Vaccins contre le Covid: Après Biden, Macron prêt à bouger sur les brevets
POLITIQUE - Joe Biden pousse les Européens à sortir du bois. Depuis que l’administration américaine se dit favorable à la levée temporaire des brevets sur les vaccins contre le Covid-19, les marques de soutiens affluent de la part des dirigeants...
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POLITIQUE - Joe Biden pousse les Européens à sortir du bois. Depuis que l’administration américaine se dit favorable à la levée temporaire des brevets sur les vaccins contre le Covid-19, les marques de soutiens affluent de la part des dirigeants du vieux continent, qui n’ont pas toujours été aussi prompts à s’activer sur le sujet, optant plutôt pour une stratégie basée sur les dons.
Après Ursula Von der Leyen, la présidente de la Commission européenne, la chancelière allemande Angela Merkel, c’est Emmanuel Macron qui se dit, ce jeudi 6 mai “tout à fait favorable à ce que la propriété intellectuelle soit levée.” Une demande initialement formulée par l’Inde ou l’Afrique du Sud et progressivement soutenue par de nombreuses personnalités politiques ou scientifiques aux quatre coins du monde, sans succès jusqu’à présent.
Le président de la République, qui parlait, en février dernier dans un entretien au Financial Times, de cette fameuse “levée des brevets” comme d’une solution de dernier recours si les laboratoires ne jouent pas le jeu, se dit aujourd’hui prêt à discuter de l’option mise sur la table par les États-Unis. Mais sans renier toutefois sa stratégie, mainte fois mise en avant par l’exécutif, pour justifier l’opposition -ou l’atermoiement- de la France sur le dossier.
Emmanuel Macron favorable, mais...
Car pour Emmanuel Macron, qui avait rapidement indiqué, au printemps 2020, vouloir faire du vaccin “un bien public mondial”, la levée des brevets n’était pas la priorité. Et elle ne l’est toujours pas, malgré son pas en avant. “Ce que j’ai dit simplement, ce qui est une réalité, c’est qu’aujourd’hui, vous avez un goulot d’étranglement, ce qui rend difficile l’accès au vaccin”, a-t-il expliqué ce jeudi, en inaugurant le 1er grand vaccinodrome à Paris.
Pour lui, la question est plutôt celle des “transferts de compétences” depuis l’arrivée des sérums de Pfizer, Moderna ou AstraZeneca. En clair: la mise à niveau des usines et outils de production dans les pays pauvres, sans quoi toute levée des brevets serait inefficace à ses yeux.
“Vous pouvez transférer la propriété intellectuelle à des fabricants pharmaceutiques en Afrique, ils n’ont pas de plateforme pour produire de l’ARN messager”, a notamment fait valoir le chef de l’État, ajoutant: “notre sujet, c’est de transférer la technologie et le savoir-faire pour qu’il y ait des plateformes qui produisent des vaccins à ARN messager en Afrique, c’est ça la clé.”
En toile de fond de ces débats: la question de la solidarité avec les pays pauvres. Et Emmanuel Macron, comme les dirigeants de l’Union européenne, estime ne pas avoir de leçon à recevoir sur le sujet, malgré les critiques de responsables politiques nationaux qui l’accusent de suivre Joe Biden dans son changement de pied.
“Notre solidarité est plus concrète que celle des États-Unis”
“S’il y a eu un nationalisme vaccinal, il ne faut pas regarder du côté de l’Europe: nous avons dès le 1er jour aider nos alliés, nos partenaires, décidé d’exporter vers les pays les plus fragiles”, a encore plaidé le chef de l’État qui avait été à l’initiative, avec plusieurs de ses homologues au printemps dernier, du dispositif onusien Act-A pour la solidarité avec les économies les plus fragiles.
“L’Europe est le continent le plus généreux avec le reste du monde. Nous, sur les doses que nous avons produites, ce sont 65 millions environ qu’on a consommé pour nous et 45 millions qu’on a exporté. Aujourd’hui, sur les autres doses produites par exemple chez les Britanniques ou les Américains, il y a zéro dose exportée”, a encore souligné Emmanuel Macron, comme pour couper court aux critiques sur la scène nationale et pointer une sorte de contradiction entre les mots et les actes de l’administration Biden.
À l’Élysée en tout cas, on se montre encore plus cash -et dubitatif- à l’égard de l’initiative du président outre-atlantique. “Ce n’est pas contradictoire avec la levée des brevets, mais notre approche a été celle des actes et de l’urgence”, siffle-t-on en réduisant la position américaine à des “engagements oraux” qui ne correspondent pas forcément aux enjeux de “court-terme.” “Notre solidarité est aujourd’hui plus concrète que celle des États-Unis”, tranche le palais présidentiel, alors que l’administration Biden est par ailleurs accusée depuis plusieurs jours de bloquer l’exportation de matières 1ères nécessaires à la production de vaccin.
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