Valérie Bacot, bientôt jugée pour avoir tué son mari violent, soutenue par une pétition

JUSTICE - “Pas de prison pour Valérie Bacot”. Cette mère de 4 enfants, âgée aujourd’hui de 40 ans, a vécu un enfer pendant presque toute sa vie. Battue, violée, tyrannisée par son mari qui la prostituait, elle a fini par le tuer le 13 mars...

Valérie Bacot, bientôt jugée pour avoir tué son mari violent, soutenue par une pétition

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JUSTICE - “Pas de prison pour Valérie Bacot”. Cette mère de 4 enfants, âgée aujourd’hui de 40 ans, a vécu un enfer pendant presque toute sa vie. Battue, violée, tyrannisée par son mari qui la prostituait, elle a fini par le tuer le 13 mars 2016. Elle attend aujourd’hui son procès qui aura lieu au mois de juin prochain.

Six semaines avant son audition, elle a témoigné pour la 1ère fois devant Audrey Crespo-Mara dans le “Sept à Huit” diffusé dimanche pour expliquer son calvaire et ce pour quoi elle encourt la prison à perpétuité.

Une pétition, lancée en janvier par le comité de soutien à Valérie Bacot, demande la grâce de cette femme que “personne n’a jamais protégée”. À ce jour, ce lundi 10 mai, plus de 192.000 personnes avaient signé cette pétition et des milliers de personnes ont exprimé leur soutien sur les réseaux sociaux. 

Le procès de Valérie Bacot aura lieu du 21 au 25 juin 2021 devant la cour d’assises de Chalon-sur-Saône en Saône-et-Loire. Face aux assises, elle devra expliquer ce qui l’a conduite à appuyer sur la gâchette le 13 mars 2016. Un témoignage qu’elle livre également à Audrey Crespo-Mara.

Face à la journaliste, la quadragénaire doit remonter loin dans son enfance pour se rappeler le début de son calvaire qui a duré 24 ans. En effet, c’est à 11 ou 12 ans qu’elle fait la connaissance de son bourreau, le nouveau compagnon de sa mère, Daniel Polette. 

Ce dernier commence à la violer alors qu’elle n’a que douze ans. “Tous les soirs après l’école, il venait, il me disait: ‘Tu montes.’ Je savais ce que ça voulait dire”, se remémore-t-elle douloureusement. Sa mère, consciente des faits, ne dit rien. Même lorsque Daniel Polette est dénoncé à la gendarmerie par l’une de ses propres sœurs. Il est condamné à quatre ans de prison pour viol sur mineure de moins de 15 ans et sort au bout de deux ans et demi. Il réintègre ensuite le domicile familial comme si de rien n’était. “Il est revenu comme s’il était parti la veille”, se souvient Valérie Bacot.

Les enfants pas pris au sérieux par la gendarmerie

À son retour, rien ne change, c’est même encore pire. À 17 ans, elle finit par tomber enceinte de lui. Son bourreau prend alors un appartement pour s’installer avec elle, sa propre mère l’aidant même à faire ses cartons. Trois autres enfants naîtront. Valérie Bacot, ses quatre enfants et Daniel Polette vont ainsi vivre vingt ans en vase clos. Elle, enfermée chez elle, ne pouvant sortir sans l’accord de son mari et exécutant tous ses ordres sous peine de représailles, et lui, chauffeur de camion rentrant midi et soir.  

Loin de se calmer, les violences s’intensifient au fil des années: coups, menaces de mort avec arme, viols. Il entreprend même de prostituer sa femme, pendant quatorze ans. Pour elle, impossible de s’échapper, tétanisée par la peur et l’angoisse de voir ces violences se retourner vers ses enfants. “J’essaye de protéger mes enfants, c’est ma priorité. Faire en sorte qu’ils voient le moins de choses possible, qu’il ne les frappe pas”, explique-t-elle. Puisque la mère de famille ne peut pas sortir pour porter plainte, ses enfants le font, à deux reprises. Le gendarme qui les reçoit les “envoie paître”.

“J’avais l’espoir que les gendarmes disent qu’ils allaient nous mettre en sécurité ou le mettre en prison. Mais pour moi, c’était trop risqué qu’il l’interroge et qu’il le laisse rentrer le temps de faire l’enquête. Ma priorité, c’était de sauver mes enfants.”

Préserver ses enfants et sa fille de 14 ans

Et puis un jour, tout bascule. Sa fille a 14 ans et Valérie Bacot a peur de ce qu’il pourrait lui faire. “Un jour, il lui a demandé, comment elle était sexuellement”, se rappelle-t-elle avec horreur. Un soir, alors qu’elle doit se prostituer sous l’œil attentif de son mari, elle fait face à un client violent et refuse de se laisser faire. Après avoir été violée, son mari, qui communique pendant ces passes via une oreillette, lui promet qu’elle va “le payer”. 

“Comme d’habitude quand on avait ce type de clients, mon mari gardait son arme dans la voiture. J’ai pris l’arme. Je me rappelle juste d’avoir fermé les yeux et d’avoir vu une lumière et entendu un gros bruit”, témoigne-t-elle en pleurs. Elle ouvre la porte, Daniel Polette tombe. Elle s’enfuit alors en courant de peur qu’il ne la rattrape: “Ma seule obsession, c’était de me sauver pour pas qu’il me tue”. 

Arrivée chez elle, Valérie Bacot avoue tout à ses enfants qui promettent de l’aider. Ils enterrent ainsi le corps dans un bois. Ce n’est que le 2 octobre 2017 que Daniel Polette est retrouvé et Valérie Bacot et ses enfants interpellés. 

Après un an de détention provisoire, cette dernière est libérée sous contrôle judiciaire et attend son procès. Elle défendue par Janine Bonaggiunta et Nathalie Tomasini, les avocates de Jacqueline Sauvage. Si elle estime mériter la prison à perpétuité pour avoir ôté la vie d’un homme, ce n’est pas du tout l’avis du comité de soutien à Valérie Bacot qui a lancé la pétition. Ainsi, peut-on lire sur Change.org: 

“Même si elle a commis un meurtre en tuant son tortionnaire, et compte tenu des vingt-cinq années de souffrance qu’elle a subies et endurées dans l’indifférence générale, c’est sa liberté que nous demandons”.

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