Vaccin: Macron se vante d'"écouter les scientifiques" mais il ne l'a pas toujours fait sur le Covid

POLITIQUE - À peine arrivé sur le sol polynésien où il a effectué une visite de quatre jours aux allures de campagne électorale, Emmanuel Macron est immédiatement parti à la rencontre du personnel médical de l’hôpital de Taaone pour y saluer...

Vaccin: Macron se vante d'"écouter les scientifiques" mais il ne l'a pas toujours fait sur le Covid

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POLITIQUE - À peine arrivé sur le sol polynésien où il a effectué une visite de quatre jours aux allures de campagne électorale, Emmanuel Macron est immédiatement parti à la rencontre du personnel médical de l’hôpital de Taaone pour y saluer la mobilisation des équipes médicales depuis le début la pandémie de Covid-19, qui a principalement affecté l’archipel entre août 2020 et janvier 2021.

Après avoir souligné les risques de propagation du variant Delta détecté depuis quelques semaines en Polynésie, le chef de l’État a exhorté “chacune et chacun à se faire vacciner”. En réponse aux manifestants qui, à Tahiti comme dans l’Hexagone, s’opposent à l’instauration du pass sanitaire, Emmanuel Macron a dénoncé “l’irresponsabilité” et “l’égoïsme” des réfractaires à la vaccination. Avant de quitter l’archipel ce mercredi 28 juillet, le président de la République a conclu son déplacement comme il l’avait commencé en appelant ses concitoyens à se faire piquer. Il faut dire que le taux de vaccination des Polynésiens reste deux fois inférieur à celui constaté sur le territoire métropolitain: si 60% de la population française a reçu au moins une injection de vaccin anti Covid-19, à peine 30% de la population polynésienne a franchi le pas. 

Au centre du message présidentiel adressé autant aux Polynésiens qu’à l’ensemble des Français: la confiance dans les données produites par les scientifiques. “Nous sommes la nation de Pasteur, le pays des Lumières. Lorsqu’il y a des faits avérés, il faut quand même regarder la science”, a-t-il plaidé. “Quand on cause d’une épidémie, le mieux c’est d’écouter les scientifiques. Ils nous disent: ‘Ce vaccin est efficace, utilisez-le!‘. J’écoute celles et ceux qui savent: les sociétés savantes, les meilleurs experts. Ce que je vous dis repose sur la science. Pour toutes celles et ceux qui croient à la science: il faut se faire vacciner”, a expliqué Emmanuel Macron. 

Le “pari” du non-reconfinement au printemps

″Écouter les scientifiques” en période d’épidémie, comme le demande aujourd’hui Emmanuel Macron, le chef de l’État l’a fait récemment sur la vaccination obligatoire des soignants. Mais pas vraiment fin janvier... Alors que des modélisations laissaient craindre une flambée des contaminations entre février et mars, et donc une possible saturation des hôpitaux, que le président du Conseil scientifique Jean-François Delfraissy, notamment, estimait qu’ il y avait urgence à décider d’un nouveau confinement pour faire face à l’émergence de variants du coronavirus qui “changent complètement la donne” sanitaire en France, Emmanuel Macron a pourtant fait le “pari” inverse. 

Pour contenir la vague annoncée par de nombreux médecins et scientifiques, la décision politique prise par le président de la République le 29 janvier de ne pas mettre à nouveau le pays sous cloche misait alors sur le maintien du couvre-feu et sur l’accélération de la campagne vaccinale ciblant en priorité les catégories les plus vulnérables. Et face à une situation sanitaire qui a continué de se dégrader, fin mars, l’entourage d’Emmanuel Macron s’est mis à faire l’éloge d’un président “devenu épidémiologiste” grâce à sa connaissance approfondie des études menées à travers le monde qui lui permettrait désormais de s’affranchir des conseils émis par les scientifiques. 

Mais ce storytelling du “président épidémiologiste” sera finalement rattrapé par la tragique réalité. Début avril, 19 départements français ont dû être reconfinés afin d’enrayer l’envolée des contaminations et des hospitalisations annoncée pourtant dès fin janvier par les experts. En retardant la mise en œuvre de mesures préconisées deux mois plus tôt par les scientifiques, l’exécutif a considérablement “alourdi le bilan de la pandémie en France” selon une évaluation calculée par Le Monde. Le quotidien, épaulé par des chercheurs de l’École des hautes études en santé publique et de l’Université de Montpellier, a estimé le coût humain d’un troisième confinement tardif à environ “14.000 décès, 112.000 hospitalisations, dont 28 000 en réanimation, et 160.000 cas de Covid-19 long supplémentaires”. 

En 2020, Emmanuel Macron assurait aux Français avoir décidé de confiner le pays en faisant le “choix humaniste de placer la santé au-dessus de l’économie” et se disait guidé par le principe immuable “d’écouter celles et ceux qui savent”. En 2021, face à la crainte d’une quatrième vague et après avoir fait le “pari” perdant de passer outre les recommandations des scientifiques pour privilégier aussi bien l’économie que la santé mentale de la population, le chef de l’État s’appuie opportunément sur les travaux de “celles et ceux qui savent” pour démontrer les bénéfices incontestables de la vaccination.

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