Vanishing Twin et La Bibliothèque de la Bergerie : 2 albums à écouter en boucle ce week-end

Vanishing Twins – Afternoon X Souvenir d’une rencontre avec Vanishing Twin au bar, en 2016. Le dénommé Man From Uranus, tripatouilleur de machines produisant des effets sonores mystico-psychédéliques, observait, fasciné, une sculpture au fond...

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Vanishing Twins – Afternoon X

Souvenir d’une rencontre avec Vanishing Twin au bar, en 2016. Le dénommé Man From Uranus, tripatouilleur de machines produisant des effets sonores mystico-psychédéliques, observait, fasciné, une sculpture au fond de la pièce faite de tuyaux de toutes les couleurs et de tubes de cuivre rappelant des instruments de musique. Il y voyait le jazz sous toutes ses formes et dans tout ce qu’il a de plus cosmique, j’y voyais une allégorie de Vanishing Twin.

À notre connaissance, MFU ne fait plus partie du groupe, formation à géométrie variable, réduite aujourd’hui à ses fondateur·rices originel·les : Cathy Lucas, la batteuse Valentina Magaletti et le bassiste Susumu Mukai (aka Zongamin). Si l’approche expérimentale a toujours été le moteur du groupe, les 1ers albums de Vanishing Twin la jouaient plus pop futuriste façon Broadcast et Stereolab qu’avant-garde bruitiste et free-jazz.

À l’heure du quatrième album, où en sommes-nous ? Afternoon X ne renie rien de ces accointances mélodiques, mais s’aventure sur des terrains plus rythmiques et percussifs, dans une sorte de virée post-exotica sur une planète inconnue. Un peu comme si Les Baxter avait embarqué l’éthnomusicologue Alan Lomax outre-espace, pour un voyage sans retour, mais dont les artefacts musicaux récoltés au cours de leur pérégrination nous seraient parvenus par l’entremise de ce disque fascinant. Vanishing Twin est toujours cette sculpture étrange.

> Afternoon X (Fire Records/Kuroneko)

La Bibliothèque de la Bergerie – La Bibliothèque de la Bergerie

Ce n’est pas le loup qui est rentré dans la bergerie, mais une bande de musicien·nes solidement ancré·es dans leurs fantasmes. Comme Crosby, Still, Nash and Young avant elle et eux, ces sorcier·ères que rien n’oppose se sont réuni·es sous la houlette d’Emmanuel Mario, aka Astrobal, et Nina Savary, dans ce petit havre de paix du Sud de la France dont on a de cesse de nous dire qu’il est magique.
Ainsi, les deux comparses ont convoqué Julien Gasc et Vincent Guyot pour une sorte de trip musical à quatre, ponctué de quelques chœurs enchanteurs, à la force d’évocation sidérante pour quiconque s’intéresse de près ou de loin à la musique de librairie et à la puissance des thèmes instrumentaux. De Roubaix, les bandes originales des films français et italiens des années 1970 sont ici l’une des inspirations manifestes. Mais ne réduisons pas ce disque, source inépuisable d’émerveillement, à des considérations filiales.
La Bibliothèque de la bergerie est un disque du temps présent, amoureux, témoignage des liens qui unissent une certaine scène française qui ne souhaite pas soustraire au monde la capacité des gens à rêver. Oh, oui, c’est un peu niais comme formule. Mais regardez, rien qu’avec les titres des morceaux (Tous à Zanzibar 1 & 2 ; Le Voyageur de l’inconnu ; Le Manuscrit Hopkins ; Le Fleuve de la nuit), vous êtes déjà ailleurs. Et sans même bouger vos fesses du canapé. Le bonheur n’est pas un concept interlope, il se situe dans une bergerie du sud du pays.

La Bibliothèque de la Bergerie (Rémy Poncet/Freaksville)