Vaccins contre le Covid: deux mois après le début de la campagne, où en est la France?

SCIENCE - Il y a deux mois jour pour jour, le 27 décembre 2020, Mauricette était la première Française à recevoir une dose de vaccin contre le Covid-19. Quelques jours plus tard, la polémique éclatait: la France était à la traîne dans sa campagne...

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SCIENCE - Il y a deux mois jour pour jour, le 27 décembre 2020, Mauricette était la première Française à recevoir une dose de vaccin contre le Covid-19. Quelques jours plus tard, la polémique éclatait: la France était à la traîne dans sa campagne de vaccination comparée aux sprinteurs que sont la Grande-Bretagne ou Israël. Pire, elle l’était aussi face à ses voisins européens.

Le gouvernement réagissait alors en accélérant quelque peu, mais surtout en rappelant que ce démarrage tout en lenteur était prévu, anticipé, logique. Et qu’une montée en puissance allait avoir lieu.

Deux mois après, où en est-on? Il suffit de regarder les données actuelles pour se rendre compte qu’effectivement, la France n’a plus grand-chose à envier à ses voisins immédiats et que, s’il faut parler de lenteur, elle se situe surtout au niveau européen.

Dans le graphique ci-dessous (données datant du jeudi 25 février), on voit effectivement qu’après un début lent, voire quasiment inexistant, le nombre de personnes vaccinées par jour a augmenté exponentiellement jusqu’au 23 janvier. À ce moment, une baisse a eu lieu. La première explication, c’est qu’il fallait prioriser la seconde dose, la France ayant fait le choix de ne pas trop espacer les injections.

Il n’empêche que même en prenant en compte cette deuxième dose, il y a eu stagnation. Celle-ci est avant tout due aux retards fin janvier et début février du vaccin Pfizer/Biontech. Depuis, les choses sont rentrées dans l’ordre, mais la vaccination plafonne encore. Elle devrait s’accélérer dans les jours à venir avec la mise à disposition du vaccin d’AstraZeneca aux 50-65 ans. Même si cela sera moins rapide que prévu, en raison des retards de ce dernier.

Il est à noter que tous les territoires ne sont pas logés à la même enseigne, comme on peut le voir sur la carte ci-dessous. Pour certains, c’est un choix assumé du gouvernement: des régions avec une forte circulation ont été prioritaires pour la livraison du vaccin de Moderna. Les départements avec le plus de population fragile (majoritairement âgées) sont également mieux lotis. Des problèmes sur les circuits locaux d’approvisionnement, qui devraient être corrigés au fur et à mesure, peuvent également expliquer certaines différences, rappelle Europe1.

Rattrapage et lenteur européenne

En clair, si rien n’est parfait, les choses sont censées aller mieux. Mais qu’en est-il des autres pays européens à qui l’on se comparait début janvier ? En termes d’injections par jour, on se rend compte dans le graphique ci-dessous, réalisé par les équipes de Our world in data, que par rapport à nos voisins, la France s’en sort plutôt bien. 

Évidemment, le retard pris au début de la campagne de vaccination est toujours présent. Mais, comme on peut le voir ci-dessous avec l’évolution du nombre de doses cumulées, la France a plutôt remonté la pente et rattrape petit à petit la moyenne européenne.

Mais si l’on sort d’une comparaison avec nos partenaires de l’UE, on voit bien que les pays européens en général sont à la traîne par rapport à d’autres, tels le Royaume-Uni ou les États-Unis. Sans même parler d’Israël, champion incontesté dans le domaine. 

Si l’on regarde la proportion de la population qui a reçu au moins une dose de vaccin, le schéma est similaire. À noter que la bonne performance du Danemark peut s’expliquer par le choix fait de décaler la seconde dose du vaccin Pfizer/Biontech. Rappelons également que la Serbie, qui ne fait pas partie de l’UE, dispose du vaccin Pfizer/Biontech, mais également de Sinopharm et Sputnik V, les vaccins chinois et russes. 

L’Union Européenne espère que les choses vont s’améliorer. Les retards de Pfizer/Biontech devraient se résorber en mars et l’Europe espère que les choses vont s’améliorer également avec AstraZeneca, après des tensions entre l’UE et le laboratoire britannique.

Surtout, Bruxelles a récemment commandé 500 millions de nouvelles doses à Pfizer/Biontech et Moderna afin de s’assurer une montée en puissance des livraisons. En France, après une baisse par rapport aux prévisions pour février, mars et avril, le nombre de doses reçues devrait finalement dépasser les premières prévisions de juin.

Comparaison des calendriers prévisionnels de livraison des doses de vaccin en France (14 janvier et 23 février)

Un jeu du plus offrant qui posera à terme des questions: l’UE comme les Etats-Unis, la Grande-Bretagne ou le Canada, ont commandé bien plus de doses que nécessaire. Si les pays européens se font effectivement livrer toutes leurs doses (et que tous les vaccins sont approuvés), ils auront de quoi vacciner environ 6 fois leur population. Même s’il faut deux doses pour être immunisé, cela fait beaucoup.

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