Variant C.1.2: pourquoi il ne faut pas s'inquiéter pour le moment

SCIENCE - Le 27 août, quand le professeur Tulio de Oliveira dévoilait le brouillon d’une nouvelle étude sur un variant intrigant du coronavirus, dénommé C.1.2, il souhaitait simplement partager les découvertes de son équipe avec la communauté...

Variant C.1.2: pourquoi il ne faut pas s'inquiéter pour le moment

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SCIENCE - Le 27 août, quand le professeur Tulio de Oliveira dévoilait le brouillon d’une nouvelle étude sur un variant intrigant du coronavirus, dénommé C.1.2, il souhaitait simplement partager les découvertes de son équipe avec la communauté scientifique. Quelques jours plus tard, il était obligé de préciser que “notre objectif n’était pas de créer de la panique mais de permettre à la science d’éclairer la réponse” à apporter à l’épidémie de Covid-19.

Car depuis quelques jours, ce variant C.1.2, apparu à l’origine en Afrique du Sud, fait les gros titres. Surtout depuis qu’Eric Feigl-Ding, un épidémiologiste américain non spécialiste des maladies infectieuses, a publié le 30 août un long message sur Twitter affirmant que ce nouveau variant mutait “deux fois plus vite” que les autres et qu’il pourrait être plus infectieux et échapper aux vaccins.

Mais la réalité est bien plus nuancée. Et s’il y a de bonnes raisons pour que les épidémiologistes et virologues surveillent de près le variant C.1.2, il n’y a pour le moment aucune raison de s’inquiéter de son impact sur l’épidémie à l’heure du variant Delta. Voici pourquoi.

Beaucoup de mutations, mais rien d’anormal

Il faut d’abord revenir sur l’affirmation la plus partagée: le rythme des mutations du variant C.1.2 serait deux fois plus élevé que la normale. Quand on sait que c’est l’accumulation, par hasard, de mutations complémentaires et rares qui peut permettre à un variant d’être plus contaminant ou plus virulent, il y a de quoi avoir peur.

Mais il ne faut pas croire que nous sommes face à un nouveau virus qui va devenir hors de contrôle. Dans l’étude publiée par l’équipe de Tulio de Oliveira, il est effectivement précisé que le rythme de mutation est “1,7 fois plus rapide qui le rythme global”. Mais l’explication la plus logique est loin, très loin d’être apocalyptique. Car si le rythme de mutation a été très rapide, ce fut sur un laps de temps très court. C’est exactement ce qu’il s’est passé pour les variants Alpha, Beta et Gamma. “Cela suggère qu’un seul événement, suivi d’une augmentation du nombre de cas, a conduit à une évolution plus rapide”, précisent les auteurs.

En effet, beaucoup de chercheurs pensent que parfois, quand une personne immunodéprimée contracte le Covid-19, le coronavirus a alors la possibilité de rester bien plus longtemps dans le corps. Ce qui lui laisse plus de temps pour que des mutations plus efficaces se développent, par hasard. Puis que ces nouveaux coronavirus infectent d’autres personnes. C’est une des hypothèses pour expliquer l’émergence étonnante du variant Alpha, rappelle le virologue Jeremy Kamil sur Twitter, critiquant fortement au passage Eric Feigl-Ding.

L’auteur de l’étude sur C.1.2, Tulio de Oliveira, a lui aussi demandé au professeur Feigl-Ding de s’en “tenir aux faits”, et a rappelé que “c’est un fait non scientifique de dire que C.1.2 évolue deux fois plus rapidement”. “Regardez cette comparaison avec les autres variants, et prenez note que les variants les plus récents ont normalement plus de mutations (ils sont récents!) et que les mutations sur la protéine Spike ne sont pas obligatoirement les pires, comme on peut le voir avec Delta”.

Un variant qui ne s’impose toujours pas

Autre point important: le variant C.1.2 n’est pas en train de s’imposer sur les autres versions du coronavirus. Maria Van Kerkhove, épidémiologiste à la tête de l’équipe Covid-19 de l’OMS, a précisé lundi 30 août sur Twitter que 100 génomes de C.1.2 ont été séquencés depuis le 21 mai et “qu’aujourd’hui, la circulation de C.1.2 ne semble pas augmenter”, même s’il est nécessaire de le surveiller de près.

En effet, comme le précise Tulio de Oliveira, la part du variant C.1.2 en Afrique du Sud est toujours restée sous les 2 à 3%. Elle est même plutôt en baisse ces dernières semaines.

La proportion des différents variants du coronavirus dans le total des génomes séquencés en Afrique du Sud. Le variant C.1.2 est en rouge. Delta, en gris clair, est largement dominant.

 

C’est pour toutes ces raisons que C.1.2 ne fait pas partie des variants préoccupants, ou même d’intérêt, pour l’OMS. En clair, cette nouvelle version du coronavirus, au vu des informations disponibles, n’est pas assez inquiétante pour faire partie de la liste.

Des mutations inquiétantes

Mais alors, pourquoi avoir publié cette étude? Parce que même s’il n’y a pas de raison de s’alarmer pour l’instant, le variant C.1.2 mérite d’être suivi par les chercheurs. Notamment parce qu’il a réussi à obtenir en peu de temps de nombreuses mutations, dont certaines partagées avec d’autres variants, tels Alpha, Beta et Gamma, explique Tulio de Oliveira.

Avec de nombreuses mutations dans la protéine Spike, la clé qui permet au coronavirus de pénétrer dans nos cellules, il y a des raisons de se dire que théoriquement, le variant C.1.2 pourrait avoir un avantage évolutif sur un coronavirus plus classique.

Pour autant, la combinaison de mutations qui va permettre à un variant de s’imposer est très difficile à prévoir. Un variant avec une mutation clé peut ne pas avoir d’avantage sur ses compétiteurs alors qu’un autre si, grâce à un assemblage de mutations bien spécifique. Delta, par exemple, a surpris une partie de la communauté scientifique, car son ensemble de mutations était différent des variants surveillés à l’époque (Alpha, Beta et Gamma).

Savoir si C.1.2 est plus contagieux, plus résistant aux vaccins ou plus virulent que d’autres versions du coronavirus est essentiel pour mieux endiguer la pandémie. Mais aujourd’hui, avec la domination sans conteste du variant Delta, pour qu’un variant pose problème, il faut qu’il fasse mieux que Delta. Soit en étant plus contagieux, soit en résistant encore plus aux vaccins. Pour l’instant, rien n’indique que le variant C.1.2 soit capable d’une telle prouesse.

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