”.

Des questionnements sur la gestion de la crise

Ossama était, lui aussi, éligible à la vaccination. L’étudiant en médecine a franchi le cap le 15 mars, jour de la suspension de l’AstraZeneca. Quelques heures après sa première dose, il a appris la nouvelle: La France a interrompu les vaccins.

“J’étais étonné, mais j’ai vite compris le but de cette suspension”. En revanche, l’entourage du jeune homme de 20 ans a ressenti davantage d’appréhension à ce sujet. “Ils ont eu un peu peur, évidemment, et ont éprouvé de la défiance envers certains politiques. Ils ont du mal à comprendre comment Jean Castex peut annoncer vouloir continuer la vaccination, et Emmanuel Macron la suspendre le lendemain”.

De son côté, Ossama reste confiant quant à la réintroduction du vaccin. Cependant, ces changements soulèvent chez lui des questions concernant la gestion de la crise: “Depuis le premier jour, on constate que le gouvernement a énormément de mal à gérer la situation sanitaire et se retrouve à prendre des décisions contradictoires dans un laps de temps assez court”.

Une fois, mais pas deux

“Si j’ai accepté de me faire vacciner, c’est avant tout pour faire plaisir à mes enfants”. Catherine donne le ton. “Je n’en ressentais pas vraiment le besoin, encore moins l’envie”, poursuit-elle.

La sexagénaire a reçu une première dose de l’AstraZeneca le 11 mars. Les suspicions d’effets secondaires, le retrait temporaire du vaccin, l’approbation de l’EMA... Pour elle, c’est une accumulation: “La goutte de trop”.

Depuis le début de la crise sanitaire, Catherine n’a jamais été une grande partisane de la vaccination. Cet enchaînement de prises de décision politique la conforte davantage dans ses convictions: “J’éprouve beaucoup de doutes quant à la fiabilité de ce vaccin. Le fait qu’il ait été suspendu accroît mes craintes”.

Pour ce qui est de la deuxième dose, ce n’est pas dans ses projets. “Je ne prévois pas du tout de me refaire vacciner. Après ce qu’il s’est passé, je ne veux plus”. Ses enfants, quant à eux, n’auront pas leurs mots à dire. 

Inquiétudes pour nos proches

“Je n’ai jamais vu mes parents dans une telle souffrance”, partage Paul* dans l’un de ses tweets ci-dessous. 

Le jeune homme de 21 ans a assisté de près aux derniers rebondissements concernant l’AstraZeneca, aux côtés de ses parents, vaccinés tous deux. Son père, directeur commercial de 54 ans et sa mère, policière de 53 ans, ont reçu leurs premières doses du vaccin quelques jours avant l’annonce du président. 

“Après sa vaccination, ma mère avait tellement mal qu’elle avait l’impression, pour reprendre ses mots, de s’être fait tabasser”. En apprenant le retrait temporaire du sérum, Paul a, comme beaucoup de personnes, été inquiet pour ses proches. “La suspension du vaccin n’indique rien de bon”.

Comme Ossama, Paul pense que ces diverses prises de décisions résultent d’une gestion politique discutable. “La gestion de la crise n’est pas parfaite, puisqu’elle est inédite”, avant de conclure que, pour autant, “nous sommes convaincus que le gouvernement fait de son mieux”. 

En attendant la prochaine prise du vaccin de ses parents, Paul n’a “pas peur pour leur état de santé”, cependant, il “reste sur ses gardes”.

*Le prénom a été modifié.

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